Le fruit de l'amour [neutre, privé Edwin]

Edwin rentra quelques heures plus tard. Il s'était maîtrisé devant Dan, et s'était contenté de le questionner. L'autre avait répondu, malgré son air sceptique. Il avait également prétendu ne pas avoir touché à la jeune femme. Aussi, l'ancien soldat aurait voulu aller voir la guérisseuse afin qu'elle l'éclaire sur son état, mais elle n'était pas là. Il dut donc se résigner à rentrer.
Il ne trouva pas Alessia tout de suite. Il l'entendait encore dans une des pièces de la maison, mais il ignorait laquelle. Encore fâché et pas convaincu de sa méprise, il se rendit à la cuisine pour se préparer quelque chose à se mettre sous la dent. Il avait faim.

Alessia était allée s'enfermer dans la chambre d'ami. Elle n'avait pas arreté de pleurer. Elle avait terriblement peur de ce qu'Edwin avait put faire. D'ailleurs, elle ne l'avait même pas entendu rentrer. Elle se sentait horriblement mal. La jeune femme n'avait même pas réussi à gagner la confince d'Edwin. Elle avait mal au coeur. En plus, son bébé dans son ventre était bien le futur enfant d'Edwin... si il continuait comme ça, il resterait buté sur le fait que cet enfant n'était pas le sien. Alessia se posa les mains sur le ventre, et finalement, se leva pour aller aux latrines. C'est là qu'elle entendit Edwin, et qu'elle alla le voir. Elle voulait savoir ce qu'il avait fait. Son visage était rongé par les larmes et elle était secoué de sanglots. Même si elle le voulait, aucun mot ne sortit de sa bouche, et elle resta à le regarder, le coeur gros.

Edwin était en train de manger du pain noir, du beurre et du jambon. Il s'arrêta en la voyant, et la fixa sans broncher. La voir malheureuse lui serra le coeur. Mais pourtant, il ne voulait pas s'excuser. Il ne pensait pas s'être trompé. Il sortit son poignard, propre, et le posa sur la table.
"Je n'ai rien fait."
Il n'ajouta rien, et continua son repas.

Alessia se détendit légérement, mais pas assez pour que ça se voit. Elle le laissa et alla aux latrines. Elle fit ce qu'elle avait à faire, mais le stress la fit rendre malgré ses efforts pour se contenir. Elle retourna dans la cuisine avec lui. Sans qu'elle n'y puisse rien, mais ça lui faisait trop mal, elle se remit à pleurer.
"Pourquoi est ce que tu ne me fais pas confiance ? Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?"

Edwin la regarda dans les yeux. Ils étaient rougis à force qu'elle pleure.
"Tu vis avec un homme stérile, qui est ton amant. En partant du principe que tu lui es fidèle, tu ne peux pas tomber enceinte. Or, tu l'es, à en croire la guérisseuse."
Il secoua la tête et détourna le regard.
"L'adultère est un crime puni par la loi..."
La réflexion était surtout pour lui-même, une simple pensée à voix haute.

"Je ne t'ai jamais trompé et je t'aime plus que personne ne t'a jamais aimé ! Je croyais que tu me faisais confiance comme moi je te fais confiance."
Elle serra les dents. La jeune femme tournait en rond, il ne voulait rien savoir.
"J'ai mis longtemps avant de t'avouer que je t'aimais. Tu penses que j'aurais fait tout ça pour tout gacher ensuite ?"

"Je n'en sais rien. Je ne suis pas dans ta tête."
Edwin soupira.
"J'aimerai te croire, mais ça semble trop impossible pour être vrai."
Il serra le poing sur son gobelet de vin.
"Tu as déjà vu les précautions qu'on doit prendre lors de nos étreintes à cause de ma blessure?"

"Et alors ?"
Alessia sentait son coeur s'émietter. Elle se remit à pleurer.
"Tu ne te rends même pas compte du mal que tu me fais... C'est notre bébé mais tu es buté et tu refuses de me croire."
Elle se retourna, prète à partir.
"C'est parce que j'étais ta femme de ménage et que j'ai couché avec toi sans sentiments au début que tu penses que je vais aller faire pareil ?!"
Elle eut un petit rire en sortant.
"Une vraie fille de joie !"
Elle sortit et ferma la porte avant d'aller dans leur lit et de recommencer à pleurer franchement. Cette situation lui pesait.

Un peu plus tard, Edwin monta la rejoindre. Elle ne dormait pas, mais ne pleurait plus. Il referma la porte et s'y adossa.
"Il y a une solution pour dissiper tout malentendu."
Il inspira longuement, puis la regarda.
"Je veux que tu l'enlèves."

"quoi mais... ?"
Alessia venait de parler d'une petite voix.
"Mais c'est notre bébé ! On ne peut pas l'enlever et puis on voulait un enfant, toi comme moi."
Elle laissa planer un long silence et se posa une main sur le ventre.
"Si tu avais confiance en moi, tu ne dirais pas toutes ses choses méchantes !"
Elle lui lança un regard triste.
"Tout ce que tu me dis depuis ce matin, tu ne t'imagines même pas le mal que ça me fait ! Et là, tu voudrais que je l'enlève ?!"

"Ce serait une preuve de fidélité."
Edwin n'avança pas vers elle. Il la voyait trembler malgré l'obscurité et la distance.
"Je saurai que tu es prête à te défaire de l'enfant de ton amant pour moi."
Il se tut. Il ne savait plus vraiment quoi dire pour justifier son exigence.

"Si ça avait été le cas, je n'aurais pas hésité, même si j'aurais souffert par la suite ! Mais je ne peux pas retirer TON enfant de mon ventre !"
Elle se redressa et ramena ses jambes à elle.
"Ce que tu me dis me fait beaucoup de mal Edwin, je voudrais que tu arretes et que tu me crois enfin..."

Edwin eut un petit rire.
"Donc, tu avoues m'avoir trompé avec Dan."
Il eut un rictus plein d'amertume.
"J'avais confiance en toi, sinon je m'en serai rendu compte avant. Quant à ce porc, j'aurai dû le saigner."

"Edwin ! Je n'ai jamais dit que Dan était mon amant !"
Elle le regarda tristement.
"Je suis allée le voir en ami, nous n'avons rien fait, je te le promets !"
Alessia caressa doucement son ventre.
"J'ai juste dit que je ne pouvais pas retirer TON enfant de mon ventre. Dan n'a rien à faire ici !"

"En disant que si ça avait été le cas, tu te dévoiles."
Edwin s'avança vers elle.
"Pourquoi est-ce que tu as fait ça? Je pensais pourtant que nous vivions heureux depuis six mois..."
Il s'assit sur le bord du lit et l'observa sans la toucher.

Alessia secoua négativement la tête. Elle était en train de devenir folle. Elle lui lança un regard implorant.
"Je ne t'ai jamais trompé Edwin, crois moi..."
Elle eut un sanglot suivit de quelques larmes.
"Je n'ai rien fait, je suis la plus heureuse avec toi, je... je voudrais que tu me crois... Je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas confiance en moi..."

Edwin se leva et alla se mettre en tenue de nuit. Puis, il vint se glisser dans les draps.
"J'irai voir la guérisseuse demain. Il faut que je lui demande quelque chose d'important."
Il vit que Alessia se tendait. Elle devait tout naturellement penser aux plantes pour lui faire perdre l'enfant.
"Bonne nuit."

Edwin s'était mis dos à elle. Elle aurait voulu le toucher, puis renonça.
"Bonne nuit."
Alessia mit beaucoup de temps à trouver le sommeil. Elle ne voulait pas qu'on lui enlève l'enfant. C'était le sien et celui d'Edwin. Le matin elle se reveilla très tot. Edwin n'avait pas changé de position. Elle alla poser sa tête entre ses omoplates.
"Ne me fait pas retirer notre bébé s'il te plait..."
Elle avait murmuré, et ne savait même pas si il était reveillé.

Edwin dormait toujours. Il n'entendit pas ce qu'elle disait, mais poussa un soupir d'aise dans son sommeil en la sentant contre lui. Il ne se réveilla que plus tard, pour trouver Alessia en train de pleurer silencieusement contre lui.
"Quoi, déjà?"
Il se retourna et s'étira.
"Tu ne va pas pleurer de bon matin quand même!"

Alessia ne bougea pas mais se sécha un peu les yeux.
"Je ne veux pas que tu ailles chercher les plantes chez la guérisseuse..."
Elle eut un gros sanglot et tira le draps sur son visage pour qu'il ne la voit pas.
"Je veux garder notre bébé..."

Edwin soupira, puis se leva à contrecoeur.
"Je ne vais pas travailler aujourd'hui."
Il ouvrit fenêtre et volets, faisant entrer la lumière dans la pièce.
"Je veux être chez la guérisseuse de bon matin. Je n'ai pas envie de perdre trop de temps."

Alessia se tendit dans le lit.
"Pourquoi est ce que tu ne m'écoutes et ne me réponds pas ?"
La jeune femme resta caché sous les draps.

"Ce n'était pas des questions, mais des lamentations, je crois."
Edwin sortit pour aller manger quelque chose en vitesse, puis il sortit. La guérisseuse était là, et se chargea de lui. Il lui posa alors des questions sur sa stérilité. Il voulait surtout savoir si elle était certaine et irrémédiable. Il écouta sans broncher la réponse qu'elle lui donna.
Quand il sortit de chez elle, quelques temps plus tard, il se sentait mal, et honteux. Il alla acheter de quoi se faire pardonner auprès de sa compagne. En réalité, sa stérilité n'était peut-être que momentanée, et pas définitive. Du temps avait passé, et son corps avait sans doute récupéré. Ce qui voulait dire qu'Alessia était en effet sans doute enceinte de lui. Il était fou de joie de devenir réellement papa, mais pour le moment, ce sentiment restait tapi dans l'ombre. Il rentra chez lui, un gros bouquet de fleurs à la main, penaud et en rage contre lui-même.

Alessia n'avait pas bougé, elle était restée dans le lit à pleurer. Elle aurait voulu qu'Edwin la croit, mais visiblement, il n'avait pas confiance en elle. Il était sans aucun doute allé chercher des plantes pour qu'elle avorte, mais elle ne voulait pas, elle était completement perdue et ne savait plus quoi faire. Quand elle entendit la porte en bas s'ouvrir, elle se sentait définitivement mal, et elle eut du mal à contenir une nausée.

Edwin monta, supposant que sa compagne n'était pas levé. Il avait raison. Il entra, timidement.
"Alessia?"
Il s'approcha du lit et lui tendit le bouquet.
"Tiens, c'est pour toi."
Puis, il s'assit sur le bord du lit, mal à l'aise.
"J'ai été voir la guérisseuse."