Double naissance [neutre, privé Edwin]

"Oui !"
Alessia eut un sourire.
"Il est peut etre encore un peu petit."
"Non !"
Elle ne put retenir un rire.
"Aller, au bain."
Elle enleva Enzo dans ses bras et alla à la salle d'eau.

"Tu sais que je vais lui apprendre à manier les armes quand il sera assez grand."
Edwin s'adossa à la porte de la salle d'eau.
"Il pourra envisager une carrière militaire. Je suis certain qu'il en sera capable."
Enzo fit un grand sourire à son père, tout en laissant sa mère le déshabiller.

"Pourquoi veux-tu qu'il fasse une carrière militaire ? Il peut bien faire ce qu'il voudra quand il sera plus grand."
Une fois Enzo déshabillé, Alessia en fit de même avant de se glisser dans l'eau. Elle prit Enzo contre elle.
"Tu sais que je n'aime pas vraiment les soldats."
Elle eut un sourire désolé.
"Enfin toi tu n'es plus soldat. Mais j'ai peur de le perdre plus tard au combat, ça me ferait mal."
Enzo regardait sa mere et son père sans trop comprendre.

"S'il devient un bon soldat, il ne se fera pas tuer."
Edwin soupira.
"Je sais que tu n'aimes pas ça, mais je l'entraînerai quand même, c'est toujours utile. Et s'il choisit cette voie, je ne l'en empêcherai pas. Il faut des jeunes hommes courageux pour devenir soldats. Sans ça, nous serions envahis depuis longtemps."
Enzo bomba le torse, fièrement.
"Moi quand 'serai grand, j'irai battre les méchants!"
Il sourit à sa mère.
"Comme ça je te protège maman."

Alessia lui posa un baiser sur le front.
"Oui, mais ça ne me plait pas. Je sais que tu l'entraineras bien, mais c'est un garçon inteligent, il pourra faire d'autre chose de sa vie."
Elle mouilla la tete d'Enzo.
"Oui, tu me protegeras contre les machants."

"Et papa aussi!"
Enzo fit la grimace en voyant que sa mère voulait lui débarbouiller le visage, et lui laver les cheveux.
"Pas la tête!"
Edwin rit, les regardant tout deux en attendant qu'ils soient prêts, afin qu'il puisse préparer le repas.

"Si, la tête aussi, il le faut, tu es tout sale."
Alessia le lava bien, puis fit de même. Elle sortit et sécha doucement Enzo.
"Plus de gros ventre !"
"Non, ton petit frère et ta petite soeur sont parmis nous."
La jeune femme lança un regard à Edwin.
"Tu peux aller voir si Tya va bien s'il te plait."

Edwin acquiesça, puis monta voir. La petite gigotait un peu dans son berceau en geignant faiblement. Il la prit dans ses bras avec précautions.
"Là bébé, shhhht..."
Il la berça contre lui, et descendit avec elle dans les bras. Il se demanda si c'était une coïncidence ou l'instinct maternel de son épouse qui l'avait envoyé voir.

Alessia avait commencé à vider l'eau du bain, puis elle avait habillé Enzo. Elle redressa en voyant arriver Edwin.
"Elle a un problème ?"
Elle observa les petites mains de Tya qui bougeaient doucement.

"Je ne sais pas, elle pleurniche."
Edwin s'approcha de son épouse, et lui tendit la petite.
"Elle s'agitait un peu dans son berceau, je ne sais pas ce qu'elle a."
Il la lui donna.

Alessia n'en savait pas beaucoup plus. En desespoir de cause, elle approcha la petite de sein et lui donna. Par miracle, la petite le prit en bouche... mais le recracha rapidement.
"Aller, c'est bien, tu dois manger, tu n'as presque rien avalé depuis que tu es née..."
Elle lança un regard perdu et triste à Edwin.
"Qu'est ce que je peux faire ?"

"Je n'en sais rien."
Edwin soupira.
"Peut-être simplement essayer encore et encore."
Il tendit les mains.
"Tu me la donnes le temps de t'habiller?"

Alessia soupira et lui rendit la petite. Elle s'habilla et emmena Enzo avec elle dans la suite parentale. Elle récupéra Tya et essaya une nouvelle fois de lui donner le sein sans trop de succès, mais la petite semblait garder ne serait ce qu'un peu le mamelon en bouche.
"Si tu manges tu vivras ma toute belle."

Edwin descendit faire le repas, puis il monta voir ce que cela donnait.
"Alors, elle mange?"
La petite était au sein, il avait de l'espoir.
"Elle mange vraiment?"

Alessia secoua négativement la tête. Elle s'appuya un peu sur le sein pour faire couler du lait dans la bouche de sa fille. Elle la vit déglutir un peu, mais la plupart du lait lui coula au coin des lèvres.
"Elle l'a en bouche mais elle ne téte pas, et tu le vois comme moi, elle ne boit presque rien, enfin à peine."

"Ah..."
Edwin fut déçu. Il s'était fait de faux espoirs.
"J'avais cru qu'elle tétait."
Il soupira.
"Le repas est bientôt prêt."
"Regarde papa!"
Le jeune homme se tourna, et crut avoir une attaque. Enzo avait grimpé sur une chaise, et penché sur le berceau de son frère pour le voir. Seulement, le berceau penchait dangereusement comme il le tirait inconsciemment vers lui.
"Enzo, attention!"
Mais trop tard. Le berceau se renversa, avec le bébé dedans.

Alessia ouvrit de grand yeux et se redressa vivement.
"Par les dieux Raven !"
Enzo s'était mis à pleurer lui aussi, appeuré par le bruit et parce qu'il venait de tomber de la chaise. Edwin qui avait les mains libres avait déjà courut jusqu'au berceau.
"Est ce qu'il va bien ?"
Alessia avait les larmes aux yeux.

Edwin avait redressé le berceau. Raven pleurait de toutes ses forces, empêtré dans ses couvertures. Le jeune homme le prit dans ses bras, et vérifia qu'il n'avait rien. Il poussa un soupir soulagé.
"Il n'a rien. Il est juste mort de peur. Il aura un bleu ou deux, tout au plus."
Il ramena le bébé hurlant à sa mère, frissonnant en pensant qu'il aurait pu se tuer en tombant sur la tête. Heureusement, les couvertures avaient amorti le choc. Il se tourna vers Enzo, l'attrapa au collet, et le gifla.
"Tu aurais pu le tuer, espèce d'imbécile!"

Enzo sanglotait, se recroquevillant loin de son père.
"Voulais pas... Pas fait... exprès..."
Les sanglots hachaient ses phrases, mais Edwin le planta là.
"Plus de peur que de mal."
Il alla voir le bébé, et secoua la tête.
"S'il était tombé sur la tête..."

"Ce n'est pas le cas, heureusement."
Raven se calmait doucement dans les bras de sa mère. Il n'avait mal nul part visiblement. Elle en fut soulagé, encore plus quand il se mit à teter. Elle observa Enzo qui pleurait dans un coin de la pièce, puis Edwin qui était énervé contre l'ainé.
"Viens voir Enzo."
Alessia savait que rien que la peur d'avoir renversé le berceau et d'avoir put faire mal au bébé avait choqué Enzo, et la gifle de son père l'avait bien secoué aussi. Le petit s'approcha doucement du lit, le regard bas, loin de son père. Il se hissa sur le lit près de sa mère, le pouce en bouche.
"Ecoute, Raven aurait put mourir à cause de ce que tu as fait..."
"Voulais pas ! Pardon."
Alessia lui posa un doigt sur les lèvres avec un leger sourire rassurant.
"Laisse moi parler. Il ne faut pas que tu les approches, sauf si tu as notre autorisation. Ils sont petits, et fragiles."
*Tya n'y aurait sans doute pas survécu.*
"Tu as bien compris ? Tu ne les approches plus sans nous !"
Enzo acquiesça et se colla contre sa mère.

Edwin remarqua que son fils l'observait à la dérobée, puis se remit à pleurer.
"Papa est fâché!"
Il regarda sa mère, malheureux comme une pierre.
"Y m'aime plus!"

"Mais non mon coeur."
Alessia lui posa un baiser dans les cheveux.
"Papa t'a mis une gifle pour que tu comprènes bien que ça, c'était une très, très grosse bétise."
Enzo jeta un petit regard en coin à son père.
"Il t'aime toujours autant, mais papa a eut très peur, comme moi. Si j'avais été à côté de toi, j'aurais fait comme lui, mais je t'aime quand même, d'accord ?"
Le petit acquiesça doucement.
"Demande à papa si il t'aime encore, tu verras."
Enzo n'osa cependant pas se frotter à nouveau à son père.

"Papa?"
Edwin regarda son fils, qui avait parlé tout timidement.
"Tu m'aimes plus?"
Il soupira, puis lui sourit.
"Mais si, bien sûr que si mon grand. Mais tu as fait quelque chose de grave."
"Pas fait ess'près..."
"Je sais."

Alessia posa un baiser dans les cheveux de son fils. Enzo tendit les bras vers son père dans l'espoir d'être porté pour enterrer la hâche de guerre.
"Allons manger."
Intérieurement, Alessia était heureuse que rien ne soit arrivé à Raven. Elle se redressa et le mit dans le couffin. Elle y mit aussi Tya et elle descendit avec les bébés.