Légère angoisse [Neutre, privé Nathaniël]

Elione sortit difficilement du poulailler. Avec son ventre bien rond de six mois, entrer dans cet espace réduit était compliqué. Mais elle n'avait pas le choix. Comme l'avait dit Nathaniël, il ne pouvait pas rester constamment à la maison. Il était déjà parti depuis plusieurs semaines. Il lui manquait, mais il ne tarderait pas à revenir.
La ménestrelle était en train d'étriller sa jument, dont les flancs commençaient à prendre un peu de volume, quand elle entendit un bruit de galop. Pie dressa les oreilles et regarda en direction du bruit, hors de l'abri où elle se réfugiait parfois quand le temps était mauvais, et qu'elle n'était pas dans la petite écurie. La jeune femme sourit.
"Eh oui ma belle, je crois bien que nos hommes sont de retour à la maison."

Nathaniël fit ralentir sa monture puis descendit à l'amena dans la petite écurie. Il était pressé de voir Elione et leur bébé, même si celui-ci se trouvait toujours dans le ventre de sa mère. avant de rentrer il avait prit la précaution de se soigner de tous les coup qu'il avait eut. Le seule problème était que les coups d'épée avait laissés quelque cicatrices sur son haut qu'il ne pouvait pas réparer comme ça. En voyant Elione il se dit que ça ne l'arrangeait pas tout de suite là, il aurait d'abord préféré se changer pour ne pas éveiller sa curiosité. Remarquant que Kaze se fit plus agité, il flatta l'encolure de sa monture et s'occupa rapidement de lui ôter sa selle avant de le laisser partir en direction d'Elione et Pie. Il fut suivit de près par Nathaniël qui une fois devant sa compagne la prit dans ses bras et l'embrasse avec passion, heureux d'être de nouveau rentré. Sentant le ventre bien rod de la jeune femme il eut un sourire en sa direction et le caressa doucement.
"Mais j'ai l'impression que vous vous portez drôlement bien tous les trois."

"Quatre si tu comptes le poulain."
Elione sourit et lui posa une main sur la sienne.
"Tu as raté quelque chose. Il a bougé quelques jours après ton départ. Nous qui nous inquiétions de ne pas le sentir, je peux te dire qu'il en a profité durant ton absence."
Son regard se posa sur les entailles qu'il avait sur le haut du corps. Des coups d'épée, à ce qu'il semblait. Elle décida de ne pas aborder le sujet pour le moment. Le bébé lui offrit une distraction parfaite en commençant à donner des coups.
"Là, tu le sens?"

Nathaniël laissa sa main immobile et attendit. Puis un sourire vint illuminer son visage lorsqu'il sentit un coup.
"Mais c'est magnifique."
Il s'accroupit devant le ventre de sa compagne et posa son oreille contre essayant d'entendre quelque chose. Puis il déposa un baiser au dessus du nombril d'Elione et se redressa. Il déroba un baiser à la jeune femme. [tu m'étonne... tu le vois rouler une pelle à pie? x)]
"Il t'aime déjà."

"Peut-être. En tout cas, il a deux parents qui l'aiment déjà fort."
Elione l'entraîna à l'intérieur. Elle s'assit sur une chaise et soupira.
"Ca commence à devenir fatiguant... Il prend sérieusement du poids, je le sens bien. Pitié, dis-moi que tu restes."
Elle se servit un verre d'eau qu'elle vida d'un trait.

Nathaniël fit une petite moue de désaprobation.
"Désolé mais je repars dans deux jours."
Il s'assit face à elle et lui prit les mains voyant qu'elle n'était pas heureuse de la nouvelle.
"Mais rassure toi, ma mission se trouve dans le coin. J'en aurait pour cinq jours maximum. Et après, je ne devrais plus être demandé durant un petit moment."

"J'espère bien. Parce que c'est maintenant que commence la période où j'aurais plus besoin de toi que jamais."
Elione regarda à nouveau les blessures de son compagnon. Elle se décida à lui en parler.
"Nathaniël, je sais que tu ne veux pas en parler, mais ça commence à m'angoisser tout ça. Qu'est-ce que tu exerces comme métier pour que cela te prenne autant de temps? Et pour que tu rentres avec de telles blessures? J'ai de plus en plus peur que tu ne rentres pas."
Elle était décidée à ne pas le lâcher. Cette fois, elle voulait savoir.

Nathaniël chercha rapidement quoi lui répondre. Il aurait du lui dire la vérité mais il avait trop peur de la perdre. Quel métiers avait les mêmes contraintes que le sien? Pas grand chose. quoi que..
"Je suis mercenaire. On m'envoie souvent ici et là s'en se soucier de ma vie privée. Je suis pas mal demandé car je possède des pouvoirs." Un mensonge de plus car personnes à part maintenant Elione ne savait qu'il avait des pouvoirs et si quelqu'un l'avait découvert, il serait sans doute envoyé au Emeraude pour devenir chevalier. Il lui caressa le dos de ses mains avec son pouce.
"Ne t'en fais pas, je suis assez expérimenté pour ne pas me faire tuer. J'étudie plusieurs jours ou semaines les situations aux quelles je suis confronté et ne fonce pas tête baissée."

Elione leva un sourcil.
"Mercenaire? Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt?"
Elle soupira.
"J'ai accepté tout ces secrets, sans rien dire. Même si cela m'angoissait. Je ne t'ai rien demandé jusqu'à maintenant et... Toi, la seule réaction que tu as eue en retour, c'était de douter que l'enfant que je portais était de toi."
Elle ressortait quelque chose de vieux de plusieurs mois, mais cela l'avait blessée et marquée.
"Pourtant, je pensais que mon amour et ma parole te suffisaient... Si tu savais combien j'en ai souffert."
Elle ne put empêcher quelques larmes de couler.
"Tu ne pourrais pas décliner tes missions? Je suis enceinte de six mois, et seule ici à tout faire, je vais finir par accoucher prématurément, surtout avec le sang d'encre que je me fais."

Nathaniël fronça les sourcils en la voyant aborder quelques larmes. Il comprenait qu'elle s'inquiète mais n'était vraiment pas décidé à lui avouer qui il était vraiment et ce qu'il faisait. N'était-il pas heureux comme ça? Le seul problème était ses absences.
"Elione, j'essaie de faire de mon mieux pour rester à la maison, mais je ne peux pas aller à l'encontre de mes supérieurs."
Supérieurs qui était la plus part du temps des "clients" réguliers qui payaient bien, ne voulaient pas se salir les mains et qui avait des moyens de pressions. Enfin, pas tous fort heureusement. Si seulement il savait où se trouvait Auron. Il aurait peut être pu lui demander un peu d'aide pour une fois.

Elione baissa la tête. Elle connaissait la chanson par avance. Elle ferma lentement les yeux et inspira longuement.
"Pourquoi est-ce que je me dis que je serais seule quand je devrais accoucher? Et que la plupart du temps, je serais aussi seule avec le bébé?"
Elle se leva péniblement. Elle voulait encore lui montrer quelque chose.
"J'ai l'impression que tu feras toujours passer ton travail avant ta famille. Quand j'étais seule, j'en souffrais, mais c'était relativement supportable. Là, ça devient vraiment angoissant."
Elle sortit de la pièce et revint avec un objet qu'elle confectionnait. C'était visiblement un couffin en paille et joncs tressés.
"En tout cas, je travaille à ça pendant mes journées. Ce sera plus facile de mettre le bébé dans le couffin pour changer de pièce que de déplacer le berceau. Berceau qu'on doit toujours se procurer."
Elle se rassit et posa son oeuvre en court de confection sur la table. Elle utilisait aussi son temps à composer de nouveaux airs et de nouvelles balades. Une angoisse commençait également à la prendre. Elle voulait avoir un petit garçon, mais si elle mettait au monde une fille? Elle l'aimerait tout autant, mais la peur liée à son traumatisme se réveillerait immédiatement. Par peur que ce qu'elle avait enduré se répète.

Nathaniël fixa le couffin que confectionnait sa compagne. Elle était douée. Un peu honteux il baissa son regard sur ses mains qu'il avait joint et murmura:
"C'est du beau travail."
Il se sentait mal à l'aise de lui faire ses cachoteries, mais comment réagirait-elle si elle savait? Il ne voulait pas qu'elle le repousse. Il faisait son travail à contre coeur, mais il ne savait rien faire d'autre et quelqu'un devait bien veiller à ce qu'il ai un confort de vie, surtout avec le bébé.
"J'irais demain au village pour le berceau."

"Tu serais un amour."
Elione alla ranger le couffin non achevé, puis revint à la cuisine. Elle ouvrit le garde manger et alla attiser le feu.
"Je pense que tu as faim. Je vais faire quelque chose de rapide, et ensuite j'irai me reposer un peu."
Elle posa sa main sur son ventre en se redressant avec des oeufs dans l'autre.
"Non seulement il prend plus de place et il s'alourdit, mais il donne toujours des coups. Impossible de douter qu'il soit de toi, il a la bougeotte, exactement comme son papa."
Elle se retourna vers lui avec un demi-sourire.
"Tu veux bien aller chercher de l'eau?"

"Tout de suite."
Toujours assez mal à l'aise, Nathaniël se leva de table sans lui adresser le moindre regard et quitta la cuisine pour aller au puit. Il avait d'horrible remord. Cela ne l'enchantait vraiment pas de devoir repartir d'ici peu. Il aurait préféré rester avec Elione et être sûr d'être là pour la naissance du bébé.
Une fois le seau remonté, rempli d'eau, Nathaniël rempli un deuxième pour les chevaux. Kaze devait vraiment avoir soif. Celui-ci avait galopé sans arrêt sur une distance incalculable. Un véritable exploit. Peut être que la monture de Nathaniël avait remarqué que son cavalier n'allait pas bien car lorsque le jeune homme lui apporta de l'eau, il lui enfouit ses naseaux dans le cou. Le souffle chaud de l'étalon tira un petit sourire à Nathaniël. Il lui flatta l'encolure et passa ses doigts dans ses crins noirs.
"Que dois-je faire Kaze? Lui avouer?"
Celui-ci releva la tête et hénis vivement.
"Tu as raison. Cela ne ferait qu'envenimer les choses."
Dépité, Nathaniël retourna à la cuisine apporter l'eau à sa compagne.

Elione remarqua que son compagnon faisait un peu la tête. Elle s'activa à lui préparer à manger pendant qu'il s'asseyait à table, l'air soucieux. Elle soupira.
"Nathaniël, je sais que tu fais ce que tu peux. Mais ce serait bien que tu freines un peu. Même si on a moins d'argent, pas besoin de vivre comme des rois..."
Elle vint auprès de lui et lui prit doucement la main.
"Mais ça me ferait mal qu'on passe à côté de beaucoup de choses qui ne se passeront qu'une seule fois. Comme la naissance par exemple."

Nathaniël acquiesça. Toujours se sentiment de culpabilité qui le poursuivait. Avec lassitude il se leva de table.
"Je n'ai pas vraiment faim, désolé. Je vais aller me coucher. Je suis épuisé."
Sans la laisser rétorquer quelque chose, il quitta la pièce et monta dans leur chambre. Une fois allongé sur le lit, sans même s'être changé, il glissa ses mains sous l'oreiller et grommela, se demandant quelles seront les conséquences d'un refus de mission. Puis finalement rattrapé par les évènements de ces derniers jours, il s'endormit.

Elione soupira. Elle acheva l'omelette qu'elle préparait, mais la mangea elle-même sans grand appétit. Puis, elle nettoya la vaisselle, la rangea et alla s'asseoir dehors sur un banc de bois devant la maison. Elle allait continuer à tresser le couffin. Elle était pensive pendant qu'elle travaillait. Sans que ses doigts cessent de tresser son ouvrage, elle regarda un moment les deux chevaux qui caracolaient dans leur pré, avant de se reposer et de brouter un peu. Ils avaient une vie bien paisible. Sans grands problèmes, eux au moins.
Elle finit par rentrer. Une fois son travail rangé, elle rejoignit son compagnon dans leur chambre. Il dormait profondément, l'air enfin paisible. Il ne s'était même pas dévêtu. La jeune femme alla s'asseoir sur le bord du lit et lui caressa doucement le dos. Puis, elle alla de son côté du matelas et s'étendit contre lui. Elle aussi était fatiguée. Sans doute pas pour les mêmes raisons. En repensant à diverses choses, son angoisse de mettre au monde une fille la reprit. Elle porta doucement la main à son ventre en fermant les yeux.
*J'espère que tu seras un garçon, toi... Ce sera bien mieux pour ta vie, ton enfance et ta sécurité.*