Aide ou représailles? [Neutre, privé Nymphadora]

Maïwen était seule avec son Maître et le petit Léo dans les appartements des deux Chevaliers. Erwan et Angel étaient encore en train de s'occuper de quelque chose. Léo était un petit garçon plein de ressources, qui semblait avoir un faible pour l'Ecuyer de sa mère, claironnant haut et fort à qui voulait l'entendre qu'il se marierait avec elle un jour. Cela faisait beaucoup rire la concernée, qui le trouvait adorable, surtout quand il promettait de combattre Caladan pour sa main. Il promettait de devenir un homme intelligent et fort, tout comme l'était son père.
Cependant, la jeune fille était un peu absente. Suite à sa discussion avec Caladan, elle n'était pas plus rassurée concernant leur avenir. Elle regardait Léo jouer à faire léviter ses animaux en bois sous le regard attentif de sa mère, un peu distraite. Elle se demanda soudain si son Maître avait remarqué quelque chose. Sans nul doute. Et dans ce cas, qu'allait-il lui arriver?

Assise sur un fauteuil en train de regarder son fils jouer avec Maïwen, Nymphadora hésitait à aborder le sujet. En tant que maître de la jeune femme elle devait le faire. Elle posa son menton sur la paume de sa main et croisa les jambes.
"Léo, tu veux bien aller jouer dans ta chambre une petite heure s'il te plait."
"Avec Maïwen." Rétorqua-t-il aussi tôt.
"Maïwen viendra après. Maman doit lui parler d'abord. "

Léo obéit à contrecoeur, avec une petite moue. Il alla dans sa chambre et referma la porte sans trop de bruit. Maïwen songea avec une pointe d'amusement que son Maître avait plus d'autorité qu'Erwan. Le petit garçon était bien le seul à tenir tête au grand chef.
Puis, l'angoisse la prit. Si son Maître voulait lui parler, c'est que l'heure des représailles approchait. Elle déglutit mais ne chercha pas à fuir ni à se dérober. Elle ne bougea pas d'un pouce, attendant simplement que le Chevalier prenne la parole.

Nymphadora la regarda un instant sans rien dire. Elle ne savait pas comment commencer. Elle inspira profondément et se lança ne voulant pas plus inquiéter son élève qui l'était déjà suffisamment.
"Tu as bien grandit en trois ans. Tu es devenue une vraie femme et qui plus ai tu as même trouvé l'homme qui faisait battre ton coeur."
Nymphadora lui envoya une vague d'apaisement. Celle-ci ne comptait pas la réprimander pour quoi que se soit ou lui faire la leçon.
"Je t'ai bien assez encouragé à suivre ta relation avec Caladan, mais là il va falloir que je mette un bémol."
Elle soupira légèrement se demandant si elle agissait de la bonne façon. Elle n'était pas doué pour se genre de chose.
"En te sondant la dernière fois, chose que je fais de temps en temps pour voir si tu te portes bien, j'ai ressentit une autre présence en toi. Maïwen, tu aurais du prendre les précautions pour ne pas tomber enceinte."

Maïwen se recroquevilla un peu plus dans son fauteuil à ces mots, comme sous le coup d'une gifle. Son Maître avait entièrement raison. Elle y avait fait bien attention durant deux ans, et en une seule soirée où l'ardeur l'avait emporté, la bévue fatale était là.
"Je sais, Maître."
Elle enfreignit une des premières règles des Ecuyers, à savoir toujours regarder son Maître dans les yeux. Et elle avait le regard baissé sur ses jambes qu'elle avait ramenées à elle et entourés de ses bras.
"Croyez-moi que je regrette amèrement. Ca me fait paniquer et..."
Elle se tut. Que dire?

Nymphadora regarda la porte de la chambre de Léo qui était fermée. Elle était un peu mal placé pour faire la leçon à la jeune femme. Puis elle la regarda de nouveau, posant une main sur son genou.
"Maïwen, comprends bien que je ne te réprimande pas, même si tu aurais du faire attention. Mais avec un bébé il sera compliqué par la suite pour toi d'être un Chevalier d'Emeraude. Est-ce que tu en as déjà parlé à Caladan?"

Maïwen acquiesça.
"Oui, cet après midi."
Elle leva les yeux vers la jeune femme.
"Qu'est-ce qu'il va arriver maintenant?"

Nymphadora détourna le regard un peu confuse.
"Disons que si ça s'apprend, toi et Caladan risquez de passez au conseil disciplinaire. Kaïtos et moi-même également par la même occasion. Dans ce cas, se sera le Roi, Abnar et Erwan qui prendront les décisions."

Maïwen ferma les yeux. Tout ça pour une bévue... Caladan et elle avaient toujours pris certaines précautions pour lui éviter une grossesse, et là, un moment d'inattention, et ça leur tombait dessus. Elle regarda à nouveau son Maître.
"Je suis navrée que cela vous cause du tort... Mais qu'est-ce que je dois faire?"
Elle était réellement perdue. Elle ne détestait pas ce bébé, au contraire, mais elle se savait pour le moment incapable d'être mère.
"Avorter? Ou le garder? Ou encore le mettre au monde et le confier à quelqu'un?"

Nymphadora lui adressa un regard bienveillant. Le même qu'elle adressait à son fils quand il faisait une bêtise et qu'il s'en mordait déjà les doigts avant de se faire réprimander.
"Ca dépendra de la décision du conseil. Mais il est vrai que si tu n'est pas prête à devenir mère, il faudrait avorter. Et si tu n'en a pas la force, le confier. C'est sans doute la meilleure des solutions. Je doute que le conseil accepte cette grossesse surtout que vous n'êtes encore que des Ecuyers."

Maïwen hocha la tête, déprimée.
"On ne voulait pas ça..."
Elle posa son menton sur son genou.
"On avait toujours pris nos précautions... C'est justement ce qu'on voulait éviter. Et une seule fois, on a commis une bévue... et voilà."

"Je n'en doute pas Maïwen."
Elle lui passa une main dans les cheveux quand la porte de la chambre à Léo s'ouvrit. Le petit en sortit en courant.
"Maïwen! Tu viens jouer avec moi?!"
Nymphadora voulu rétorquer et ordonner à son fils de retourner dans sa chambre pour le moment mais voyant qu'elle n'arriverait pas à redonner le sourire à son Ecuyer, elle pensa que Léo y arriverait sans doute.

Maïwen eut un léger sourire, et passa sa main dans les cheveux noirs du petit garçon.
"Non, Léo, pas maintenant. Je n'ai pas vraiment envie."
Léo la fixa avec des yeux choqués.
"Pourquoi? T'es triste?"
La jeune fille soupira.
"Un peu oui."
Le petit l'observa un moment, un peu déboussolé. Il ne l'avait jamais vue comme ça.

Léo resta tout de même devant la jeune femme. Il grimpa sur le fauteuil et passa ses bras autour d'elle. Nymphadora en profita pour lui envoyer une vague d'apaisement.
"Quand je suis triste, maman me fait un câlin et après je suis plus triste."
Nymphadora eut un petit sourire devant l'innocence de son fils.
"Tu devrais peut être aller te changer un peu les idées Maïwen. Je m'occupe d'annoncer à Erwan ta grossesse. Il verra quoi faire après."

"Je vous assure que je n'arriverai pas à me changer les idées Maître. J'ai trop de soucis en tête."
Maïwen eut un frisson en pensant à ce qui allait arriver maintenant. Erwan était strict. Admiré, juste et bon, mais strict. Il n'allait pas apprécier. Léo resta blottit contre elle, yeux clos pour la réconforter. Tout en lui passant la main dans les cheveux, la jeune fille se demanda comment serait le bébé qui grandissait en elle. Aussi énergique? Aussi gentil? Un garçon ou une fille? Tiendrait-il plus de Caladan ou d'elle?
Timidement, elle regarda son Maître. Elle ne savait même pas pourquoi elle allait demander ça.
"Maître, pardonnez-moi mais... Est-ce que vous pouvez me dire s'il va bien?"

Nymphadora la sonda rapidement.
"Il va bien oui."
Elle avait remarqué que l'Ecuyer avait angoissé quand elle avait parlé de Erwan.
"Ne t'en fais pas Maïwen, je suis sûre que Erwan fera son possible pour que le bébé bénéficie du mieux qu'il soit."
[Là tu rêve ma pauvre Nymph']

"Peut-être. Ou du mieux pour l'Ordre."
Remarquant qu'elle venait de critiquer à la fois son chef et l'époux de son Maître, elle baissa les yeux.
"Pardonnez-moi."
Léo riva son regard dans le sien.
"Papa il est gentil."

"Oui Léo, papa est gentil."
Nymphadora s'assit de nouveau face à son élève.
"Quoi qu'il en soit, je serais pour toi et prendrais ta défense. Que se soit contre le roi, Abnar ou même Erwan. Je vais m'occuper de tout alors pour l'instant ne te fais pas tant de soucis."

Maïwen eut un sourire plus franc.
"Merci Maître."
Léo lui jeta un regard enjôleur.
"Allez, viens jouer!"
La jeune fille soupira.
"Bon, je rends les armes. Allons jouer."

Nymphadora les regarda jouer en redoutant le retour de son époux. Comment lui annoncer? Et comment réagira-t-il?