Délivrée [Neutre, privé Messa]

Rongé par le remord et la culpabilité, Araïn avait décidé de réparer son erreur en délivrant Messa de son tyran. S'il avait su avant ce qu'elle endurait... Il n'en avait eu qu'un bref aperçu qui lui avait suffi. S'il s'était rendu compte avant ça de ses sentiments... Maintenant, elle ne voudrait plus de lui, et c'était compréhensible. Il voulait juste lui expliquer au moins. Il n'avait fait que son travail.

Messa était allongé sur le sol de la roulotte. Elle avait repris ses 'habitudes', et elle servait Rémir comme le ferait un chien. Elle avait refait quelques représentations aussi.
La jeune femme se passa un main sur le ventre, penssive. Elle se fesait une joie malgré ses peurs d'avoir un enfant d'Araïn. Mais maintenant, qu'allaient-ils devenir ? Rémir n'aurait aucun problème à tuer l'enfant à peine né. Et de toute façon, ça n'aurait pas été une vie d'être dans cette roulotte. Rémir avait remis les idées en place à Messa. Il ne s'était pas gené pour le frapper et la violer de nouveau. C'était presque la routine pour lui.
Et Araïn ? Elle n'arrivait pas à l'oublier. Non, c'était de toute façon impossible. Elle ne savait même pas comment réagir si il se trouvait face à elle. Il la dégoutait mais elle n'arrivait pas à en être sur.

Tapi dans l'ombre, Araïn observait. Dès que Rémir sortirait de la roulotte pour aller à la taverne proche, il agirait. Il jeta un oeil aux deux chevaux entravés loin des regards. Il alla les mettre plus loin, pour qu'ils soient vraiment introuvables, à part pour lui. Puis, il revint à son poste d'observation. Pour ce qu'il en avait observé, le gros homme allait bientôt laisser Messa seule et enfermée.

Rémir jeta un dernier regard sur Messa avec un sourire sadique.
"Tu es misérable ma pauvre."
Le gros homme ferma la porte, et la jeune femme put entendre le bruit des clefs dans la serrure. Comme toujours, elle ne pourrait pas sortir. Elle n'avait même pas envi de se lever pour aller sur le lit, bien plus confortable. Elle eut une terrible nausée et se plaqua une main sur la bouche. Mais elle n'eut que le temps de prendre un sac pour vomir dedans. Elle avait faim, son ventre gargouillait.
*Alors c'est vraiment comme avant.*

Dès que Rémir fut hors de vue, Araïn s'élança. Silencieux comme une ombre, il rejoignit la roulotte dans le noir parfait. Il crocheta habilement et rapidement la serrure, avant d'entrer en refermant la porte. Il faisait noir à l'intérieur. Une chandelle se mourait. Son regard s'accoutuma rapidement à la pénombre. Il y avait une atroce odeur âcre de sueur, de vomi et de fluides corporels dont le jeune homme devinait l'origine. Répugnant. Furtif, il se déplaça à moitié courbé. Par terre, un corps.
"Messa?" murmura-t-il.

Messa l'avait entendu rentré. Mais elle ne pensait pas voir Araïn face à elle. Elle se redressa et s'assit. Elle avait envi de lui hurler dessus. C'était dangereux qu'il soit là. Mais elle avait aussi envi de pleurer.
"Qu'est ce que tu fais ici ? Si Rémir revient, tu vas te faire tuer."
Elle arrivait encore à penser à lui sans être méchante. Enfin pour l'instant, elle n'avait aucune envie qu'il se fasse prendre. Elle ramena ses jambes vers elle et les entoura de ses bras. Elle avait honte qu'il la voit comme ça. Elle était simplement vétu d'une chemise blanche taché de quelques gouttes de sang et de saleté.

"Entre les deux, celui qui se fera tuer, ce n'est pas moi."
Araïn avait eu un ton féroce. Sans le savoir exactement, il se doutait de ce qu'elle subissait.
"Rassemble tes affaires. On s'en va."
Il s'affaira dans le noir. Il avait des flacons de poison. Il allait empoisonner diverses choses à l'attention de Rémir. Sa mort ne serait pas douce, loin de là.

Messa récupera simplement sa tenue de scène. C'était ses seuls vétements. Elle ne broncha pas lorsqu'il lui dit de sortir avec lui. Même si elle n'avait au fond d'elle plus envie de le voir, elle ne voulait pas non plus rester ici avec Rémir.
"J'ai 'tout'."
Elle regarda faire Araïn pendant quelques instants. Il semblait hors de lui. Elle ne l'avait jamais vu comme ça. Elle croisa ses bras sur sa poitrine s'attrapa les bras. Elle avait peur. Si Rémir revenait ? Et si il ne mourrait pas ? Et si il la reprenait avec lui ? Tant de questions de bousculaient dans sa tête.
"On ne peut pas rester longtemps. Il n'est jamais long..."

"Je sais."
Araïn finit de tout soigneusement préparer. Puis, il mit tout en ordre.
"Allez, on file."
Il lui prit la main et l'entraîna dehors à sa suite. Il referma la porte comme avant qu'il ne vienne, à double tour, puis entraîna Messa derrière lui à travers les bois en courant. Mais elle ne semblait pas en forme pour cela.

Messa arreta de courir completement essouflée. Elle posa une main sur le tronc d'un arbre. Elle avait la tête qui lui tournait. Et cette envie de vomir permanente...
"Je suis désolé, je n'en peux plus..."
La jeune femme ne put retenir une nouvelle nausée. Elle se passa une main devant la bouche, et lanssant un regard noir à Araïn. Puis elle se redressa et reprit la direction qu'ils avaient prit en marchant.

Ils arrivèrent rapidement aux chevaux. Araïn lui avait procuré une jument bai brun. Ils se mirent en selle.
"Je ne te demande pas de rester avec moi. Mais au moins cette nuit dans une auberge sûre."
Il était un peu inquiet de son état, et se demandait si elle tiendrait en selle.
"Allons-y, nous allons aussi devoir parler."
Ils se mirent en route rapidement, et parvinrent sans trop tarder à une auberge éloignée.

Ils avaient prit une chambre avec un grand lit. Messa n'avait pas bronché. Une fois arrivé sur le lit, elle s'assit et se mit à pleurer. Elle n'en pouvait plus. Ses nerfs venaient de lacher. Cette ordure d'Araïn l'avait bien liberé, mais il n'en restait pas moins seul coupable. La tête dans les mains, elle osa lui adresder la parole. Elle n'avait pas l'intention d'etre gentille.
"Pourquoi tu m'as ramené à lui. J'avais confiance en toi. J'avais ! Mais maintenant, je vois bien que tu es une POURRITURE ! Comme tout les hommes ! Tu ne penses qu'à l'argent et aux femmes que tu pourrais mettre dans ton lit !"
Elle se passa discretement une main sur le ventre. Elle ne parlerait pas de l'enfant.

Araïn baissa la tête. Il accueillait ces mots cruels avec résignation.
"Je sais que j'ai mal agi... Mais tu te trompes sur mon compte."
Il soupira, cherchant à se justifier d'une voix douce.
"Je travaille pour gagner ma vie, et pour cela, je suis assassin et espion. Au service de n'importe qui, du moment que je suis payé et que c'est dans mes compétences. Te retrouver et te ramener était une de mes missions parmi tant d'autres. Je ne pouvais pas savoir ce que tu allais endurer."
Avec un sourire triste, il la regarda.
"Il te maltraite hein?"

Messa eut un rictus.
"Il me maltraite. Oui."
Elle releva la tête, les joues humides.
"Il fait bien pire encore."
La jeune femme baissa un peu le regard sur ses mains qu'elle avait jointes sur ses jambes.
"Je dors par terre. Je n'ai presque jamais à manger. Je dois le servir comme un bon chien. Je dois faire ses reprensentations et il récupère l'argent."
Elle marqua une pause avant de reprendre. La pièce était assez claire malgré qu'elle ne soit éclairée que par quelques chandelles.
"Tu as du remarquer non ? Il me bat. Et il n'y va pas de main morte. Et depuis que j'ai 15 ans, il m'utilise pour répondre à ses désirs sexuels."
C'était dur de dire tout ça.
"Tu ne peux même pas t'imaginer comme c'est dur de ne meme pas pouvoir se defendre face à cette bete de muscle et de graisse."
Elle le regarda droit dans les yeux.
"Mais je suis une mission parmit tant d'autres. Tu as eut ton argent. Tu devrais être heureux !"

Araïn secoua tristement la tête.
"Pas vraiment. La vie n'a pas été très tendre avec moi et les miens non plus. Je peux comprendre."
Il se mordit les lèvres. Détournant le regard, il se félicita néanmoins de l'avoir fait copieusement manger avant qu'ils ne montent dans leur chambre. Elle en avait besoin.
"C'est une ordure. J'aurais dû réagir plus tôt... Je suis désolé."
Il lui lança un regard peiné.
"On devrait dormir. Surtout toi. Tu es en sécurité maintenant."

La jeune femme ne prit même pas le temps de se changer. Elle resta dans ses vetements sales et puants. Elle posa sa tête sur l'oreiller avec un ultime sanglot.
"Je ne te fais plus confiance Araïn. Ce que tu as fait, c'est pire que tout. J'ai passé 17 ans de ma vie à vouloir fuir cet homme. Tu m'as libéré, oui. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas te pardonner."
Elle était désormais dos à lui, la couverture remonté sur les épaules.
"Je ne peux que te souhaiter de passer une bonne nuit. Mais n'oubli pas et jamais que je t'en veux enormement. Et que rien ne sera jamais comme avant. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Tu me fais peur maintenant..."

Dépité, le coeur lourd et meurtri, Araïn attendit qu'elle s'endorme. Il prit un petit bout de parchemin et y inscrivit un message. Puis, il se coucha dans le lit à son tour, mais loin d'elle. Au matin, il se réveilla bien avant elle. Il se vêtit sans la réveiller, et lui déposa le message sur l'oreiller. Il lui laissa sur la table de chevet une bourse pleine d'argent, et lui laissait également la jument. Puis, il la regarda dormir avec un tendre sourire, avant de quitter à la fois la chambre et l'auberge, non sans avoir payé leur nuit.

Un peu plus tard, Messa se reveilla. En ouvrant les yeux, elle fut presque étonnée par la clareté de la piece. Puis elle se rapella de la nuit passé. Araïn était venu la liberer. Elle se rapella un peu ce qu'elle lui avait dit. Ce n'était pas tendre. Elle se redressa et regarda la chambre où elle était seule. Où était le jeune homme ? Soudain, elle fit attention à un petit bout de parchemin sur l'oreiller voisin. Elle put y lire un mot d'Araïn.
'Je suis conscient de tout le mal que je t'ai fait. Néanmoins, avant de pouvoir espérer me faire pardonner de la femme que j'aime pour cette trahison, je vais d'abord devoir me pardonner à moi-même. On se reverra.'
Messa ne comprit pas tout de suite le message. C'est à la deuxième lecture qu'elle fit attention à ces mots : 'la femme que j'aime'. Elle s'en voulait soudain d'avoir était si agressive avec lui. Et elle s'en voulait de ne pas lui avoir parlé de l'enfant de lui qu'elle attendait. Elle ne voulait pas être de nouveau seule. Messa prit conscience de sa position. Il lui fallait quitter Fal au plus vite. Elle ne voulait pas se faire rattraper par Rémir. Jamais. Elle se leva et vit sur la table la bourse. Elle eut un petit sourire.
*J'ai dit des choses que je ne pensais pas...*
Elle se lava, s'habilla, et quitta les lieux avec la jument que Araïn lui avait laissé. 'On se reverra'. Cette phrase lui tournait dans la tête.