Lettres [Neutre, privé Alera]

Depuis plusieurs semaines, Nejah envoyait des lettres à celle qu'il aimait. Pour prendre de ses nouvelles, savoir comment cela se passait... Il allait toujours régulièrement dans la forêt, espérant secrètement la voir, ou au moins l'apercevoir de loin. Une fois, il avait dit dans sa lettre combien elle lui manquait. Et elle manquait aux enfants aussi.

C'était une journée comme les autres. Alera était au village avec son frère et l'un de ses amis. Ce dernier c'était blessé en forêt et se faisait soigner par Yolas. Elle était assise sur une table a rire avec les deux Elfes. Mais au fond d'elle elle était triste. Les lettres que lui avait envoyé Nejah avaient installé un gros doute en elle.

Même si Alera ne répondait pas à ses lettres, Nejah savait qu'elle les recevait. Il les avait ensorcelées pour qu'elle les aie, et que seule elle puisse les prendre. Il allait lui-même les déposer à un endroit clé. Celle-là n'était qu'une de plus. Il espérait trouver une réponse à chacune de ses visites, ou mieux, la voir. Mais non. Encore et toujours rien.

Dans la forêt, Alera y avait été envoyé par son frère pour aller lui cueillir une plante qu'il n'avait plus en réserve. La plante n'était pas compliqué à trouver, mais elle se trouvait assez loin du village. Pour y aller plus rapidement, elle passa par les branchages. Après quelques petites galipettes pour circuler, elle trouva, en bas, Nejah. Son coeur se mit à battre à toute allure. Aussi elle s'accroupit et se fit la plus discrète possible pour l'observer à sa guise. Que pouvait-il bien faire là?

Nejah alla déposer sa lettre cachetée à l'endroit habituel. Il l'y mit avec une grande délicatesse. Puis, il resta là un moment. Il leva les yeux vers la voûte des arbres.
"Alera... Où que tu sois, j'espère que tu es heureuse. Si c'est le cas... alors je le suis aussi."
Il n'avait même pas remarqué qu'elle était toute proche. Ses sens magiques n'étaient pas en éveil.

Lorsqu'il se retourna pour faire demi tour, Alera sauta à terre juste derrière lui face à la cachette. Immédiatement et sans faire attention à lui, elle prit la lettre et l'ouvrit. Elle se mit à la lire avec baume au coeur. Lorsqu'elle les lisait, le monde pouvait s'écrouler, tant qu'elle arrivait à la fin et qu'elle puisse se délecter de chaque lettres écrites de la main de Nejah.

Cette fois, Nejah la remarqua. Se dire qu'elle l'avait épié ne le gênait pas tant. Il se retourna et la regarda. Elle lisait sa lettre avec une délectation évidente. Cela lui fit très plaisir. Et le fait de la voir lui donnait l'impression que son coeur s'envolait.
"Alera..."
Il ne fit pas un pas vers elle, figé en l'observant.

Lorsque Alera eut finit de lire la lettre, ce qui dura, elle la replia soigneusement et la mit dans la pochette qu'elle avait attaché à la cuisse. Comme toutes les autres, elle atterrirait dans une petite boîte soigneusement rangé en dessous de son lit. Avec un sourire au lèvre, elle se retourna pour continuer sa route mais tomba nez-à-nez avec Nejah. Elle était tellement concentrée dans la lecture de la lettre qu'elle ne l'avait même pas sentit derrière elle. Aussi, elle se figea et le regard étonnée.
"Nejah..."

Nejah poussa un soupir de soulagement.
"Tu vas bien... Merci aux dieux."
Et maintenant, que dire? Rien et tout à la fois. Il resta muet, à l'observer avec son doux regard de rubis. Ca lui suffisait déjà. C'était comme une illusion.

Alera détourna le regard et rougit malgré elle. Elle joignit les mains.
"Tu vas aussi bien, a ce que je peux voir."
Elle esquissa un petit sourire timide.
"J'ai reçu toutes tes lettres..."
Quoi dire d'autre? Elle était gênée.

"J'en suis heureux."
Nejah fit un pas vers elle, puis se stoppa.
"Tu sais, tu me manques... Aux enfants aussi."
Il eut un petit rire.
"Enfin, je te l'ai dit dans mes lettres..."

Alera acquiesça.
"Tu m'as aussi manqué..."

Nejah la regarda, surpris. Il lui avait manqué?
"Tu sais, ils me demandent souvent quand tu reviendras, quand tu recommenceras à leur donner ces cours sur la nature..."
Il eut un sourire empreint de tristesse.
"Que leur répondre?"

Alera fixa toujours le sol.
"Que je passerais sans doute un de ces jours et que je ne manquerais pas de leur faire cours."
Elle hésita un instant avant de continuer.
"Nejah, je... je suis désolé pour la dernière fois."
Elle avait fait une erreur en le repoussant. Les lettres en étaient la preuve.
"J'aurais pas dut, mais tu sais... J'ai jamais vraiment de chance en amour..."

Le coeur du Magicien fit une brutale embardée. Il continua à la dévisager.
"Qu'est-ce que tu veux dire?"
Elle comptait revenir à Emeraude? C'était une merveilleuse nouvelle. Mais il lui semblait qu'elle cherchait à lui dire quelque chose. Il aurait voulu lui dire qu'il comprenait son attitude, qu'il ne pourrait pas lui en vouloir, qu'il l'aimait toujours, mais toutes les amorces de phrases mouraient sur ses lèvres avant qu'il ne les prononce.

Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas comment continuer avec des mots. Elle soupira doucement et leva enfin son regard sur lui.
"Tout ceux avec qui j'étais, je les indifférait et puis..."
Comment lui expliquer l'histoire avec son père qu'elle n'a jamais eu? Peut être ne valait-il mieux pas en parler. Essayer de passer au dessus de ça. Elle baissa de nouveau le regard.
"Enfin, je pensais pas que tu ne serais pas comme eux..."

Nejah garda le silence un moment, puis il lui répondit doucement.
"Je t'ai pourtant donné la preuve que que tu étais loin de m'indifférer... Je pensais que tu avais compris."
Il ne disait pas ça comme un reproche. Il voulait tellement qu'elle comprenne.
"Comment puis-je faire pour te montrer la sincérité de mes sentiments?"

Alera esquissa un petit sourire, les joues toujours rouges. Elle avait une petite idée, c'était tout simple, mais avait son importance.
"Je le saurais à ta façon de m'embrasser..."

Nejah la considéra un long moment. Intérieurement, il paniquait. Il n'avait jamais embrassé personne de sa vie... Et si jamais il le faisait mal? Si cela trompait celle qu'il aimait sur ses sentiments? En même temps, son coeur pulsait comme jamais dans sa poitrine. Elle lui avait bien dit de l'embrasser?
Finalement, il fit la seule chose à faire: il se lança. Il s'approcha suffisamment d'elle, avant de déposer ses lèvres sur les siennes, et de l'embrasser avec toute la tendresse qu'il pouvait lui donner. Il eut l'impression que le sol se dérobait sur ses pieds, mais il se contenta de fermer les yeux, savourant cet instant magique.

Alera se laissa d'abord faire avec un léger sourire à sa façon naïve et touchante de l'embrasser. Puis elle glissa ses mains sur la nuque du Magicien et répondit à son baiser avec douceur. Rien n'aurait pu la forcer à cesser cet instant précieux. Elle avait l'impression que son coeur été doté d'ailes et qu'il allait s'envoler. Elle se sentait mystérieusement bien avec lui, tout contre lui. Cela était différent des autres fois.

Nejah crut qu'il allait se liquéfier. Il referma ses bras sur Alera après un infime instant d'hésitation. Il n'interrompit pas le baiser, lui laissant le soin de le faire. Quand elle sépara ses lèvres des siennes, il la regarda.
"Waouh..."
Il ne savait pas quoi dire d'autre. A part attendre sa réaction, il ne faisait rien, encore béat de ce baiser.

Alera plaça ses mains sur ses épaules et plongea sont regard dans le sien. Elle lui adressa un petit sourire.
"J'en suis sûre maintenant."
**C'est toi que je veux.**
Elle se serra contre lui et posa sa joue sur son torse.
"Ca t'a plut le baiser?"

"Si ça m'a plu?"
Nejah sourit.
"J'ai le coeur en feu!"
Il avait un mal fou à réfléchir. Mais il la tenait dans ses bras, comme dans un rêve. La farouche Elfe était blottie contre lui...

Alera eut un petit rire. Elle le va son regard et le planta dans les yeux rubis de Nejah.
"Tu veux qu'on recommence?"
Doucement, et en se mettant sur la pointe des pieds elle déposa de nouveau ses lèvres sur celles du Magiciene pour s'abandonné à un nouveau baiser.

Nejah s'abandonna à ce nouveau baiser avec la même ivresse que précédemment. Puis, quand ils le rompirent, il baissa les yeux.
"Tu ne me prends pas pour un monstre, toi?"
Question qui pouvait paraître absurde, mais il avait toujours vécu ainsi. Comme un monstre, un paria. Il se promit alors de lui raconter beaucoup de choses qu'elle ignorait de lui. Il les lui devait bien.