Des pouvoirs intéressants ? [neutre, privé Araïn]

Araïn était pensif. La gestation de la jument touchait à sa fin, et ils auraient sous peu un poulain.
"A ton avis, doit-on vendre le poulain, ou le garder et vendre ses saillies si c'est un mâle?"
Il hésitait, mais la première solution l'emportait plutôt. Il regarda les deux enfants manger avec appétit, et Arthur dormir dans son couffin près de la table.

Messa mangeait d'un air absent en regardant Arthur. Elle écouta bien Araïn puis lui répondit en le regardant.
"On a un peu besoin d'argent. Ton cheval peut proposer des saillies, au besoin."
Elle se replongea dans son assiette.
"Je..."
Elle ne continua pas sa phrase. Elle ne préférait pas en parler devant les enfants.

"Tu...?"
Araïn la regarda d'un air interrogateur.
"Ca ne va pas?"
Il lui posa la main sur la sienne, inquiet.

Messa lui adressa un sourire calme.
"Si, si, je vais bien. Je t'en parlerais sans doute un peu plus tard dans la journée."
La jeune femme se replongea dans son plat et surveilla les deux ainés.
"Il faut bien manger pour devenir grands ! Mange ta viande Kimie !"

"Surtout que c'est un article de prix..."
La petite se fit un peu prier. Son père lui coupa son morceau de viande en petits morceaux.
"Allez, mange."
Il regarda sa compagne.
"Tu es sûre que tu ne me caches rien?"

La jeune femme adressa un sourire à Araïn.
"Je sais qu'il m'arrive souvent de garder les choses pour moi, mais je ne te cache vraiment rien."
Le repas se termina finalement, et Kimie et Néo eurent le droit de jouer un peu avant d'aller faire une sieste. Une fois seul au salon avec Arthur, Messa daigna enfin s'expliquer.
"Je me posa tout un tas de questions."
Elle laissa un léger blanc et continua.
"Avec la chance qu'on a, j'ai peur que les pouvoirs de Néo attire quelqu'un..."
Messa laissa sa tempe se poser sur l'épaule de son compagnon et elle ferma les yeux.

Araïn ne dit rien. C'était possible, en effet.
"A ce qu'il paraît, si on n'encourage pas un enfant à se servir de ses pouvoirs jusqu'à l'âge adulte, au moins de temps en temps, il les perd. Ce serait bête."
Il caressa doucement le dos de sa compagne du bout des doigts.
"Peut-être que... Arthur pourrait être envoyé à Emeraude d'ici deux ou trois ans."

"A Emeraude ?"
Messa baissa un peu le regard. Elle savait qu'à Emeraude, on formait les meilleurs chevaliers, dotés de pouvoirs magiques. Mais elle ne connaissait rien sur le déroulement de cette formation.
"Je ne sais pas vraiment comment ça se passe à Emeraude... Tu dois t-y connaitre mieux que moi."
Elle adressa un sourire à Araïn. Elle ne voulait plus d'histoire comme auparavent où la vie de tout le monde était en danger, voir prise...

"Je n'en sais pas grand chose non plus. Seulement..."
Araïn se tut un instant. C'était la perspective qui le rebutait le plus, mais étaient-ils capables de rendre leur enfant magique heureux? Avaient-ils le droit de le priver d'un avenir par pur égoïsme?
"Nous ne le reverrions plus. Leur famille d'origine cesse d'être leur famille."

Messa eut un petit rire.
"Alors c'est hors de question."
Elle laissa un léger blanc et continua.
"Je me vois mal me séparer de l'un de mes enfants pour toujours."
Elle baissa à nouveau de regard.

"Ce serait peut-être mieux pour lui. Comme c'est un enfant magique, il a besoin d'autres choses que ses aînés."
Araïn était embêté. Lui non plus n'aimait pas cette idée de séparation.
"Eux pourront lui donner ce qu'il souhaite. Alors que nous... nous allons peut-être lui gâcher son avenir. Et je me demande si on a le droit de le faire pour des raisons aussi égoïstes."

Messa soupira légérement.
"Tu trouves ça égoïste d'aimer son enfant ?"
Elle regarda un instant Araïn puis elle reposa son regard sur ses mains jointes sur ses genoux.
"Ce sera encore un petit enfant. Il ne connaitra rien de la vie... Il ne se souviendra plus de nous... Je ne peux pas me mettre cette idée en tête."

"Ca ne me plaît pas beaucoup non plus, mais..."
Araïn secoua la tête.
"C'est une question que l'on doit sérieusement se poser. Ce qu'il a fait pour moi, il pourra le faire pour encore plein d'autres gens. Et si on aime notre enfant, il faut penser avant tout à son bonheur."

Messa passa ses bras autour d'elle et se serra les bras comme si elle avait tenu Arthur, pour lui faire un calin.
"Mais est ce que tu penses vraiment qu'il sera heureux, loin de sa famille, loin des gens qui l'aiment par dessus tout."
Elle frotta doucement ses mains contre ses bras.
"Je n'aime pas vraiment cette idée. Imagine qu'il nous deteste pour ce que nous avons fait. Imagine qu'il nous prenne pour de mauvais parents !"
Elle ferma les yeux pour se calmer un peu plus.
"C'est comme si tu voulais m'enlever un bout de moi. Un bout qui n'est pas encore autonôme."

Araïn voyait que cette idée ne plaisait pas à sa compagne, et même, qu'elle lui faisait beaucoup de peine.
"Messa..."
Au même moment, on entendit les pleurs d'Arthur, qui était toujours dans son couffin à la cuisine, et qui venait manifestement de se réveiller. Avant même qu'il ne puisse dire quelque chose, Messa s'était précipitée pour aller voir le bébé.

Messa prit le bébé dans ses bras et le serra doucement contre elle.
"Là mon bébé. Tu dois avoir faim et..."
Une petite odeur se fit sentir.
"...Visiblement, tu as besoin d'être changé."
Elle prit garda le bébé contre elle et traversa le salon, en passant devant Araïn, mais ne le regarda pas. Non pas qu'elle lui en voulait, mais elle ne voulait pas se reconfronter à cette discussion. Pas maintenant. Elle monta jusque dans la chambre et changea le bébé. Elle s'assit ensuite sur le lit et lui donna le sein, avec un petit sourire de mère heureuse. Elle ne s'imaginait pas laisser l'un de ses enfants.

"Tu m'en veux?"
Araïn l'observait depuis le pas de la porte. Il ne disait pas ça pour faire du mal, mais pour le bien de leur enfant. Lui non plus n'avait pas envie de s'en séparer, mais...
Il eut un air penaud.
"Je ne veux pas que tu aies de la peine..."

Messa releva son regard vers Araïn. Elle lui adressa un sourire triste.
"Je ne t'en veux pas. Tu me confronte à la réalité."
Arthur hocqueta un peu. Messa le redressa et lui tapota le dos. Il recracha un peu de lait mais semblait aller mieux.
"Mange moins vite petit gourmand."
Elle regarda de nouveau Araïn. Une boule se forma presque instantanement dans sa gorge, elle se concentra pour ne pas pleurer.
"C'est un peu dur de ne pas avoir de peine. J'ai l'impression que notre petit garçon va nous oublier et vivre avec des gens qui nous sont totalement inconnus."
Elle renifla légérement.

"Je sais que c'est dur."
Araïn soupira.
"Mais il faudra songer à y penser."
Il aurait préféré garder leur fils auprès d'eux. Mais s'il s'avérait qu'il n'avait pas le choix...

Messa rebaissa sa tête vers le bébé et ne put se contenir plus longtemps. Elle laissa les larmes s'échapper de ses yeux déjà bien rouges.
"Je... Je..."
La jeune femme se concentra pour se calmer légérement.
"Je ne me sens pas bien dès que tu me parles se donner Arthur. Je ne veux pas y penser."
Sa voix s'étouffa et elle parla pour elle.
"Je ne veux pas y penser."
Elle reserra Arthur contre elle et lui fit faire son rot car il s'endormait au sein. Cependant, il sentait la tristesse de sa mère, et essayait de garder les yeux ouvert pour la regarder.

Araïn se promit de cesser d'en parler pour le moment. Il la regarda d'un air navré. Il culpabilisait de la rendre triste, mais il voulait ce qu'il y avait de mieux pour son fils, même s'il devait se sacrifier. Il s'approcha.
"Il ne s'endormira pas s'il sent toute ta tension."
Il lui caressa le dos. Le bébé luttait contre le sommeil et commençait à chouiner.
"Détends-toi..."

"Ca va mieux?"
Araïn caressa le dos de sa compagne avec douceur. Il observait Arthur dormir.
"Tu sais bien que je ne veux que votre bonheur à tous..."
Il lui déposa un baiser sur le front.

"Un peu."
Elle avait les yeux fermés contre le torse de son époux. Elle respirait doucement son odeur.
"Tu sais aussi que mes parents m'ont vendu. Et toi, tu n'as pas vraiment connu ton père."
Messa redressa son regard vers Araïn.
"Je ne veux pas abbandonner mon fils comme mes parents l'ont fait."