Assiégés [Neutre, privé Kadaj]

Après une absence qui avait duré entre une et deux semaines, le groupe allait enfin atteindre la cité. Tous étaient impatients de rentrer chez eux. Eireen chevauchait à côté de Kadaj, qui lui tenait la main. Elle allait un peu mieux, mais ses nausées la prenaient en général le matin ou le soir, et ses étourdissements restaient fréquents, quoique sans gravité. En revanche, elle était heureuse de voir que la nouvelle de sa grossesse avait mis le moral de son fiancé au beau fixe.

En approchant de la cité, Kadaj ressentait de plus en plus un malaise. Il ne le fit pas remarquer pour n'inquiéter personne. Il serra la main de sa fiancée et regarda son ventre encore plat avec un sourire. Il devait penser à autre chose. Il n'y avait pas de raison de s'inquiéter. Encore une dune et ils verraient la cité.
"On sera bientôt rentre." Annonça-t-il à ses hommes.

"J'ai hâte."
Eireen capta le regard que son amant coulait vers son ventre. Elle sourit légèrement.
"Tu n'es pas discret pour quelqu'un qui doit garder le secret..."
Elle l'effleura de son empathie. Derrière sa joie de devenir père filtrait une angoisse. Elle l'interrogea du regard.
"Qu'est-ce qui t'inquiète?"

Kadaj haussa les épaules en soupirant.
"Je n'en sais rien. Sans doute je me fais du soucis pour rien."
Il gravir la dune de sable sans problème, leurs chevaux étant habitués au sable. Cependant lorsqu'ils arrivèrent en haut, le prince se figea. Tout autour des remparts de la cité, il y avait des ombres. De là où il était il ne voyait rien. Mais cela renforça son inquiétude. Des nomades? Non impossible, on les aurait laissé entrer. Une des ses hommes, le plus âgé vint se mettre à côté de lui.
"Sir, que faisons nous?"
"On va à la grotte. Mieux vaut ne pas prendre de risque."

Eireen observa elle aussi les ombres. De si loin avec le soleil, difficile de savoir de quoi il s'agissait.
"Kadaj, mieux vaut progresser derrière les dunes. Les chevaux soulèvent du sable et de la poussière que le vent emporte, ce ne sera pas discret."
Elle caressa l'encolure de Sun, et s'assura qu'elle portait bien son épée légère à la ceinture. En un sens, elle était impatiente de pouvoir en découdre avec ces ennemis, et tester ses capacités.

Kadaj fixait la cité des yeux.
"C'est de toute façon ce que nous allons faire."
Il regarda la jeune femme pour lui expliquer où ils iraient.
"Il y a une grotte à quelques kilomètres d'ici au nord est. De cette grotte nous pouvons rejoindre la ville sans être repéré par qui que se soit."
Il fit faire demi tour à Kuro puis ne perdit pas une minute et se mit en chemin vers le lieux dit.

Eireen réfléchissait. Elle regarda son fiancé.
"Kadaj, s'ils ont profité de notre absence pour attaquer, c'est qu'ils étaient renseignés. Ou ils ont des espions près de la cité ou..."
Elle savait que cette perspective n'avait rien de réjouissant.
"Ou on a un traître parmi nous. Dans la cité."
*Ou même dans ce groupe...*

Kadaj n'était pas très enchanté par ce qu'elle avait annoncé. Mais elle pouvait avoir raison. Aussi il s'enferma dans ses pensées pour pouvoir méditer à la question. Il y avait beaucoup de monde dans la cité. Il ne connaissait pas tout le monde mais ce qu'il connaissait n'avait pas le profil d'une taupe ou même d'un traître. C'était trop compliqué. Pour le moment il devait regagner la ville pour constater les dégâts et savoir qui entourait la cité.
Lorsqu'ils furent arrivé à la grotte, une simple grotte enfouit sous le sable, ils allumèrent des torches et descendirent de cheval. L'endroit était lugubre mais sans danger. Personne ne s'y aventurait. Personne n'allait aussi loin dans le désert.

Eireen resta à côté de Kadaj pour marcher, hésitant à interrompre ses réflexions.
"Kadaj, qu'est-ce que tu comptes faire?"
Il fallait espérer que les ennemis n'avaient pas réussi à rentrer dans la cité. Sinon, ce serait massacres, pillages et viols. Elle fut prise d'un très léger étourdissement, mais parvint à le masquer. Si jamais elle faisait preuve de faiblesse, son amant l'écarterait pour sa sécurité. Même comme ça, c'était sa peur. Et elle ne voulait pas être mise à l'écart.

Kadaj qui était en tête, marchait assez rapidement sans s'en rendre compte.
"Si par chance la cité n'a rien, il faut organiser une rébellion. On va se débarrasser de ses choses."
Il s'enfoncèrent de plus en plus. Bientôt ils tombèrent sur une source d'eau qu'ils longèrent. Cette source, qui était immense, était en dessou de la ville. lus que quelques minutes et ils pourraient de nouveau remonter. Il regarda la jeune femme.
"Ca va? Tu te sens bien?"

Eireen eut un sourire rassurant.
"Oui, ça va. Pas de problème."
Elle sentait des fourmillements dans ses bras. Probablement l'envie d'en découdre pour la première fois. Cependant, elle resterait prudente. Elle ne voulait pas non plus perdre le bébé, maintenant qu'elle était vraiment enceinte. Kadaj en serait profondément affecté.

Lorsqu'il arrivèrent dans une partie de la pièce où certaines parois étaient gravées, Kadaj fut soulagé d'être enfin arrivé. Ils y avaient des torches aux murs qui éclairaient en permanence ce lieux. Aussi, maintenant qu'ils n'en avait plus besoin, ils éteignirent les leur. Ils continuèrent et bientôt ils arrivèrent à la lumière du jour. La sortie du souterrain menait directement dans le jardin de la citadelle. Une fois qu'ils furent à découvert, Alaïn qui se trouvait dans les parages, vint immédiatement à eux.
"Kadaj, vous n'avez rien? C'est horrible, des hommes-insectes ont encerclé la cité. Nous tentons du mieux que nous pouvons pour les repousser mais tôt ou tard ils vont réussir à pénétrer la ville!"

Eireen fronça les sourcils. Des hommes insectes? Ici? Et pourquoi?
"Comment sont-ils arrivés?"
"De nulle part. Comme téléportés."
*Par magie, donc...*
"Il y a des Sorciers?"
"Visiblement, non."
"C'est toujours ça."
La jeune femme se tourna vers le prince.
"Kadaj, ils veulent avoir une place stratégique à proximité d'Enkidiev."

Kadaj laissa échapper un rictus.
"Compte là dessus."
Il réfléchit rapidement à une stratégie à aborder.
"Bon, Alaïn, prévient les archer qu'ils doivent tous se présenter aux remparts. Les hommes insectes ont horreur du feu. Ont leur enverra des flèches enflammées. Cela devrait les repousser et les affaiblir. Puis une fois que se sera fait nous les attaquerons de front. Il faudra espérer que leur nombre diminuera au moins de moitié."
"Bien, j'y vais."
Lorsque Alaïn fut assez parti, Kadaj se tourna vers Eireen.
"J'aimerais que tu restes à l'abri s'il te plait."

Eireen croisa les bras. Elle s'y était attendue.
"Maintenant que j'ai enfin l'occasion de voir les résultats de mon entraînement, tu ne peux pas me faire ça!"
Elle eut une petite moue.
"Je ne suis pas affaiblie, je me porte bien, et je pense que je sais assez bien me défendre et attaquer. Assez pour en tuer quelques-uns sans me faire blesser."

Kadaj n'était pas du même avis qu'elle mais il ne pouvait pas la forcer. Il aurait pu l'enfermer quelque part pour qu'elle soit en sécurité, mais elle aurait sans doute trouvé le moyen de se libérer.
"Alors reste en arrière, ne te force pas et ne te jette pas inconsciemment dans les bras des ennemis. Contrairement à l'entraînement eux ne vont pas mesurer leurs coups parce que tu te sens mal. Ils vont essayer de te tuer, et ça par n'importe quel moyen."
Kadaj essayerais de faire en sorte que quelqu'un soit toujours près d'elle pour la protéger mais il y avait quand même un risque.

L'expression de la jeune femme s'adoucit.
"Je sais. Je serai prudente."
Elle l'embrassa tendrement.
"Je veux moi aussi défendre la cité. Sous peu, ce sera aussi mon peuple."

Kadaj acquiesça puis prit la direction de leur appartement. Il devrait aller chercher son deuxième cimeterre ainsi que son la fouet dentelé et remettre son armure. Puis une fois que se fut fait, il conduisit Eireen dans la salle d'arme où on lui remit une armure légère où elle puisse bouger sans trop être gênée et qui la protègerait suffisamment. Discrètement, tandis qu'elle était dans une pièce à côté où elle se changeait, Kadaj ordonna à deux de ses hommes de garder un oeil sur elle lorsqu'ils attaqueront leur ennemis de front. Si il lui arrivait malheur ils seraient tenus pour responsables. Quand enfin le prince, Eireen et tous les hommes furent prêts, ils allèrent tous sur les remparts de la ville. En y allant, Kadaj croisa quelques villageois qui semblaient heureux que leur souverain soit de nouveau de retour.

Eireen marchait près de son amant. Elle n'allait pas si bien qu'elle le montrait, car elle sentait une vague de nausée menacer de la submerger. Pour le moment, elle se contenait. Arrivés sur les remparts, elle observa leurs ennemis. Il y en avait peut-être plusieurs centaines.
"Qu'est-ce que tu comptes faire? Attendre la nuit?"
Elle resta près de Kadaj. S'assurant qu'ils étaient assez éloignés des autres, elle poursuivit à voix basse.
"Tu t'inquiètes surtout à cause du bébé, pas vrai?"

Kadaj regarda rapidement autour de lui. Elle ne voulait pas que ça se sache alors autant se faire discret.
"Je m'inquiète pour tout le monde dans cette histoire."
Il regarda le soleil.
"La nuit ne va tarder. Ce serait peut être plus logique, quoi qu'en pleine lui les hommes ne verront pas grand chose tandis que nos ennemis voient aussi bien en plein jour que de nuit."
Autour d'eux, les archers n'attendait que les ordres pour attaquer. Ordres que Kadaj donna finalement. Mieux valait profiter du jour encore pour le moment.

Eireen observa. Les flèches enflammées décrivirent une courbe gracieuse dans le ciel, avant de tomber parmi les hommes insectes immobiles en bas. Cette brusque attaque les prit au dépourvu, mais eut également pour effet de leur faire prendre les armes.
"Les hommes insectes savent grimper le long des murs. Il va falloir les recevoir en conséquence."
La jeune femme réfléchit. Ses nombreuses et diverses lectures pouvaient l'aider.
"Il va falloir les repousser quand ils arriveront ici. Mais on peut préparer de l'huile bouillante ou de la poix chauffée à leur faire couler dessus lors des prochains assauts."

Kadaj suivit la course des hommes insectes. Il était calme et serein. Il indiqua à la jeune femme un énorme chaudron plus loin sur la muraille.
"Il y en a déjà de prévu, ne t'en fais pas."
Il regarda les archers qui étaient tous concentré dans leur tâche.
"Mes ancêtres ont déjà eu une attaque de ce genre il y a bien longtemps. Depuis, nous avons apprit de nos erreurs."
Il porta sa main à son cimeterre. Les assaillants n'allaient pas tarder à grimper, il se tenait prêt.
"Eireen, fais attention à toi."

"Promis."
Eireen avait la main sur la poignée de son arme. Elle connaissait les points faibles des hommes insectes. Elle jeta un regard à Kadaj.
"Sois prudent, toi aussi."
Quand les premiers ennemis arrivèrent, ce fut immédiatement la mêlée. Le tout était de ne pas leur permettre de passer dans la cité. S'ils parvenaient à descendre ouvrir les grandes portes, ce serait la fin.

Kadaj répondit avec force et violence aux représailles des hommes-insectes. Il les repoussa facilement connaissait lui aussi leur point faible. Malgré la mêlée, il essaya de garder un oeil sur Eireen. Cependant lorsqu'il vit quelque ennemis passer leur garde, il alla leur faire l'accueil qu'il se doit avant qu'ils ne parviennent aux portes. C'est à ce moment qu'il utilisa son deuxième cimeterre. Il voulu remonter aux remparts, mais finalement il serait plus utile ici à tuer les hommes insectes qui réussissaient à se frayer un chemin de plus en plus facilement.

Eireen finit par descendre aider son fiancé. En haut, les soldats repoussaient les hommes insectes comme ils pouvaient, et le chemin de ronde était déjà envahi d'immondes cadavres.
"Il faudra penser à faire une sortie pour les attaquer et soulager ceux sur la muraille."
La jeune femme abattit un ennemi qui se jetait sur elle en sifflant. Elle se débrouillait, mine de rien. Elle était recouverte de sang d'insecte et de diverses sécrétions répugnantes. Si elle se focalisait dessus, elle risquait fort d'avoir un malaise...