Chercher à aider [Neutre, privé Nymphadora]

Depuis quelques temps, environ deux semaines, une situation impossible s'était installée. Un trouble subit et profond avait surgi entre Erwan et Nymphadora, et cela affectait plus ou moins tout le groupe.
Inutile d'espérer tirer les vers du nez au grand chef. Il était plus que jamais impliqué dans son devoir, et écartait la moindre question au sujet de sa vie privée. Quant à sa belle, elle évitait le plus possible d'être en contact avec lui, fuyait toute compagnie dès qu'elle le pouvait, et se renfermait sur elle-même, chose tout à fait anormale chez elle. De surcroît, les deux amoureux ne se parlaient pratiquement plus, mis à part pour les besoins d'un entraînement ou des ordres donnés. Pire, il arrivait qu'ils s'ignorent.
Kaïtos décida donc une fois de plus de tenter de les aider. La tension aux heures communes était insupportables, et même lui n'arrivait pas à détendre l'atmosphère comme il le faisait d'habitude.

Il faisait nuit. Après l'heure du repas, Erwan les avait laissé vaquer à leurs occupations. Nymphadora s'était directement éclipsée et enfermée dans ses appartements. Le grand chef, lui, avait été se réfugier à la bibliothèque. Ayant concerté Helen du regard, le jeune homme s'était levé et arpentait à présent les couloirs pour tenter d'arranger les choses. Quand il parvint devant la porte de sa soeur d'armes, il tambourina à la porte.
"Nymph', c'est Kaïtos. Ouvre s'il-te-plaît, j'ai à te parler."

Comme à son habitude Nymphadora c'était enfermée dans sa chambre après avoir quitté la table pour le repas du soir. Elle en avait profité pour se mettre à l'aise en détachant ses cheveux maintenant tressés de manière large et reposant sur son épaule dénudé. Elle c'était également changé en mettant sa tunique bleu-gris qui lui dénudait un peu les épaules.
Assise dans son fauteuil devant le feu, elle s'était assoupie après avoir lu un manuscrit de sa petite bibliothèque personnelle. Elle fut réveillée en sursaut par des bruits sourd à la porte. Elle se leva, laissant tomber son livre ouvert face au sol. Lorsque l'inconnu s'annonça, elle hésita. Peut être que si elle ne répondait pas il penserait qu'elle n'est pas dans sa chambre... Inutile, il avait du la sentir au travers de la porte et puis de toute façon où devrait-elle se trouver sinon à part ses appartements. Sans se presser, et en essayant d'aborder un de ses sourire faussement joviale, elle alla ouvrir à Kaïtos.
"Tiens Kaïtos, qu'est-ce qu'il t'amène?"

"Un problème qui me tient très à coeur et qui nous affecte tous."
Kaïtos entra et referma la porte. Il était bien plus grave et sérieux que d'habitude.
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre toi et Erwan, mais ça fait deux semaines que tout le groupe sent une tension insupportable."
Il posa sa main sur le bras de sa soeur d'armes.
"Je suis venu en parler avec toi. C'est très important."

Nymphadora blêmit rapidement. Son sourire avait disparu. Elle ne pensait pas que sa situation avec Erwan affectait aussi les autres. Elle détourna le regard, confuse.
"Je suis désolé. Nous ne devrions pas vous faire ressentir ce genre de tension. Vraiment désolé."
Elle lui adressa un petit sourire d'excuse. Elle ne désirait pas vraiment parler de la cause de tout cela à son frère d'arme. Elle ne devait pas penser à son passé. On le lui avait souvent répéter. Elle avait peur de se faire réprimander par son ami.
"Ne t'en fais pas Kaïtos. Ca va s'arranger..."
*Tôt ou tard...*

"Tu préfères que j'aille chercher par moi-même?"
Kaïtos fronça un sourcil. Il étreignit le bras de sa soeur d'armes.
"Allez, raconte-moi. Tu sais que je te prête toujours une oreille attentive. Mais ça ne peut pas durer."
Il eut un sourire malicieux.
"Sinon, je vais chercher chez Erwan. Si tu tiens à ma vie, même un peu, tu accepteras de me parler."

Nymphadora soupira et le laissa entrer. Ce n'était pas dans son habitude d'être ainsi. Elle était toujours souriante et ouverte. Elle lui devait peut être quelques explications finalement. Il ne pourrait peut être pas l'aider, mais au moins il comprendrait. Une fois Kaïtos dans sa chambre, la jeune femme referma la porte derrière lui. Elle alla ramasser son livre donc une page avait était cornue et le rangea délicatement dans la bibliothèque parmi les autres ouvrages. Lorsque Nymphadora prit place dans son fauteuil préféré, Kaïtos prit place dans le deuxième, face à elle. Elle regarda quelques instant le feu de cheminée endormit.
"J'ai fait croire à Erwan que j'étais enceinte. Je sais que tu me l'as déconseillé mais je voulais voir comment il réagirait. Comme tu l'avais dit, il choisirait de placer l'enfant, chose que je ne peux pas accepter."

"Tu as donc tenté le coup..."
Kaïtos commençait déjà à un peu mieux comprendre leur attitude. Un peu.
"C'est pour ça que tu lui fais la tête? Parce qu'il n'a pas réagi comme tu voulais?"
Il devait tenter de ressouder le couple. Tous les voyaient bien ensemble. Ils feraient des époux parfaits. En temps et en heure, bien entendu.

Nymphadora acquiesça. Elle se recroquevilla sur elle même en amenant ses jambes à sa poitrine et passant les bras autour. Elle ne pensait pas être tellement traumatisée par son passé. Elle croyait enfin avoir tiré un trait dessus.
"Si j'ai un enfant, peu importe de qui il soit, je veux le garder et l'élever. Je ne supporterais pas de le voir grandir parmi d'autre gens que moi et son père."
Elle posa son menton sur ses genoux.
"Je ne veux pas qu'il se sente rejeté comme je l'ai été..."

"Tu ne crois pas que tu devrais l'expliquer à Erwan? Je pense qu'il est paniqué. Ton coeur a choisi le plus maladroit des Chevaliers au niveau sentimental. Et également celui ayant le plus de responsabilités."
Kaïtos s'avança un peu dans son fauteuil, et posa sa main sur le genou de Nymphadora.
"Il est un homme comme tous les autres. Avec une carapace solide pour cacher sa sensibilité. Et il est terrorisé par le fait de mal faire. Il se soucie bien plus du bien des autres que du sien. Je suis certain qu'en choisissant ça, il pense avant tout à l'avenir de votre futur bébé. Il tient à toi de lui faire changer d'avis."

Nymphadora posa ses lèvres contre son genou. Elle ne savait pas du tout comment s'y prendre pour faire changer d'avis à Erwan. elle n'arrivait plus à s'imaginer avec un bébé aux côtés d'Erwan depuis cette fameuse nuit.
"J'en suis arrivé au stade où je vais sans doute arrêter de le voir pour être sûre de ne pas tomber enceinte."
C'était sans doute mieux à faire que d'avoir peur de tomber enceinte chaque fois qu'ils faisaient l'amour, s'ils le feraient encore. Elle ne désirait pas que son enfant par la suite pense que sa mère la abandonné, faisant passer le bien du pays avant son amour pour lui comme Elle l'avait fait.

Kaïtos grimaça.
"Un coup fatal pour votre amour probablement. Aucun de vous ne mérite ça."
Si ça partait comme ça, c'était très mauvais.
"J'irai parler à Erwan également, au risque de me faire décapiter. Tu sais qu'il a les moyens de te combler tout en t'évitant une grossesse. Il suffit pour cela de savoir se contrôler."

Nymphadora ne leva pas son regard vers lui. Elle se contenta d'acquiescer une nouvelle fois et posa sa joue sur son genou. Elle se sentait de plus en plus fatiguée ces jours-ci. Cependant elle n'y laissait rien paraître. Elle hésita un instant puis regarda le jeune homme.
"Kaïtos, comment as-tu vécu ton arrivé au château d'Emeraude petit?"

"Assez bien. Ma mère, elle, a eu le coeur brisé. Sur le moment, ça a été un peu dur. Mais une fois que je me suis retrouvé avec vous tous, je n'ai pas eu de grands regrets de mon ancienne vie."
Kaïtos se laissa aller en arrière.
"J'avais l'impression de toujours étouffer. J'étais le fils unique de la soeur cadette du Roi de Turquoise. De fait, elle m'a toujours beaucoup couvé."
Il observa sa soeur d'armes du coin de l'oeil.
"Et s'il se trouvait que tu sois déjà enceinte?"

Nymphadora ne lui répondit pas tout de suite. Elle était prête à faire passer son devoir de mère avant celui de chevalier. Non pas qu'elle pensait ce dernier peu important mais parce qu'un enfant l'était plus. Elle parla d'une petite voix.
"J'aimerais le garder mais si tout le monde m'en dissuade."

"Tout en faisant la tête à son père?"
Kaïtos se leva et vint s'agenouiller face à elle, avant de lui prendre la main.
"Erwan t'aidera. Il lui faut le temps, et lui secouer les puces. Il faut que vous régliez ce problème, avant d'être enlisés jusqu'au cou."
Il lui adressa un clin d'oeil.
"Si jamais il s'avérait que vous deviez bouleverser un peu le code, vous auriez notre soutien."

Nymphadora se laissa emporter par le regard bleu glace de Kaïtos. Elle lui adressa un petit sourire de remerciement. Il lui était indispensable. Parmi tous ses frères et soeurs d'armes, c'était lui qui était le plus présent à ses côtés quand ça n'allait pas fort. Comment faire pour le remercier?
"Kaïtos, que ferais-je sans toi? Tu es toujours là quand le moral n'y est pas."

"Ca me tient à coeur de vous aider."
Kaïtos la serra dans ses bras en lui transmettant une vague d'apaisement qui acheva de la détendre.
"Bon, à ta place, je filerai retrouver le grand chef. Le temps que tu te changes peut-être, j'en profiterai pour lui parler."
Il recula et acheva, avec un sourire malicieux.
"Si tu trouves mon corps décapité, sois gentille et arrange-toi pour que j'aie un enterrement digne de ce nom."

Nymphadora lui adressa un franc sourire amusé.
"Ne t'en fais pas, je me charge de tout promis."
Elle se leva et raccompagna son amie à la porte. Avant qu'il parte, elle le retint par le bras, anxieuse de ce qu'il va dire à Erwan.
"Fais quand même attention à ce que tu vas dire. Tu le connais aussi bien que moi et tu sais qu'il déteste qu'on se mêle de sa vie privé. Promets moi que tu n'iras pas trop loin dans tes propos."

"Promis, sinon je vais te compliquer la tâche."
Kaïtos s'apprêta à partir, mais il se figea avec un sourire.
"Ah, au fait, pour le trouver. Il est là où il se terre dès que ça ne va pas."
Il savait qu'elle avait compris quand une lueur amusée passa dans son regard.
"A la bibliothèque."
Puis, il s'en fut pour achever son travail de médiateur.