Châtiment [Neutre, privé Juliette]

Soren s'était éloigné à cheval. Pour la première fois de sa vie, il chercha de tout son être à contacter les Immortels. Ils se montrèrent sans qu'il aie besoin d'aller dans leur monde. Ils étaient trois. L'un d'eux portait Océane dans ses bras. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement.
"Par les dieux, elle va bien."
"Evidemment. Mais toi, on a enfin réussi à te mettre la main dessus, après toutes ces années."
Le Maître Magicien se redressa sur sa selle.
"Je suis venu pour vous proposer un compromis."
"Tu crois être en position pour le faire?"
"Cela vaudrait mieux pour tous."
"Bien. Parle."
"Relâchez ma fille. Elle est toute petite, à peine trois semaines. Laissez-la tranquille, grandir et vivre sa vie. En échange, je me soumets."
Les Immortels restèrent muet un instant.
"Tu vas être puni pour toutes ces années."
"Je m'en doute."
"Bien, nous acceptons."
L'Immortel qui tenait le bébé se dématérialisa pour aller la rendre à sa mère. Soren et les deux autres rejoignirent le monde des dieux, pour voir ce qui allait lui être fait.

Dans le séjour, Juliette était agenouillé devant le feu de cheminée. Elle avait un cousin serré contre elle. Le sommeil n'avait plus d'effet sur elle depuis que Soren était partit. Elle s'en voulait encore horriblement d'avoir eu une confiance aveugle en Adrian. Malgré le fait que Soren l'ai pardonné, elle culpabilisait encore. Aussi quand elle sentit une présence derrière elle, elle se retourna croyant que s'était Soren.
"So..."
Elle reconnut rapidement l'Immortel qui avait prit Océane. Elle était encore dans ses bras. Il s'approcha doucement d'elle. Elle ne put reculer se trouvant devant le feu. Une fois assez proche de la rouquine, il lui tendit sa fille qu'elle s'empressa de prendre et de câliner.
"Océane... Tu n'as rien... Où est Soren?"

Soren était étendu dans la neige, Naesala piaffant nerveusement près de lui. Le moindre muscle de son corps était douloureux. Il avait passé un temps qui lui avait paru durer une éternité à être torturé. Il l'avait cherché. Pourtant, il n'était pas mutilé, et il n'aurait pas de séquelles. Si c'était douloureux maintenant, il s'en remettrait. Il avait le dos en sang. C'était la seule marque visible du traitement auquel il avait eu droit. Mais il n'en conserverait aucune cicatrice. Un effet du pouvoir qui lui avait fait ça. Le pire de tout était sans doute le fait qu'à présent, il devait être disponible pour les Immortels, et obéir docilement si on lui donnait des ordres. Il conservait une certaine liberté, mais elle avait ses limites.

Juliette était terrorisée et seule. A part prévenir la jeune femme que Soren serait puni, l'Immortel ne lui avait rien dit de plus. Elle avait couru dans la chambre pour s'occuper d'Océane qui était gelée. Elle devait rapidement la changer, la réchauffer et lui donner à manger. Aussi une fois qu'elle fut emmitouflée dans une chaude couverture elle la mit au sein. Puis elle alla à la fenêtre et regarda au dehors.
"Soren..."

Soren aurait bien voulu se relever, mais il avait trop mal pour ça. Il passa le bras dans les rênes de Naesala, qui avait penché la tête vers lui.
"Allez, à la maison..."
L'étalon dressa la tête, agita un peu les oreilles, puis il prit le trot, traînant son maître jusqu'à la maison. Le jeune homme serra les dents. Il avait encore les pensées claires, mais la douleur l'empêchait de faire un mouvement. Ses jambes seraient incapables de le soutenir, même avec la meilleure volonté du monde.

Lorsqu'Océane avait suffisamment mangé, Juliette la mit dans son berceau. Elle n'arrivait pas à se calmer. Elle prit une des capes en fourrure de Soren. Il la prenait quand il faisait très froid et qu'il neigeait comme maintenant. Elle la passa sur ses épaules et ferma la porte à clé derrière elle. Elle fit le tour de la maison et s'aventura un peu autour de la maison cherchant le Maître Magicien.
Quand après de longue minutes elle vit Naesala qui arrivait au trot, elle couru vers l'animal paniquée et le stoppa. Soren tenait fermement les rênes. Il était gelé. Aussi elle passa immédiatement la cape qu'elle portait sur ses épaules et et passa un de ses bras autour de ses épaules pour l'amener jusqu'à l'intérieur.

Soren ferma les yeux quand elle le mit sur le canapé.
"Océane?"
Il voulait avant tout savoir si le bébé était là et en bonne santé. Lui évitait de trop bouger. Le sang avait coagulé dans sa chemise, qui était désormais collée à son dos. Il eut tout de même un léger sourire, voulant la rassurer. Il avait les lèvres à moitié endormies par le froid, sinon il lui aurait tout expliqué.

Juliette s'occupa de ranimer plus le feu. Il devait se réchauffer. Elle s'agenouilla à côté de lui et lui passa une main sur la joue.
"Elle va bien. Elle est dans son berceau en train de dormir."
Avant qu'elle ne se relève elle déposa ses lèvres sur celle de Soren. Elles étaient glacées. Puis elle se leva et se dépêcha d'aller chercher de l'eau chaude, des couvertures et de quoi lui faire des pansements.

Soren tenta de se redresser, sans résultat. Irrité, il resta couché jusqu'à ce qu'il revienne.
"Sept ans de fuite pour en arriver là..."
Il ferma les yeux. D'un autre côté, il n'aurait sans doute pas connu Juliette s'il n'avait pas fui.
"Ils m'ont sévèrement puni."

A ses côtés, Juliette lui enleva sa chemise avec précaution. Elle se mordit la lèvres pour ne pas craquer et fondre en larmes. Elle lui avait jurer un jour de ne lui causer aucun problème. Et qu'est-ce qu'il était arrivé par sa faute? Elle avait faillit perdre les deux êtres qu'elle chérissait par dessus tout. Elle préférait de rien dire. Tous savait qui était la responsable de ce malheur. Une fois qu'elle lui avait enlevé sa chemise, elle lui lava les plaies qui s'étaient rouverte. elle eut un pincement au coeur quand elle entendit Soren grincer des dents. Aussi elle y alla plus doucement. Puis une fois avoir fini, elle lui banda le haut du corps et le força à se rallonger. Il avait encore froid alors elle le couvrit d'une grosse couverture. Ne tenant plus longtemps, elle se leva et prit avec elle ses affaires.

Soren lui envoya une puissante vague d'apaisement.
"Juliette... Ne culpabilise pas trop. Tout va s'arranger maintenant."
Il se redressa sur un coude en grimaçant.
"Le plus important, c'est qu'Océane aille bien et soit en sécurité."

Dans la cuisine, Juliette avait les paumes posées sur le plan de travaille et regardait par la fenêtre. Elle avait de fines larmes qui roulaient sur ses joues. Elle ne supportait pas voir Soren ainsi. Elle serra les poings. Sentait la vague d'apaismenet que lui envoya Soren, elle sentait son corps se détendre. Mais elle n'arrivait pas à chasser ce sentiment de culpabilité. Elle préférait ne pas retourner au salon.

"Juliette..."
Voyant qu'elle ne venait pas, Soren se décida à se lever. Ce fut laborieux. Ses jambes refusèrent d'abord catégoriquement de le porter. Il dut se retenir au canapé, avant de la rejoindre, en essayant d'ignorer sa douleur. Cela s'estomperait de toute façon. Quand il la vit pleurer, il vint la prendre dans ses bras, en dépit de son état.
"Juliette, je survivrai. Océane est en pleine forme et hors de danger. Inutile de pleurer."

Juliette repoussa doucement Soren.
"Va te recoucher s'il te plait. Je sais que tu peux cicatriser avec tes pouvoirs mais je veux que tu te reposes, essaye de dormir."
Elle s'obstina à ne pas le regarder. Elle inspira un bon coup. Et quitta la pièce quand Océane se mit à pleurer. Dans la chambre, elle s'y enferma à clé et prit la petite dans ses bras. Elle avait du faire un cauchemar.
"Shhh, c'est fini mon coeur. Je suis là."
Elle s'installa sur le lit, dans la pénombre.
"Je promets que je ne te quitte plus jamais. Je ne remettrais plus jamais ta vie et celle de papa en danger."
Elle sentit de nouveau ses yeux se remplir de larmes et serra la petite un peu plus contre elle.
"Plus jamais..."

Soren aurait bien aimé la rejoindre en haut, mais il dut bien admettre qu'il n'en avait pas la force. Aussi, il retourna s'allonger sur le canapé, ne pouvant prétendre à mieux pour le moment. Jusqu'au lendemain, il était privé de son pouvoir de régénération, afin que la leçon rentre bien. Et elle était rentrée. Désormais, il était soumis aux Immortels. Il allait devoir s'y faire.