Sang d'encre [Neutre, privé Mayura]

Etant prises de contractions aux ventre plutôt violente Yvaine était allée chercher la guérisseuse au plus vite. Se retrouvant seul avec Kilian, Mayura paniqua. Huit mois était bien trop tôt. Elle avait encore un mois normalement à tenir. Elle avait peur que les craintes d'Alan se réalises. C'est les mains crispées sur son bas ventre et a genoux, que la guérisseuse trouva Mayura. Immédiatement elle avait fait amener la princesse dans la chambre où on s'occupait déjà à lui dégager le bas du corps.
"Vous, fit la guérisseuse à une servante, allez faire prévenir le prince que la princesse est sur le poing d'accoucher."

Quand on vint trouver Alan pour le prévenir que son épouse était en train d'accoucher, il paniqua. Laissant en plan son travail, il fila dans ses appartements retrouver son épouse. Naturellement, on lui interdisait l'accès à la chambre. Il ne l'entendait pas de cette oreille, et tenta d'entrer de force. La guérisseuse finit par sortir, laissant la sage-femme se débrouiller seule avec l'aide de quelques servantes.
"Majesté, calmez-vous!"
"Comment me calmer après ce qui est arrivé à Cassandra?!"
La femme le força à s'asseoir. Il commença à stresser dans son coin. Aussi, elle alla lui préparer un calmant. Kilian, intimidé, fila jusqu'à son père, avant qu'Yvaine le prenne en charge.

Mayura commençait à s'habituer à cette désagréable sensation dans son bas ventre et à la sueur qui perlait le long de sa nuque lorsqu'elle devait pousser. Elle venait de perdre les eaux et commençait à paniquer. Elle avait peur que le bébé ai quelques choses ou qu'elle finisse comme Cassandra.
*Mon dieux... Alan et ces foutues idées!*
Mais ce dont elle avait le plus peur c'était de devenir mère.

Dehors, la guérisseuse faisait avaler une décoction au prince, qui était dans un état de stress impossible. Elle avait presque peur qu'il fasse un malaise.
"Je veux la voir..."
"Pas maintenant, Altesse. Vous ne pourriez que déranger la sage femme, et risquer gros pour votre épouse et votre enfant."
Quand Alan entendit un cri de douleur, il se redressa d'un bond.

Lorsque Mayura se redressa en sentant une vive douleur et qu'elle cria, une servante lui épongea le front.
"Courage Madama, vous y êtes presque."
Mayura souffrait horriblement elle ne pensait pas qu'elle souffrirait tant. Pourtant elle avait demandé à sa mère et cette dernière lui avait dit que cela ne faisait pas si mal. Cela devait être à cause du chocolat qu'elle avait mangé se disait-elle, le bébé a dut grossir.
"Je vois sa tête. Une fois les épaules passer le reste sera beaucoup plus simple!"

La guérisseuse avait beaucoup de mérite de réussir à retenir Alan hors de la chambre. Malgré le calmant, Alan devenait comme fou.
"Elle souffre..."
"C'est un moment difficile. Mais cela passera."
Le prince finit par s'asseoir dans un coin en se tordant les mains. Quand il entendit un grand cri, il sursauta et se leva à nouveau brutalement. Il entendit aussi les pleurs d'un nouveau-né, et il sut que c'était fini. Sa gorge se noua.

Mayura se laissa enfin retomber en arrière après tant de souffrance. Elle respira à plein poumon tendit qu'on la rafraîchissant.
"C'est un garçon! Félicitation Majesté!"
Tandis que la sage femme s'occupa du bébé, Mayura se redressa et on lui enfila une robe de chambre. Puis quand la jeune femme qui tenait le bébé de la princesse s'approcha, Mayura sentit son coeur s'emballer. Elle tendit les bras et elle cueilli son fils dans le creux de ses bras. Dès le premier regard elle crut fondre. Comment ne pas aimer cette petite chose. Etrangement quelque chose de nouveau se créait en elle. Quelque chose qu'elle n'avait jamais ressentit avant. Elle avait l'impression d'avoir réussit à franchir un cap se sentant plus en confiance maintenant qu'elle savait ce que c'était de porter un bébé dans ses bras.
"Faites entrer le prince. Je crois qu'il va être rassuré de voir que nous nous portons bien tous les deux."

Quand enfin la porte s'ouvrit, Alan était au bord de la crise d'angoisse. Il regarda la sage femme, mais celle ci affichait un sourire.
"Votre épouse se porte bien. Elle est juste très fatiguée. Vous avez un magnifique petit garçon."
Elle s'écarta pour le laisser passer. Quand il arriva près du lit, il se laissa tomber à genoux, le coeur gonflé par l'émotion. Le nourrisson était petit et chétif, visiblement fragile, mais il ressemblait pas mal à sa mère, à part par les yeux qu'il tenait plutôt de son père.
"Je suis soulagé..."
Le jeune homme posa son front contre le bras de son épouse.
"Tu vas bien... Et nous avons un splendide petit garçon."

Mayura sourit et regarda au plafond en secouant doucement la tête. Puis elle le regarda et lui passa doucement une main dans les cheveux.
"N'empêche, avec tes bêtise et ton angoisse j'ai tellement stressé que j'ai accouché en avance et je peux te dire que c'est douloureux."
Elle esquissa un sourire en coin. Puis sur le conseil de la sage femme elle mit son bébé au sein.

Alan s'installa près d'elle sur le lit, et se colla contre elle.
"J'ai eu si peur..."
Il l'embrassa fiévreusement. Il se sentait encore tremblant d'angoisse et de stress. Mais il était infiniment soulagé de la sentir contre lui, et de la savoir saine et sauve, bien vivante.
"C'était insupportable de t'entendre souffrir sans rien pouvoir faire..."
Il jeta un regard au petit être qu'elle tenait dans ses bras. Ce nouveau petit prince encore plus fragile que son demi frère ne l'était.

Mayura esquissa un sourire.
"C'est passé maintenant."
Elle caressa doucement la joue de son bébé n'imaginant pas aimer un être aussi chétif dès le premier regard. Cependant elle avait toujours cette hantise de mal s'y prendre et de le faire souffrir. Elle regarda Alan.
"J'aimerais ne pas le confier à une nourrice."

Alan fronça un sourcil.
"Tu es sûre de ça? La guérisseuse a parlé avec la sage femme, et elles ont dit que tu allais avoir un traitement pour te remettre de tes légères blessures. Rien de grave selon elles, tu seras vite remise."
Il regarda Andrew.
"Tu vas avoir besoin de repos... Tu es sûre de ne pas vouloir le confier à Yvaine? Elle fait de l'excellent travail, c'est elle qui s'est occupée de Kilian depuis qu'il a ouvert les yeux."
*Quoique, si jamais le bébé se met entre elle et Kilian, il risque de ne pas apprécier...*

Mayura acquiesça.
"Je veux m'en occuper moi, sûre."
Lorsque Andrew eut fini sa tétée, Mayura referma sa robe de chambre. Elle regarda Alan.
"Tu veux le porter?"

"Euh, je..."
Alan regarda un peu ailleurs, gêné.
"Je n'ai jamais porté de bébé. Vu mon attitude avec Kilian quand il était petit."
Il la regarda.
"Je ne suis pas contre, mais j'ai peur de lui faire mal. Il est si fragile..."

Mayura esquissa un sourire au coin de ses lèvres.
"J'avais aussi peur, mais sans essayer tu ne peux pas savoir comment tu vas t'y prendre."
Elle lui mit doucement Andrew dans les bras. Alan s'y prit très bien et finalement le bébé se blottit contre lui.

Alan était un peu tendu en tenant le bébé. Il lui caressa tout doucement l'arrière de la tête.
"Pour son parrain, j'ai pensé au Roi Emeraude V."
Il se mordit la lèvre. Sa soeur était partie du Royaume pour épouser le souverain d'Emeraude il y avait déjà près de cinq ans. Il ne tenait pas plus que ça à la revoir. Même si à y repenser, il ne voyait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi avec elle.
"C'est l'époux de ma soeur."

Mayura haussa les sourcil avec un petit sourire. A y repenser il ne lui avait jamais parlé de sa soeur. Et elle n'avait jamais entendu parler de sa soeur.
"Tu ne me parle jamais d'elle... Mais c'est une très bonne idées."

"C'est parce que... je ne suis pas en très bon termes avec elle."
Alan sursauta quand le bébé s'étira. Il soupira, se forçant à se détendre un peu.
"Je ne suis pas doué..."
Il tâcha de se détendre un peu. La naissance de Kilian avait été annoncée par des sonneries de cors et de trompes. Il allait devoir faire de même, et prévenir son père de la naissance de ce nouveau petit prince.
"Il te ressemble..."

Mayura sourit.
"Mais il a tes yeux."
Elle se colla légèrement contre Alan et posa son menton sur son épaules. Elle regardait le bébé et lui passa une main dans les cheveux. Ils était aussi blond que les siens.
"Il faudrait le mettre dans son berceau."

Alan acquiesça.
"Et moi, je vais devoir annoncer sa naissance..."
Il se leva et déposa le nouveau-né dans son berceau avec tant de précautions qu'on l'eût cru en verre. Puis, il revint auprès de son épouse.
"Il va falloir que tu restes couchée, peut-être même quelques jours. La guérisseuse va venir pour soigner les blessures que le bébé t'a faites."

Mayura acquiesça.
"Je n'ai pas le choix et pas vraiment l'intention de de me lever actuellement."
Elle se coucha et ferma les yeux.
"En plus de m'épuiser, Andrew m'a fait horriblement sourire."
Elle regarda la plafond avec un grand sérieux.
"Je vais le lui fair payer durant toute sa vie."
Puis elle regarda Alan avec un grand sourire.
"Je plaisante!"

Alan l'embrassa, puis la laissa, le temps d'aller annoncer la nouvelle. Il alla tout d'abord donner l'ordre de faire sonner cors et trompes, puis il alla prévenir son père. Ce dernier lui montra à peine qu'il avait entendu, mais dans son état, c'était compréhensible. Puis, le prince alla chercher Kilian, et l'emmena dans la chambre.
"Me revoilà."
Il adressa un sourire à Mayura, qui ne dormait pas, puis il emmena le petit garçon près du berceau où le nourrisson dormait.
"Voilà ton petit frère."
Le petit prince contempla le bébé un moment, puis il regarda son père en désignant la princesse du doigt.
"C'est pas maman elle."
"Non."
"Alors c'est pas mon frère."
Et il s'en fut en courant, laissant son père fort surpris.

Mayura se mordit la lèvre en écoutant la porte se claquer. Elle avait redouter ce genre de réaction. Mais elle comprenait la réaction du patit garçon. Elle regard Alan avec un triste sourire.
"Il fallait s'y attendre."

Alan avait le coeur serré. A vrai dire, cette situation de conflit entre les gens qu'il aimait le blessait. Il regarda son épouse avec un sourire qui n'avait rien de joyeux aux lèvres.
"Je suis désolé..."
Il regarda le nouveau-né qui dormait, pelotonné dans ses draps, et remonta un peu sa couette sur lui, puis il rejoignit sa compagne qu'il enlaça.
"Je ne comprends pas pourquoi il s'obstine à te refuser de la sorte... Ca me fait mal."