Refus [Neutre, privé Nuala]

Edward parcourait les couloirs d'un air maussade. Il avait les oreilles plaquées contre son crâne. Une journée de plus sous cette apparence monstrueuse. Une journée de plus qui ne valait pas la peine d'être vécue. Neuf ans. Cela faisait neuf ans qu'il était là. Il entendit soudain une agitation inhabituelle, qui le tira de sa morosité. Il avança les oreilles, attentif cette fois. Ces voix... C'étaient des voix humaines! Il s'approcha, alors que justement, on le cherchait. Une bonne vingtaine de femmes étaient conduites dans une vaste alvéole, alors qu'on avait rassemblé les plus beaux mâles, aussi bien insectes que d'autres créatures. Il comprit bien vite ce qu'on attendait d'eux.

Au centre des jeunes femmes se tenait Nuala. Comparée aux autres jeunes femmes, elle était calme en apparence. Elle regarda autour d'elle en détaillant le lieux où elle se trouvait. Elle avait l'air sereine alors qu'en réalité elle était porte de peur. A côté d'elle des femmes qu'elle connaissait mais dont la peur les rendait méconnaissable. Elles tremblaient. Pour certaines, elles étaient maintenant veuves ou orphelines. Nuala regarda ses mains se sentant impuissante et faible. Pour une fois, elle aurait voulu que Gaston soit là.

Quand un garde insecte poussa Edward en avant d'une bourrade sans douceur dans le dos, il se retourna en découvrant ses crocs, babines retroussées, oreilles plaquées en arrière, et lançant un grondement sourd. Il était peut-être ici de force, avec un statut à peine préférable à celui d'un prisonnier, ce qu'il était sans vraiment l'être, mais il voulait tout de même un minimum de dignité et de respect. Lui, ainsi que les mâles choisis furent rassemblés autour des humaines, et on leur expliqua brièvement ce qu'on attendait d'eux dans des sifflements qu'il avait appris à comprendre. Puis, les gardes trièrent les prisonnières, en jetant une dans les bras de chaque reproducteur, et les laissant aller dans l'alvéole libre qu'on leur avait désignée.

Nuala fut prise de panique lorsqu'on la jeta violemment devant une créature hirsute. Elle n'osait relever le regard vers lui et voulu s'enfuir le plus loin possible. Elle ne savait pas ce qu'on attendait d'elles. Elle regarda autour d'elle et constata que par rapport à d'autres jeunes femmes, elle avait eut de la chance. Le monstre devant elle était sans doute le moins monstrueux d'entre tous. La gorge serrée et les les poings serré sur son jupon, elle failli défaillir. Elle releva doucement le regard sur celui devant elle. Lorsqu'elle croisa son regard doré, son pouls s'accéléra mais elle ne le détourna pas pour autant.

Comme Edward resta là à regarder la prisonnière, répugnant à la prendre par le bras comme le faisaient les autres qui quittaient déjà la vaste alvéoles pour d'autres proches et plus petites, où ils se rendaient seuls avec leur victime, un garde s'approcha, et sans douceur, tira sur les vêtements de la jeune femme qu'il avait devant lui. Ils se déchirèrent, la laissant presque nue.
Le jeune homme, sous son apparence bestiale, leva le museau vers le garde. Lentement, il mit les oreilles en arrière, montrant les crocs tout en grondant. Sa réputation de combattant n'était plus à faire, et il avait déjà tué des hommes insectes suite à des rixes. On l'avait rarement puni, mais toujours gardé plus sévèrement à l'oeil pendant un moment. Lorsque le garde s'écarta, il se résigna, et posa sa grosse patte griffue sur l'épaule de la pauvre jeune femme, qu'il tira avec lui à l'extérieur, en direction de l'alvéole qu'on lui avait assignée.

Nuala plaqua ses mains contre sa poitrine pour tenir encore le peu de vêtements qu'il lui restait. Elle prenait sur elle malgré la terrible gêne qu'elle ressentait et l'angoisse qui commençait à se voir dans ses yeux. Lorsqu'il déposa sa patte sur son épaule, Nuala sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle fut violemment jetée à l'intérieur de l'alvéole. Elle se redressa immédiatement peut rassurée du sort qui l'attendait. Elle commençait à comprendre de plus en plus. Elle recula jusqu'au mur, faisant face à la bête qui s'approchait d'elle.

Edward s'assura que l'alvéole s'était bien refermée derrière eux, puis il s'approcha de la prisonnière. Faire cela le rebutait atrocement. D'où venait-elle? Qu'était-il arrivé aux siens? Comment autant de femmes avaient-elles pu être prises sans intervention? Et surtout, pourquoi avoir cette soudaine fièvre de concevoir de nouveaux hybrides, d'agrandir l'armée en faisant naître plus d'hommes insectes? Il frissonna en songeant à ce qui attendait Enkidiev. Parvenu juste devant la jeune femme, il la renifla de loin. Elle sentait la peur, comme si cette peur suintait par tous les pores de sa peau. Il ferma les yeux un moment, puis tendit la patte et lui arracha ses vêtements, avant de la faire culbuter au sol sans douceur, mais sans grande violence non plus. S'il fallait le faire, autant que ce soit vite bouclé.

Nuala avait mal au coeur tellement il battait. Lorsqu'elle fut au sol, elle regarda rapidement autour d'elle une échappatoire. A part l'entrée, il n'y avait pas d'issue. Quand il s'approcha elle recula. Ironie du sort, elle aurait préféré que se soit Gaston à ce moment là. Au moins elle aurait su à quoi s'attendre avec lui.
"N'a-approchez pas!"

Edward se mit à quatre pattes et avança lentement vers elle. Il n'avait jamais vu de femme nue de sa vie. Il prit rapidement le temps de la détailler. Elle était belle. Il se sentit coupable de ce simple acte. Il baissa le museau et secoua la tête. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas faire ce qu'on attendait de lui, et encore moins admettre de laisser ces pauvres femmes se faire engrosser pour mettre au monde des monstres hybrides. Il leva son regard doré vers la prisonnière. Il n'avait plus l'habitude d'utiliser des mots pour communiquer. Les hommes-insectes n'en utilisaient pas, ils sifflaient de manière plus ou moins aigüe pour se faire comprendre. La plupart du temps, il grondait, hurlait, aboyait, jappait, ou même sifflait, seul moyen pour se faire comprendre des créatures qu'il côtoyait.
"Vous... n'avez rien à craindre de moi."

En entendant la voix grave, légèrement caverneuse de la bête, elle frissonna. Cela accentuait sa peur. Il ne lui inspirait aucune confiance. Elle avait l'impression d'être en plein cauchemar. Contre le mur elle se redressa et plaqua ses mains sur elle. Son regard la mettait mal à l'aise. Presque le même que son époux. Où était-il d'ailleurs lui?!
"Ah oui?! Ce n'est pas vous qui m'avez jeté ici et arraché mes vêtements?"
Elle détourna le regard en se mordant la lèvre.
"Qu'est-ce que vous comptez faire?"

Edward émit un grondement sourd. Il alla jusqu'à elle, debout cette fois, et colla son museau à quelques centimètres du visage de la jeune femme.
"Vous faire taire à jamais si vous ne la mettez pas en veilleuse."
Il se détourna brusquement. Comment sortir d'ici...
"Rhabillez-vous."

Nuala ne dit plus rien, ne voulant pas le mettre en colère. Elle alla à ses vêtements, ou du moins ce qu'il en restait et se rhabilla. Puis une fois habillée, elle se mit dans un coin, et regarda celui qui l'avait épargné, pour l'instant, en détail. Elle constata qu'il avait des attitudes humaines dans son comportement. Comment est-ce qu'une telle créature pouvait exister. Elle savait pour les hommes insectes mais n'avait jamais entendu parler de ce genre de créature. Lorsqu'il se retourna brusquement vers elle, elle sursauta. Puis il détourna de nouveau le regard.

Edward faisait les cent pas. Les alvéoles étaient bien isolée du bruit entre elles, mais son ouïe plus développée percevait aisément les cris de terreur et de douleur des femmes livrées à leurs bourreaux reproducteurs dans les pièces à côté. Il ferma lentement les yeux, rejetant les oreilles en arrière. Il ne pourrait pas sortir avec elle... A moins... Il se retourna vivement pour l'observer. Ca n'allait pas lui plaire, mais c'était la seule solution. Après tout, ils voulaient que les humaines soient fécondées rapidement... Cela pouvait marcher.
"Ca ne va pas vous plaire, mais je ne vois pas d'autre moyen."
Il s'approcha.
"Pour sortir d'ici, il va falloir passer les gardes. Pour cela, je vais devoir vous traîner derrière moi, un peu comme un sac ou un fardeau. Je suis navré de ne pouvoir faire autrement, mais vous allez devoir jouer le jeu."

Nuala sentit son corps se glacer. Cela n'était pas pire que ce qu'elle avait dut supporter depuis des années ou même en ce moment. Et puis si c'était le seul moyen pour sortir. Mais pourquoi voulait-il l'aider? Elle ne lui avait rien demandé pourtant. Elle se mordit la lèvre craignant que cela ne fonctionne pas. Elle ferma les yeux, ne pouvant faire autrement elle acquiesça.
"C'est entendu. Dites moi ce que je dois faire."

Edward s'écarta à nouveau, et se gratta derrière l'oreille avec des manières qui n'avaient rien d'humain. Puis, il se releva.
"Faites comme si vous étiez terrorisée. Il va falloir que je fasse comme si je n'arrivais pas à vous..."
Il se tut un instant, gêné de sortir ça de la sorte.
"... féconder ici, et que je doive prendre d'autres dispositions. Je ne vous ferai rien, donc même si j'agis étrangement, jouez le jeu."
Il attendit encore un peu, puis alla la prendre par la jambe. Il la traînerait ainsi. Il alla ouvrir l'alvéole, et sortit.

Nuala n'eut pas de mal pour avoir l'air terrorisé même si elle l'était moins en présence de son protecteur. Elle s'étonna elle même lorsqu'elle réussit à pleurer.

[DSL je ne sais pas quoi mettre d'autre]

Les gardes regardèrent la scène d'un air froid, mais avec force cliquètements de mandibules. Edward trouva presque ça trop facile. On finit par le stopper. C'était un insecte imposant à la carapace luisante, qui commandait plusieurs groupes. Il le questionna sur sa conduite avec force sifflements. L'homme loup dut répondre à peu près de la même façon. Après un rapide examen de la jeune femme, on le laissa quitter les lieux.
"Maintenant, on va chez moi. C'est un peu loin."
Quand ils furent assez loin à l'extérieur, il la laissa se relever.

Nuala se calma lorsqu'ils firent hors de danger immédiat. Elle regarda derrière elle et s'essuya les larmes. Puis elle se releva. Elle regarda ses vêtements. Ils ne étaient bien déchirés, lui recouvrant que le stricte minimum. Elle regarda l'homme loup. Il était différent des autres. Elle ressentait moins de peur mais toujours aucune confiance. Si cela se trouvait, il allait abuser d'elle une fois chez lui. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Elle regarda de nouveau derrière elle. Elle se passa les bras autour d'elle en laissant échapper un soupire d'effroi. Toutes ces pauvres femmes... Elle regarda son protecteur.
"Merci."

Edward souffla bruyamment, ce qui pouvait passer à la fois pour un soupir, et une façon de répondre "de rien".
"Nous ne sommes pas encore tirés d'affaire. Venez."
Il se mit à quatre pattes pour marcher, n'ayant pas envie de progresser en bipède. C'était plus aisé ainsi.