Rien que l'essentiel [Neutre, privé Nuala]

Déjà trois mois étaient passés. Edward pensait chaque jour à un moyen de sauver les autres humaines, mais c'était peine perdue. Alors, il pensait surtout à sauver Nuala. En ce début de soirée, il rentrait chez lui, avec de bien mauvaises nouvelles à annoncer à sa protégée. C'était la mine sombre qu'il pénétra dans son domaine.

Au bout de trois mois, la peur et l'angoisse avaient été remplacer par la confiance et de la sympathie dans le coeur de Nuala pour son protecteur. Elle avait trouver en lui quelqu'un de plus touchant que les apparences et était désormais certaine que sous sa fourrure se cachait un coeur. En trois mois, Nuala avait aussi réussit à s'adapter à la vie dans la caverne. Elle ne se plaignait jamais s'estimant heureuse du sort que lui avait réservé l'homme loup. Ce jour là lorsqu'il revint avec une triste mine, Nuala s'inquiéta. Elle alla à lui.
"Ca ne vas pas?"

"Pour moi si. En revanche, je n'en dirait pas autant des humaines..."
Edward alla s'asseoir devant le feu qui brûlait presque toujours, car la jeune femme en avait besoin. Il ne lui avait rien révélé de son histoire et de son sort. Il était trop renfermé sur lui-même pour cela.
"La bonne moitié d'entre elles attendent des hybrides."
Il serra le poing jusqu'à en faire craquer ses phalanges.
"Des créatures ignobles... Pour ce qui est du reste, ils ont décidé d'essayer encore, puis de les utiliser à d'autres fins."

Nuala écarquilla les yeux et plaqua ses mains sur ses lèvres. Ses amies... Elle n'osait imaginer leur situation actuelle et ce qu'elles devaient ressentirent.
"Des monstres... Comment comptent-ils les utiliser si cette deuxième tentative échoue?"

Edward plaqua ses oreilles sur son crâne, signe de gêne, de tristesse ou de colère chez lui.
"Les asservir je suppose... Dans un premier temps."
Il tourna la tête vers la jeune femme, puis détourna le regard.
"Tu es comprise dans le second lot. Ils savent que tu es ici, et que tu n'as pas conçu d'hybride. Le temps file..."

Nuala fit un pas en arrière surprise, perplexe et effrayée. Elle ne quitta pas l'homme loup des yeux.
"Mais comment ont-ils sut?"
Elle détourna le regard. Elle n'avait jamais quitter la caverne ces trois derniers mois. C'était impossible. Et puis il y avait plus important.
"Que comptes-tu faire de moi?"

Edward émit un grognement.
"Tu crois que je serai capable de te faire du mal?"
Il secoua la tête.
"Je ne sais pas comment, mais ils savent. C'est tout."
Il se releva.
"La seule chose à faire, c'est de trouver rapidement un moyen de te sauver."

Nuala baissa le regard. Elle se sentait gênée d'avoir douter de lui.
"Comment faire?"
Elle le regarda.
"Si ils savent que je suis ici ça veut dire qu'ils peuvent venir me chercher d'une minute à l'autre et ..."
Elle frissonna et passa ses bras autour d'elle en baissant le visage et fermant les yeux. Rien qu'en repensant à ces horribles créatures elle se sentait mal. Alors imaginer qu'une d'elle la touche. Elle gémit doucement.
"J'ai peur..."

Edward ne savait pas trop comment réagir. Il appuya sa tête contre son dos.
"Je suis là. Ils ne te feront pas de mal."
Puis, il s'écarta à nouveau. Il n'était pas démonstratif.
"Un moyen de traverser les flots..."
Il n'y avait qu'un moyen, c'était le bateau. Il pouvait s'en procurer un, mais il fallait trouver des gens de confiance pour le diriger, et c'était là tout l'épineux de la question.

Nuala ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Elle était totalement perdue. Elle marcha lentement près du feu. Tout allait si bien pourtant. La protection de son ami lui avait permit d'échapper une première fois à l'acte barbare qu'était la conception d'hybrides. Mais est-ce que son aide allait encore lui être utile une deuxième fois où est-ce qu'ils finiraient par mettre la main sur elle. Devant le feu, elle se laissa glisser contre le mur.
"Autant me rendre..."

Edward se mit à gronder.
"Tu crois que j'ai agi comme ça durant trois mois pour que tu te rendes maintenant?"
Il alla mettre de quoi manger sur la table avec humeur.
"Cesse de dire des sottises et viens manger."

"Je n'ai pas faim."
La jeune femme passa ses bras autour de jambes qu'elle tira vers elle. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur. Elle commença à grelotter légèrement. Et personne d'Enkidiev qui venait la sauver. Même pas Gaston. Cela faisait pourtant trois mois maintenant. Elle regarda son ami l'homme loup. Elle ne savait toujours pas son prénom. Elle esquissa un triste sourire.
"Excuse-moi, je ne mangerais pas."
Le visage plus grave, elle posa son front sur ses genoux et ferma les yeux.

Edward lui lança un regard sévère.
"Tu ne vas pas te laisser dépérir quand même!"
Il grogna, contrarié. Il laissa de quoi manger sur la table, si elle avait faim. Puis, il jeta un oeil dehors. La nuit était tombée. Il referma la porte, qu'il barricada comme chaque nuit.
"Dans ce cas, couche-toi, ça ira mieux demain. Il y a de quoi manger sur la table si tu as faim en te réveillant."

Nuala acquiesça. Elle lui était reconnaissante pour tout ce qu'il faisait pour elle. Elle avait l'impression qu'il ne comprenait pas la peur qui la hantait ou alors qu'il ne voulait pas comprendre pour garder la tête sur les épaules et trouver un moyen de l'aider. Elle esquissa un sourire en le regardant manger de la viande. Jamais quelqu'un n'avait été aussi bon avec elle. Il ne méritait pas ce corps plein de poils et de griffes.

Edward la suivit du regard quand elle alla s'étendre sur sa couche qu'il lui laissait chaque soir, se couchant lui à même le sol plus loin. Il passa une bonne partie de la nuit à veiller sur son sommeil en réfléchissant au moyen de la sortir de là. Quand il la vit grelotter, il hésita, puis se leva et alla s'étendre contre elle sur la couche. Il posa sa grosse tête de bête près d'elle, et il la sentit qui se réveillait à ce contact. Au moins, elle n'avait plus froid.
"Edward, grommela-t-il à son attention. Je m'appelle Edward."

Nuala n'était tout à fait consciente mais elle entendait la voix de son protecteur. Lorsqu'il lui avoua son prénom, elle esquissa un sourire et passa un bras autour de son cou. Son corps contre le sien la réchauffait mais la rassurait aussi. Elle lui passa doucement une main dans son poil gris argenté puis cessa redoutant que cela le mette en rogne.
"C'est beau comme prénom."

Un léger sourire s'invita sur les babines de la bête.
"Merci..."
Il battit de la queue comme un bon gros chien à sa caresse hésitante dans ses poils. Il aimait bien ce contact.
"Est-ce que je te dérange?"
Il releva la tête. Il ne voulait pas la déranger dans son sommeil ni dans son intimité.

Nuala garda les yeux fermés et un sourire aux lèvres. Elle lui caressa doucement les oreilles.
"Non, tu ne me déranges pas du tout."
Elle remarqua que la voix d'Edward se faisait moins grave que d'habitude. Elle avait changé. Nuala hésita un instant puis lui posa une question qui lui brûlait les lèvres.
"Est-ce que je peux te prendre dans mes bras?"

Edward lui lança un regard en coin.
"Si tu veux..."
Il lui donna un petit coup de museau affectueux. Il était peut-être un peu trop démonstratif ces derniers temps, et surtout ce soir. Il ne manquait plus qu'ils s'attachent trop l'un à l'autre pour souffrir de leur séparation prochaine.
"Si ça peut t'aider à calmer la peur qui te noue le ventre..."

Nuala acquiesça et passa ses bras autour du cou d'Edward. Elle le serra contre lui. Immédiatement elle se sentait étrangement mieux. Elle enfouit son visage dans son pelage et le caressa du bout des doigts. Plus sereine et ayant plus chaud, elle ne tarda pas à s'endormir contre lui.