Un certain mari [Neutre, privé Nuala]

Plusieurs mois avaient passé depuis leur installation. Les affaires de l'un comme de l'autre marchaient très bien, et ils pouvaient peu à peu se permettre de plus en plus d'achats. Edward rentra avec des planches ce jour-là. Quand il vit le regard curieux de sa compagne, il sourit.
"C'est une surprise, ne pose pas de questions."

Dans sa boutique, Nuala regarda Edward passer devant elle avec les planches. Comme il le demandait elle ne dit rien. Cependant cela avait encore éveillé sa curiosité. Elle laissa la chemise qu'elle confectionnait pour un bourgeois de côté et suivit Edward.
"Tu n'aurais pas dut dire ça. Je suis curieuse. Que vas-tu en faire?"

"Un berceau."
Voyant son air étonné et perplexe, il éclata de rire.
"Non, quelque chose d'utile. Ca ira avec mon autre surprise."
Il lui déposa un baiser sur les lèvres.
"Mais dis-moi, tu n'es pas censée travailler?"

Nuala fronça les sourcils. Elle aimait les surprises mais ne pouvait s'empêcher de tout faire pour savoir ce qu'on lui faisait comme surprise.
"Si, mais ça peut attendre. Allez dis moi ce que c'est..."

Edward croisa les bras et la contempla avec un léger sourire au coin des lèvres.
"Inutile d'insister, tu ne sauras rien."
Il lui indiqua sa boutique d'un mouvement de menton.
"Allez file, ou tu n'auras rien du tout."

Nuala soupira et alla dans sa boutique. Cependant une fois dans la boutique elle passa sa tête par le cadrant de la porte pour voir où irait Edward avec les planches. Malheureusement il n'avait pas bougé et regardait Nuala les bras croisés.
"Bon d'accord, j'y vais."
Elle referma la porte et retourna à sa chemise.

Edward lâcha un soupir amusé et secoua la tête. Puis, il prit les planches et alla travailler dehors, non sans avoir caché le sac qu'il avait emmené en même temps. Il allait lui faire une petite bibliothèque, où elle pourrait mettre les livres qu'elle avait déjà, et ceux qu'il venait de lui acheter. Il travailla un bon moment, avant de cacher le meuble non achevé pour ne pas qu'elle le trouve. Puis, il rentra pour boire quelque chose.

Nuala venait de finir de coudre le col de sa chemise quand un nouveau client entra dans la boutique. Immédiatement elle laissa l'habit et se retourna pour accueillir le nouveau venu. Son sang se glaça en reconnaissant tout de suite Gaston. Un homme très grand à l'apparence d'un ours. Les mains gantées et comme presque toujours son arc sur le dos. Les cheveux noirs attaché en arrière et son regard vicieux planté sur Nuala. La jeune femme eut le reflex de reculer lorsqu'il avança. Il n'avait pas l'air enchanté de la retrouver. Le fait qu'elle l'ai oublier pour refaire sa vie ne devait pas lui convenir.
"Je t'ai enfin retrouvé traînée."

Quand Edward revint de la cuisine, il entendit la voix menaçante qui provenait de la boutique. Il s'y rendit immédiatement. Un homme visiblement courroucé menaçait Nuala.
"Vous là! Sortez d'ici!"
L'inconnu se retourna vers lui.
"Je vois que tu ne t'es pas gênée..."
Il s'approcha. Le jeune homme avait l'impression d'être un gringalet par rapport à lui... Mais un gringalet avec des pouvoirs. L'autre lui colla un coup de poing en pleine figure. Immédiatement, Edward l'attrapa par le col et le souleva de terre.
"Levez encore une fois la main sur moi, ou sur Nuala..."
"Je suis dans mon droit."
"Qui êtes vous?"
"Je suis le mari de Nuala."
Le jeune homme en resta bouche bée, et le relâcha.
"Son... mari..."
Le coup de poing qu'il se prit dans l'estomac l'étendit au sol.

"Edward!"
Paniquée, Nuala se plaqua les mains sur la bouche laissant échapper un cri lorsque Gaston frappa Edward. Elle se précipita sur Edward qui ne se relevait pas.
"Erdward..."
Elle sentit un désagréable frisson lui parcourir le corps en sentant Gaston derrière elle. Elle se retourna, toujours agenouillée à côté de son amant.
"Tu es un monstre Gaston!"
La réaction ne se fit pas attendre et elle reçu une gifle. Elle avait l'impression qu'il lui avait arraché la moitié du visage.
"La ferme!"

Edward eut un hoquet. Il cracha du sang. Son ventre lui faisait horriblement mal. Le coup qu'il avait reçu était loin d'être délicat.
"Nuala... Dis moi que ce n'est pas vrai..."
Il se redressa péniblement. Il avait l'impression que tout s'écroulait sous lui.
"Pourquoi tu m'as menti?"

Nuala avait les yeux remplit de larmes.
"Parce que je ne voulais pas que tu me rejettes..."
Gaston poussa un soupire.
"Mensonge ou pas tu es moi."
Il la tira vers lui et la plaqua contre lui, la forçant à le regarder.
"Et tu vas venir avec moi."
"Jamais!"
"Tssss, c'était pas une question..."

Toute envie de combattre avait quitté Edward. La peine et le doute envahissaient son coeur. De quel droit pouvait-il empêcher cet homme de reprendre son épouse? Il n'était que l'amant... Une foule de questions angoissantes se pressaient dans son esprit. Il se prit la tête entre les mains, tâchant de ne pas y penser. Il fut pris d'un nouveau hoquet, plus violent cette fois, et il vomit du sang sur le sol parqué.

Voyant qu'Edward était au plus mal de sa forme, Nuala éssayait de se défaire de l'étreinte de Gaston.
"Edward! Gaston laisse moi!"
Sans rien dire, il la mit sur son épaule et sortit. Bien plus légère et sans force Nuala ne pouvait pas se débattre et aller aider Edward. Une fois que sa monture, Gaston plaça Nuala devant lui sur la selle. Il n'eut pas de mal à l'empêcher de descendre et de se débattre. Puis il lança son hongre au galop alors que en larme Nuala criait le prénom de son bien aimé en espérant qu'il vienne l'aider.

Edward resta prostré dans la même position. Et si tout ce temps, elle l'avait berné? S'il n'avait été qu'un substitut en attendant qu'elle retrouve son mari? Pourquoi ne lui avait-elle rien dit? Toutes ces questions tournaient dans sa tête, ne lui laissant pas le moindre répit. Il ferma les yeux, recrachant encore régulièrement du sang. Plusieurs heures plus tard, il se releva, le coeur en miettes. Il alla fermer la porte de la boutique, jetant un regard vide sur la robe qu'elle préparait il y a quelques heures encore. Il sentit les larmes lui monter aux yeux, et il alla jusqu'au séjour. Là, il se laissa tomber sur le canapé. Son regard s'attarda sur un livre traînant devant la cheminée. Il le prit. Une page était cornée à l'endroit où elle avait arrêté sa lecture. Il resta un moment à parcourir les lignes d'un oeil absent, sans vraiment les lire. Puis, il monta dans la chambre. Il se coucha dans leur lit, et saisit la nuisette de Nuala. Il y enfouit son visage, finit enfin par pleurer, et se roula en boule dans le lit en se demandant pourquoi les dieux l'avaient ainsi puni.