Dans la tourmente [Neutre, privé Xaïne]

Curieux, Galadriel souhaitait voir les Royaumes du Nord. Aussi, après être passé en Shola, il s'était dirigé vers le Royaume des Esprits. Il paraissait qu'il n'y avait absolument rien, à part un ou deux clans isolés dans des endroits protégés des intempéries par des sortes de barrières magiques. Il savait que par le passé, un Immortel entretenait ce peuple, mais qu'il les avait par la suite laissés tomber, et ils avaient dû rejoindre un autre Royaume. Mais des années plus tard, certains groupes étaient revenus, et avaient bénéficié de l'aide d'Immortels pour retrouver leur territoire à certains endroits précis.

Dans la plaine enneigée, Xaïné était étendue de tout son long. Elle était à bout. N'ayant pas mangé depuis un moment, ni but, elle n'avait plus la force pour continuer sa route. Le visage dans la neige, elle était sur le point de sombrer dans l'inconscience.

Quand son cheval s'agita, le jeune homme en chercha la cause. Il vit bientôt une forme humaine couchée par terre dans la neige. Sachant le danger encouru, il sauta à bas de sa monture, et alla s'accroupir près de l'inconnu. Il posa doucement sa main sur son dos.
"Vous m'entendez?"
Aucune réponse. Il fit doucement rouler le corps sur le côté. Ce n'était pas une humaine. Mais il ne fit pas un mouvement de recul face à cet être hybride.
"Tenez bon, ça va aller."

A bout de force, Xaïne de protesta pas quand elle sentit qu'on la porta. Elle était frigorifiée. A cause du vent elle avait perdu la couverture trouée qui lui servait de protection. Elle ne sentait plus ses doigts et encore moins ses orteils. Pourquoi on l'aidait? Elle était différente... un monstre... Lorsqu'elle reprit connaissance, elle paniqua et essaya de se dégager du mieux qu'elle put avec peu de force de celui qui la tenait contre elle. Elle avait peur de ce qu'on pouvait lui faire subir.

Galadriel resserra un peu son étreinte sur la jeune femme.
"Ne vous agitez pas..."
Il la hissa devant lui sur son cheval. L'animal protesta un peu, ayant déjà du mal avec un cavalier et tant de neige.
"Désolé Alcazar, il va falloir faire avec."
Il l'enveloppa dans sa cape et dans une couverture, afin de lui tenir chaud. Maintenant, il devait rapidement trouver un village protégé. Il talonna son cheval, qui partit d'un bon pas.

Xaïne était plus que méfiante. Elle n'aimait pas les humains. Ils ne lui voulaient que du mal. En se débattant elle le griffa au visage. Lorsqu'il l'enveloppa dans sa cape et une couverture, elle avait plus en plus de mal à s'agiter. Aussi elle se résigna et ferma les yeux en poussant un léger gémissement. La queue entre les jambes et les oreilles plaquées sur le crâne, elle ne pouvait que espérer qu'il ne lui fasse pas de mal.

Ils errèrent durant des heures dans la tempête avant d'enfin trouver une enclave magique, où il faisait aussi bon que par un calme jour de printemps. Ils auraient besoin d'être hébergés. Aussi, Galadriel dirigea sa monture vers des chaumières. En même temps, il découvrit la jeune femme afin qu'elle n'aie pas trop chaud.
"Ca devrait déjà aller mieux."
Il hésita, puis lui cacha les oreilles.
"Je ne sais pas comment ils vont réagir, mais on doit être hébergés quelque part."

Xaïne garda le visage baissé. Elle était timide et peureuse de nature. Elle passa ses bras autour d'elle. Elle avait moins froid mes ses lèvres étaient encore bleues. Elle plaqua comme d'habitude ses oreilles sur le crâne. Son coeur battait horriblement vite. L'attitude de l'individu lui rappelait celle de maître Isandar. Elle osa relever le regard vers lui. Elle fut étonnée de voir que comme elle il était différent. Il avait les cheveux vert et quelque chose en lui, lui indiquait qu'il était bien différent des autres humains. Quand il baissa son regard sur elle, elle sursauta et baissa le sien immédiatement.

Galadriel sentait bien que l'hybride était mal à l'aise. A ce qu'il savait, les habitants de ce Royaume n'avaient rien contre eux. Mais il préférait être sûr. Aussi, quand il atteignit les premières maisons et que des villageois vinrent vers eux, il leur cacha l'identité de la blessée.
"S'il vous plaît, nous aurions besoin d'un toit et du couvert. Je suis prêt à payer, mais mon amie ici présente était en train de geler dans la neige, elle en a grand besoin..."
Rapidement, un homme accepta de les prendre chez lui.

Une fois à terre Xaïne suivit de près son protecteur. Elle avait un peu de mal à marcher mais faisait de son mieux pour ne pas être un poids. Elle garda le visage couvert et fit attention à ce que l'on ne voit pas sa queue. Elle avait peur de revivre la même mésaventure qu'à Shola.

Galadriel donna une pièce d'argent aux paysans. C'était beaucoup déjà, alors qu'ils ne demandaient rien. Le jeune homme demanda à ce qu'on leur apporte simplement de quoi manger, et qu'on le laisse s'occuper de la jeune femme. Le couple ne protesta pas, au contraire. Une fois seuls dans une modeste chambre d'amis, le prince la fit s'installer sur le lit.
"Moi, c'est Galadriel. Comment tu t'appelles?"
Il se permettait un peu de familiarité en partant du principe qu'il voulait se montrer amical.

Xaïne n'osait pas lever le regard. Une fois dans la chambre, sur le lit, elle garda la couverture sur elle. Elle voulait lui répondre, mais comment. Elle ne savait pas comment dire son prénom. Elle le regarda et ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Puis elle soupira et baissa de nouveau le regard. Son ventre recommençait à gronder. Elle mourait de faim.

Galadriel pencha un peu la tête.
"Tu es muette?"
Il lui posa la main sur la jambe d'un geste apaisant.
"Tu comprends ce que je te dis?"

L'hybride hocha de la tête. Elle le comprenait mais n'était pas muette. Elle ne savait pas comment faire pour parler, mais comment lui dire. Mieux valait qu'il pense qu'elle était muette, c'était peut être plus simple. Isandar avait aussi crut cela. Elle chercha du regard quelque chose pour écrire. Elle avait un prénom. Isandar lui en avait donné un. Elle voulait qu'il le sache. Elle se tourna vers lui et d'un geste du poignet lui indiqua qu'elle voulait écrire.

Galadriel chercha de quoi écrire dans son sac, et lui donna un petit bout de parchemin, ainsi qu'une plume et un encrier. Il était étonné qu'elle sache écrire. Cependant, il la trouvait adorable avec ses petites oreilles de chat. Il la regarda faire avec un sourire.
"Je vais te chercher à manger, comme ça ils ne sont pas obligés de monter. Je reviens, ne bouge pas."
Il fila, pour revenir vite avec un plateau de nourriture.

Xaïne profita de l'absence de Galadriel pour écrire sur une feuille son prénom. Elle ne savait pas écrire grand chose mais se donnait du mal pour bien écrire. Elle ne pouvait pas faire plus. Isandar lui avait apprit à écrire quelques mots et à dessiner, mais rien d'autre. Elle connaissait aussi beaucoup d'histoire mais était incapable de les raconter. Quand la porte s'ouvrit, elle remit de nouveau son capuchon sur la tête et plaqua ses oreilles sur le crâne. Elle se retourna. C'était Galadriel.

"J'espère ne pas avoir été trop long. Tu dois avoir faim."
Le repas qu'il apportait était modeste, mais copieux. Visiblement, la pièce d'argent avait fait son effet. Il lui déposa le plateau devant elle.
"Il y a de quoi boire, et de quoi manger."
Elle lui tendit le parchemin, et il le prit. Il déchiffra ce qui était écrit.
"Xaïne? C'est ton nom?"

Xaïne hocha vivement la tête. L'odeur des mets vint lui émoustiller le palais et l'attira vivement. Toujours sur le lit, elle commença à manger avec les doigts. Elle fit très attention à ne rien mettre à côté et à manger le plus proprement possible. Ce n'était pas son plat préféré, mais elle s'en contenterait. Tant qu'elle pouvait manger à sa faim et se remplir l'estomac. Quand elle vit le verre de lait, elle se précipita dessus et le vida. C'était horriblement délicieux. Depuis combien de temps n'en avait-elle pas bu?

"C'est un beau nom."
Galadriel la regarda manger en silence. La conversation allait être difficile, sauf s'il comprenait ses gestes. Quand elle eut fini, il lui adressa un sourire.
"C'était bon?"

Xaïne acquiesça. Elle prit le bout de papier et y griffonna quelque chose. C'était un merci. Elle voulait le remercier mais ne savait pas comment. Personne à par Isandar n'avait été aussi gentil avec elle. Elle se leva et lui donna le mot. Puis elle passa ses bras autour du sien et se blottit contre lui en ronronnant timidement. C'était une des façons les plus éloquente de lui faire comprendre qu'elle lui était reconnaissante.

Galadriel fut surpris. Il la regarda.
"Tu ronronnes?"
Elle avait des attitudes très félines.
*Ca doit être amusant de la voir faire sa toilette...*
Il sourit mais chassa cette pensée de son esprit. Il lui gratta doucement sous le menton.
"Tu aimes ça?"

Xaïne leva la tête et ferma légèrement les paupières. Elle aimait qu'on lui gratte le menton et surtout qu'on la caresse derrière les oreilles. Elle ressemblait bien plus à un chat à l'apparence humaine qu'à une humaine à l'apparence de chat. Elle se blottit contre le jeune homme en faisait lentement onduler sa queue. La jeune hybride aurait voulu lui parler et avoir une discussion normale avec lui, mais ce savoir dont elle ne disposait pas l'en empêchait.

Galadriel s'enhardit à lui effleurer les oreilles du bout des doigts. C'était une sensation étrange. Il les caressa doucement. Quand elle ronronna plus fort, il en déduisit qu'elle aimait ça, et il la gratouilla derrière les oreilles.
"Je ne vois pas pourquoi les gens ont peur de toi. Tu es adorable."
Il sourit.
"Un vrai concentré d'affection."

Xaïne sourit déposa un baiser dans le cou de Galadriel à la manière des chats. Avec un petit coup de museau. Ici, de nez froid. Quand on frappa à la porte, elle sursauta et se cacha derrière son protecteur. Si lui l'acceptait comme elle l'était, cela ne pouvait pas être le cas de tout le monde.

Galadriel la rassura.
"Tu ne risques rien avec moi."
Puis, il regarda la porte.
"Entrez."
C'était la paysanne qui venait récupérer le plateau.
"Vous n'êtes pas obligée..."
"Mais si, vous vous êtes montré très généreux..."
"Ce n'est pas la peine."
La femme se figea en voyant Xaïne.
"Par les dieux... C'est... une hybride?"
"En effet. Mais elle est douce et inoffensive, croyez moi."
Un sourire hésitant vint étirer les lèvres de la paysanne.
"Elle est mignonne."