Désir et refus [Neutre, privé Aléa]

Les nuits étaient glaciales. Heureusement que les cheminées marchaient bien. Aléa appréciait la chaleur du corps de Chess dans son lit. Depuis quelques temps, une question lui trottait dans la tête. Dans les bras de l'homme, Aléa se lança enfin en redressant la tête vers lui.
"Ca fait un moment qu'on est ensemble maintenant. Je me sens bien avec toi."

Chess sourit.
"Moi aussi. C'est tellement agréable d'être attendu en rentrant et de ne pas avoir à dormir seul."
Il lui déposa un baiser sur les lèvres.
"Il y a juste le comportement d'Odin qui me travaille..."

"Je crois qu'il ne m'a jamais vraiment apprécié. Et maintenant, il a l'impression que je lui vole son père. Je ne lui en veux pas."
Aléa resta silencieuse un moment.
"Tu sais..."
Elle ne savait pas vraiment comment si prendre pour lui parler de ça.
"Je me demandais si tu accepterais d'avoir un enfant avec moi."

Chess ne s'attendait pas trop à ça. Il la regarda, étonné.
"Tu veux qu'on aie un bébé ensemble?"
Il comprenait dans un sens, elle était jeune. Vouloir un enfant était normal. Mais il repensa à ce qui était arrivé à Zofia. Morte en donnant naissance à un bébé mort-né... Il ne supporterait pas de perdre Aléa de la même manière. Il secoua la tête.
"Non. C'est hors de question."
En réalité, il venait de dire tout haut ce qu'il pensait par rapport à la mort de sa nouvelle compagne.

"Je voulais oui, mais si tu ne veux pas, ce n'est pas grave."
En fait, ça la rendait triste.
"Non, je ne peux pas !"
Elle parut soudain plus sérieuse.
"Je voudrais un enfant. Zofia m'a toujour dit que c'était la plus belle chose qu'elle avait put avoir avec toi ! je veux gouter à ce plaisir aussi !"
Elle lui prit les mains et les posa sur son ventre.

Chess sentit son coeur se serrer. Quand il croisa le regard à moitié suppliant de sa compagne, il détourna le sien.
"Aléa..."
Il retira ses mains des siennes et se redressa en position assise.
"Désolé, mais non."
Il posa ses mains sur ses genoux. Après ce qui était arrivé à son épouse, il ne voulait pas que cela se reproduise.

"Mais..."
Elle baissa un peu les yeux.
"Je voudrais tellement en avoir un au moins."
Elle ne le lacha pas tout de suite.
"Chess, pourquoi tu ne veux pas !?"

Chess hésita sur la réponse à donner.
"Je ne sais pas, je..."
Il décida de lui cacher la vraie raison. Elle le trouverait sans doute lâche ou peureux. Il n'osait cependant pas la regarder.
"Je n'ai plus l'âge pour ça. Et j'ai déjà deux enfants."

"Qu'est ce que tu racontes ! Tu as parfaitement l'âge."
Elle le regarda un peu plus.
"Tu as peur que tes enfants le prennent mal ?"
Elle se demandait si Odin allait finir par l'accepter.

"Je ne sais pas comment ils prendront la chose."
Chess la regarda cette fois.
"Pourquoi tu insistes?"
Il se jura de se montrer encore plus prudent que d'habitude lorsqu'ils coucheraient ensemble. Il avait déjà pris des précautions pour ne pas la mettre enceinte auparavant, mais là, il redoublerait de prudence.

Aléa fut surprise du regard qu'il lui lançait.
"C'est parce que j'aimerai vraiment avoir un enfant de toi, parce que je t'aime."
Apparemment il ne céderait pas.
"C'est vraiment pour ces raisons que tu ne veux pas ?"

"Oui."
Chess se recoucha sur le dos, et remonta les draps sur lui. Il lui aurait bien tourné le dos, mais il ne voulait pas qu'elle le prenne mal.
"Arrête d'y penser. Ce n'est pas essentiel d'avoir un enfant pour s'aimer. N'est-on pas heureux comme on est maintenant?"
Il lui lança un regard en coin. Elle n'avait pas l'air ravie, au contraire.

Aléa, elle, n'hésita pas à lui tourner le dos.
"Je n'arreterai pas d'y penser."
Elle ferma les yeux et soupira bruyamment.
"Bon et bien bonne nuit."

Chess se redressa sur un coude.
"Tu vas faire la tête maintenant?"
Il la fixa, alors qu'elle lui tournait ostensiblement le dos. Tout ce qu'il voulait, c'était la protéger. De plus, il ne savait pas comment les enfants allaient réagir à ça. Odin le prenait déjà assez mal, en rajouter serait sans doute mauvais.

Aléa avait rouvert les yeux, mais ne se tournait pas vers lui.
"Je ne sais pas."
Elle remonta un peu la couette sur elle.
"Un non aussi catégorique n'est pas forcement très agréable."
Elle finit par se retourner vers lui et le regarder.

Chess fronça un sourcil.
"Tu aurais préféré un non vague, sous entendant un peut-être, où tu te serais fait de faux espoirs?"
Il l'observa maintenant qu'elle était tournée vers lui.
"Mieux vaut être fixés, non?"

"Oui..."
Elle n'était pas convaincue.
"Tu trouves donc ça meiux que je sois sûr que je ne te donnerai jamais d'enfant et que tu ne voudras jamais m'en donner ?"
Elle fixa son regard dans le sien.
"Excuse moi, mais je ne suis pas sur."

Chess soupira.
"Aléa..."
Il lui caressa la joue du bout des doigts.
"Ca te tient tant à coeur?"

Aléa acquiesçat en silence.
"J'aimerais beaucoup devenir une maman."
Elle lui adressa un sourire timide.
"Après tout ce que Zofia m'a raconté, je ne peux qu'en avoir envie."
Elle prit sa main dans la sienne.

"Tu sais, ce n'est pas aussi rose et merveilleux que ce que tu penses. Il y a des masses d'inconvénients."
Chess la prit contre lui.
"Tu es une femme merveilleuse. Tu n'as pas besoin de ça pour briller à mes yeux."
Il poursuivit.
"Et puis, avec tout le travail que tu as déjà, sans parler d'Odin et Séléna..."

Aléa avait crut un instant qu'il céderait. Elle se laissa caliner, elle l'aimait même si tout ce qu'il disait en ce moment ne la ravissait pas.
"Je crois que tu es assez clair."
Elle serra dans ses mains la chemise ample qu'il mettait les nuits d'hiver et enfouit son visage dans le cou de Chess.
"Tu n'en veux pas et tu n'en voudras pas ..."

Chess acquiesça.
"En gros, oui, c'est ça."
Il se mordit la lèvre.
"Tu m'en veux?"

Elle lui adressa un sourire qui sonnait faux.
"non, je ne t'en veux pas."
Elle posa ses lèvres sur celles de Chess dans un langoureux baiser.
"Je t'aime."
Elle resta encore un peu contre lui, ruminant toute les péripéties. Elle lui en voulait malgré tout, mais jamais au point de ne plus vouloir rester avec lui.