un petit nouveau [neutre, privé Chess]

Chess cherchait un tuteur pour son fils aîné. Ce dernier semblait à la fois ravi de l'idée, mais aussi furieux d'être ainsi écarté de la demeure familiale. Séléna était dehors en train de récupérer des oeufs et des légumes. Odin taillait un morceau de bois pour en faire un pendentif avec application, comme son père le lui avait montré. Ce dernier mit Raphaël dans un fauteuil. Le petit tenait son doudou serré dans ses bras.
"Ne bouge pas mon grand. Papa va voir comment va maman, et il revient, d'accord? Tu es sage hein?"
Le garçonnet hocha la tête.
"Oui!"
Aussi, le père de famille s'éclipsa.

Aléa était allongé sur le côté, les yeux clos. Les volets étaient clos pour que la lumière extérieur ne l'agresse pas. Elle començait à s'endormir un peu lorsque Chess entra. Elle ne l'entendit pas, mais sentit sa main se glisser dans ses cheveux. Elle ouvrit de petits yeux avec un sourire.
"Tu t'en sors avec les trois petits loups ?"

"Petits... Disons qu'il n'y en a qu'un qui puisse vraiment être appelé comme ça."
Chess lui caressa le visage.
"Comment tu te sens?"
Il posa son autre main sur son ventre encore plat.
"Crois-tu que ce soit un nouveau bébé?"

"Quand je suis allongée, je n'ai pas de vertige. Mais j'ai cette envie de vomir constante..."
Elle posa sa main sur celle de son compagnon.
"C'est fort possible. Même si la dernière fois, j'étais aussi très stréssée par notre situation, ça se ressemble..."

Chess réfléchit.
"Est-ce que tu as du retard sur tes menstrues?"
Il posa ses lèvres sur le front de son épouse.
"Si je me souviens bien, cela fait quand même un moment..."

"Oui, j'ai du retard."
Elle lui adressa un petit sourire.
"On va sans aucun doute avoir bientôt un nouveau petit nous."
Elle ferma un instant les yeux, prise d'une nausée et grimaça.

Chess sourit et se redressa.
"Si tu préfères, pour être sûrs, je peux aller chercher la g..."
Soudain, des pleurs retentirent. Il se retourna d'un bond. C'étaient les pleurs de Raphaël.
"Allons bon, que se passe-t-il donc?"
Il laissa son épouse et fila voir.

Quand Chess arriva dans le séjour, il comprit bien vite. Même si son aîné faisait mine de n'avoir pas quitté sa place, Raphaël pleurait, une vilaine bosse rouge commençant à enfler sur le front, et tentant désespérément d'atteindre son doudou qui avait été posé sur un meuble en hauteur, bien visible, mais hors d'atteinte du petit.
"Qu'est-ce que tu as mon grand?"
Le père de famille prit le garçonnet dans ses bras, et lui donna son doudou.
"On va aller te soigner ça."
Il lui déposa un baiser sur le front tandis qu'il se blottissait contre lui, sanglotant. Chess regarda son fils aîné, se retenant tout juste de l'assommer.
"Odin! Par les dieux, as-tu perdu l'esprit?"
Ce brusque accès de colère fit sursauter le garçon, et trembler le petit.
"Je n'y suis pour rien! Il s'est cogné au meuble en essayant de prendre son truc!"
"Et qui l'y a mis?"
Il le releva brutalement, et lui arracha bois et couteau des mains.
"Sors, déguerpis! Tu vas aller nettoyer la grange et toutes les stalles des animaux. Y compris le poulailler. Tout, de la vache au cheval, en passant par les moutons et les chèvres."
Il ne se décida à monter que lorsqu'Odin fut sorti.

En entendant Chess, Aléa se releva et sortit dans la chambre. En voyant Chess avec Raphaël qui sanglotait dans ses bras, la jeune femme voulu savoir se qu'il s'était passé. Elle passa doucement sa main dans le dos de son fils.
"Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi est ce qu'il pleure ?"
En voyant son front tout rouge, elle regarda Chess.

De son bras libre, Chess conduisit son épouse au lit à nouveau.
"Allonge-toi."
Il déposa Raphaël sur le matelas à côté de sa mère.
"Odin lui a pris son doudou, et l'a mis sur un meuble en hauteur. Il a essayé de le prendre, et il s'est cogné. Maintenant, il a mal, et il s'est énervé de ne pas pouvoir atteindre son bien."
Il soupira, et alla prendre un linge humide et froid, qu'il fallait poser sur le front du petit pour éviter que la bosse ne grandisse, et pour qu'elle désenfle.

Aléa avait sortit la bassine sale et alla donc s'allonger comme le lui avait demandé son époux. Elle garda Raphaël tout contre elle et le consola avec un calin.
"Cette vilaine bosse va partir. Papa revient."
Elle lui posa un baiser sur le front et attendit que Chess revienne. Lorsque ce fut le cas, elle prit le linge humide et le posa doucement sur le front de son fils.
"Voilà mon grand."
Raphaël sanglottait encore un peu dans les bras de sa mère. Chess semblait très en colère.

"Je me demande parfois ce qui lui passe par la tête."
Chess marmonna avec humeur.
"C'est à croire qu'il ne se rend pas compte qu'il est petit et que ça peut être très dangereux."
Raphaël était blotti contre sa mère, serrant son doudou fort contre lui. Son père le regarda un moment, puis contempla Aléa.
"Tu ne dis rien?"
*Tu ne t'en prives pas d'habitude.*

Aléa soupira légérement.
"Si, Odin m'enerve en ce moment."
Elle redressa son regard vers Chess.
"Il ne se rend pas compte que tout ça va mal voir très mal finir un jour. Raphaël n'a rien avoir avec ça, et c'est lui qui prend tout."
Elle posa un baiser dans les cheveux de son fils.
"Je ne suis pas vraiment en état de m'enerver mais je suis furieuse contre lui. Il a grandit, il devrait comprendre que Raphaël n'a rien à voir là dedans. Peu importe comment on le puni, il recommence et c'est à chaque fois plus embetant pour le petit."
Elle ferma un instant les yeux et se posa une main sur le front. Elle avait mal à la tête.
"il est insupportable..."

Chess eut un léger rictus.
"Je pense qu'il doit être jaloux."
Il regarda son fils sans vraiment le voir.
"Toute mon attention s'est portée surtout sur toi et Raphaël ces deux dernières années. Tu étais enceinte, il était petit... Si maintenant tu attends à nouveau un bébé, cela va continuer, et notre fils est toujours très jeune. Ca me laisse bien moins de temps pour lui."
Il posa son front contre l'intérieur de son poignet.
"Séléna semble l'avoir compris, mais lui n'a jamais cessé de voir ton intrusion comme une invasion et une rivalité. Voire même, pour ce qui est de Raphaël, un bâtard illégitime."

"Il ne s'est pas gardé de me le dire."
Elle rouvrit les yeux et regarda Chess.
Quand Raphaël était petit, j'ai essayé de te laisser de la liberté pour que tu puisses rester avec tes enfants et que tu ne les laisses pas."
Elle lui adressa un sourire triste.
"Ce n'était sans doute pas assez."
Elle regarda vers la porte.
"Tu l'as puni ?"

"Bien entendu. Je vais même le charger d'aller chercher la guérisseuse."
Chess passa ses doigts dans les courts cheveux noirs et soyeux de son fils.
"Ca va mieux mon grand?"
"Ui."
Il déposa un baiser sur les lèvres de son épouse.
"Je reviens."

"D'accord."
Elle le laissa sortir et s'occupa de Raphaël. Elle se rallongea et le laissa se blottir tout contre elle.
"Ta belle bosse va partir. On va se reposer tout les deux d'accord ?"
"Accord."
Le petit ferma les yeux et sa mère en fit de même, attendant le retour de Chess.

Chess revint peu après. Il s'était un peu occupé du poulain destiné à Odin. Il fallait le débourrer, et en faire une monture adéquate. Il avait envoyé son fils aîné chercher la guérisseuse, en plus de sa punition.
"La guérisseuse va venir."
Aléa le regardait, mais Raphaël dormait contre elle, son doudou serré contre lui et le pouce en bouche.
"On sera fixés quant à ta grossesse."
Il lui prit la main et la baisa du bout des lèvres.

Aléa lui adressa un sourire.
"Oui, on sera fixés."
Elle passa doucement une main dans les cheveux de Raphaël.
"Ca bosse a bien dégonflé."
Elle regarda Chess un moment sans rien dire.
"Je t'aime mon amour."

Chess sourit avec tendresse. Puis, il regarda le petit qui dormait profondément, la respiration lente et sereine.
"Plus il grandit, plus on voit qu'il a mes traits, mais adoucis par ton sang de Fée."
Il pencha la tête.
"Il est si adorable quand il dort. Il te ressemble aussi par bien des aspects."
Il tourna son regard vers Aléa.
"On le croirait tellement innocent qu'il serait à jamais incapable du moindre mal."

"Il est trop mignon."
Elle lui adressa un sourire.
"Je ne pense pas qu'en grandissant il change beaucoup de caractère."
Raphaël bailla un peu et ouvrit de petits yeux endormis. Avant de tendre ses bras vers son père.
"Papa calin ?"

Chess répondit à le demande de son fils en le prenant dans ses bras. Il était encore tout engourdi par la fatigue.
"Ta bosse s'en va. C'est bien."
Raphaël se blottit dans ses bras. Quelque chose trottait dans la tête de son père.
"Aléa, est-ce que tu crois que je suis un mauvais père?"
Contre lui, le garçonnet était déjà en train de replonger dans le sommeil.

"Chess !?"
Aléa se redressa dans le lit.
"Tu es un très bon père. Ce n'est pas ta faute si Odin reagit comme ça."
Elle le regarda un peu tristement.
"Tu ne dois pas penser ça. Ce n'est absolument pas le cas. Seulement, maintenant, tu as trois enfants. C'est un peu plus compliqué à gerer. Mais tu passes du temps avec Séléna et Odin. tu n'as rien à te reprocher."