Lettre de sang [Neutre privé Niiye]

Eliott était tranquillement installé sur sa monture. Il regarda encore son ordre de mission. Il devait délivrer un message à un homme qui vivait dans un petit village reclu de Perle. Voilà plusieurs jours que Valaraukar et lui parcouraient les routes, en quête de cette maison. L'homme en question était un vieux Mercenaire, la lettre venait d'un de ses amis, originaire de Turquoise. Il regarda encore une fois le parchemin qui indiquait le lieu de vie du récepteur du message. Il talonna un peu sa monture.

"Allez, plus que quelques mètres..."

Cette simple annonce sembla remotiver l'étalon qui commençait à renacler, et il accéléra l'allure, passant au galop. Au bout de quelques minutes, ils étaient enfin arrivés. Le jeune homme mis pied à terre, en sentant un calme pesant régner sur la demeure. Il laissa Valaraukar brouter et se désaltérer seul, avant d'aller toquer à la porte, pour livrer sa missive. L'ancien mercenaire lui ouvrit et l'invita à renter. Eliott s'inclina et tendit la lettre à l'homme qui, sans un mot, commença à la lire, ne s'occupant plus de son hôte. Celui si attendit patiemment, bras croisés.

Niiye, perchée dans un arbre comme à son habitude, attendait patiemment le bon moment. Elle avait reçu il y a quelques semaines la requête de tuer un vieil homme vivant dans les coins reculés de Perle. Un vieux compte à rendre entre soldats, pensait-elle. En se disant ça, la jeune femme essayait d'avoir le cœur léger, même si elle traversait le pays de son enfance depuis des jours et des jours ! Elle faisait tout son possible pour ne pas que des affreux souvenirs lui reviennent en mémoire, mais c'était une humaine comme tout le monde, et elle avait quelquefois des flashs-back très désagréables. De ce fait, lorsqu'elle s'élança d'un bond sur le toit, prête à tuer, elle était particulièrement maussade.

*Voyons ... il faut que j'attire cet homme en dehors de chez lui.*

Aussitôt dit, aussitôt fait. Niiye s'approcha d'une fenêtre et décocha un de ses huit poignards. Habilement, elle traça de toutes ses forces quelques traits à l'endroit prévu pour l'impact, et d'un coup de poing, cassa la fenêtre. L'ouverture était dangereuse, étroite et haute, mais cela ne gêna que peu la jeune femme qui s'y faufila. Sans un bruit, elle arriva à la pièce principale de la maison, aperçu le vieil homme et retint un cri étonné lorsqu'il vit qu'il était accompagné par un séduisant jeune homme.

Eliott fut grandement surpris de voir cette belle inconnue surgir comme ça, dans la pièce, sans prévenir. Elle semblait venir de la pièce du haut... Sûrement une des compagnes de l'homme... Il la détailla, intrigué tout de même. Elle était beaucoup plus jeune que l'homme... Sa fille ? Il en doutait... Il la détaillait toujours, assez distant, ses bras croisés sur son torse. De toute façon, elle n'avait eu aucun geste négatif envers qui que ce soit... Il n'avait rien à lui reprocher. Il observa le vieil homme, qui s'était figé et avait lâché la lettre. Le récepteur saisit la garde de l'épée qu'il portait à la taille et s'élança vers l'inconnue. Le messager, plus vif, réussit à parer le coups sans difficultés, se plaçant entre Niiye et le vieillard. Il ne comprenait pas grand chose et repoussa l'homme.

"Monsieur, vous ne devriez pas attaquer ainsi des gens qui sont, sans nul doute, des personnes de votre entourage. Qui plus est, vous allez vous fatiguer..."

Trop naïf qu'il était, le jeune homme ne comprenait pas du tout les intentions de la jeune femme derrière lui, qu'il venait de protéger d'un coup, certe facile à esquiver, mais qui surprenait tout de même. Il regarda la femme derrière lui, lui souriant légérement. Puis, il reposa ses yeux sur l'homme, sans rien comprendre de la situation. Il voulait juste protéger la jeune femme, qui n'avait rien fait, point ! Après, peu lui importait le reste...

Niiye ne savait plus du tout ce qui se passait. Ce beau jeune homme la protégeait, alors qu'il aurait dû la tuer s'il était proche du vieillard. Ce dernier l'assaillait de coup, ayant bien deviné ses intentions. Un peu perdue, elle décocha un autre poignard pour rendre les coups à son envoyeur, tout en se demandant comment le jeune homme allait réagir ... si elle tuait le vieillard, elle allait devoir le tuer aussi. C'était une des ses premières règles. Aucun témoin. Mais elle répugnait à assassiner cet homme qui la protégeait ... elle n'avait pas été mandée pour le tuer, lui !

*Mais qu'il s'enlève ... je vais le blesser ...*

La jeune femme continuait de parer les coups faciles du vieillard sans vraiment chercher à le tuer. Elle ne savait plus quoi faire. Cela ne se déroulait pas normalement ...

Il se retourna en sentant une lame lui froler le bras. Il remarqua que la jeune femme était armée et il s'écarta vivement. Il se recula, sans comprendre. Qu'est ce qui se passait bon sang ? Il devait remettre une lettre à la base, pas se retrouver dans des beaux draps comme ça !! Il regarda autour de lui. Dehors, Valaraukar poussa un hennissement de panique. Il entendait le remue ménage à l'intérieur et s'inquiètait pour son maître. Un sourire éclaira le visage du messager. Peut être qu'une solution se dessinait au loin. Il pourrait très bien partir avec la jeune femme non ? Enfin, encore fallait il qu'elle soit d'accord. Il soupira et dégaina son épée. Il devait mettre hors-jeu l'homme, pour pouvoir converser quelques minutes avec la nouvelle venue. Il ne savait pas pourquoi, il se rangeait automatiquement de son côté. Il haussa les épaules et à un moment, fini par se placer entre la femme et le vieillard, repoussant sans dommage celui ci plus loin. Il se retourna vers l'inconnue.

"Je pense qu'il vaudrait mieux pour vuis, que vous partiez... Il ne semble pas réellement ravi de vous voir.... Vous pourrez toujours repasser plus tard... Mon cheval est dehors, il est prêt à partir, je peux vous accompagniez si vous le voulez. Mais partez, il vaut mieux pour vous. Il a un peu trop d'énergie à revendre..."

Il gardait une certaine distance vis-à-vis de la jeune femme, mais ne savait pas comment faire autrement. En tout cas, il venait de lui offrir une belle occasion pour partir. A elle de voir si elle l'acceptait, ou non...

Niiye hésita lorsque ce beau jeune homme lui proposa de s'enfuir. Certes, elle avait un assassinat à commettre, mais depuis quelques temps, ce métier lui devenait encore plus fatiguant et oppressant. Elle voulait tout arrêter et se faire employer comme servante ou quelque chose du genre. Elle en avait vraiment marre ... mais elle devait faire au moins blesser gravement l'homme. Sans apeurer ni choquer le jeune homme ... ça allait être dur, mais possible. Alors, elle fit mine de se rendre, et décocha au dernier moment un puissant coup à l'abdomen du vieillard. Faible comme il était, il mourrait surement. Rapide, elle empoigna la main du jeune homme tout aussi perdu et le tira dehors. Il ne fallait pas rester là, il l'avait bien fait remarquer.

"Merci ... de m'avoir protégée ..." lui dit-elle tout en courant, même si elle n'avait nullement eu besoin de son aide.

Plus ça allait, plus tout devenait obscur pour lui. Il courut un moment en tenant la jeune femme par la main, bien que ce soit plutôt elle, mais une fois suffisamment éloigné de la maison il s'arrêta. Portant deux doigts à ses lèvres il poussa un bref sifflement et aussitôt, Valaraukar arriva. L'étalon s'arrêta pile poil devant Eliott qui posa une main sur ses naseaux. Il sourit, alors que le Frison observait l'inconnue, méfiante. Mais il n'avait pas réellement de temps à perdre. Le jeune homme se hissa en selle et tendit sa main à la belle demoiselle.

"Allez, montez, nous n'avons guère de temps à perdre."

Il la pressa du regard, Valaraukar grattant le sol de son sabot, impatient.

Niiye hésita devant la proposition du jeune homme. Elle fit la moue et murmura :

"Vous savez ... vous ne devriez pas me fréquenter. Ni même me proposer de vous suivre. C'est dangereux. Merci beaucoup pour ce que vous avez fait, mais nos chemins, si vous tenez à votre vie, se séparent ici."

L'assassin était triste de le quitter. Bien sur, elle ne le connaissait que depuis quelques minutes et ne savait même pas son nom. Mais c'était une des seules personnes qui ne l'avait pas traité avec cruauté, comme si elle était une créature du diable. En même temps, il ne savait rien des activités de Niiye ... elle soupira et se demanda s'il fallait lui dire.

Eliott la regarda sans comprendre. Qu'est ce qu'elle disait au juste ? Pourquoi se serait dangereux de la suivre ? Les paroles de la jeune femme n'avait aucuns sens pour le messager. Il continuait de la regarder dans les yeux, d'un regard froid et perçant. Il sentait bien que Valaraukar ne semblait pas apprécier la présence de l'inconnue, mais pour une fois, il n'écoutait pas sa monture. Il la força à rester en place. Il entendait les gens qui commençaient à arriver. La maison avait beau être éloignée, ils avaient fait un sacré remue-ménage. En sentant le Frison s'agitait et des bruits de conversations, il finit par décider à la place de la jeune femme. Il lui attrapa la main et la hissa en selle, juste derrière lui. Il eut un petit sourire en se retournant, pour lui dire quelques mots.

"Vous n'avez plus le choix je crois... Dites moi où vous voulez vous rendre, je vous y dépose..."

Il talonna sa monture qui partit au trot, puis passa rapidement au galop, quittant la maison le plus vite possible.

Niiye fut soulagée quelque part de rester avec le jeune homme. Elle ne se sentait pas la force de se battre avec tout les arrivants, apeurés par le bruit. Mais, en même temps, rester avec lui n'était bénéfique que pour elle. Pas pour lui. Elle était assassin, et donc beaucoup de gens voulait faire affaire avec elle, mais beaucoup de gens voulait sa mort. De plus elle était seule, pauvre et ne possédait rien à part ses armes et ses bijoux. La jeune femme ne lui serai d'aucune utilité. Il avait surement mieux à faire.

"Merci ... mais écoutez, je ne plaisante pas ... c'est dangereux de rester avec moi ... vous allez vous faire tuer !"

La jeune femme ne répondit rien à propos d'où elle voulait se rendre, puisque la réponse était nulle part. Elle allait là ou les assassinats l'emmenait, passant de villes en villes et de royaumes en royaumes. Elle n'avait pas de "chez elle".

Eliott fit accélérer sa monture, qui força l'allure. Il galopa de plus en plus vite à travers la forêt, forçant Niiye à s'accrocher au garçon. Ils s'éloignaient de la maison de plus en plus de la vieille maison, se dirigeant vers Béryl. Le jeune homme écoutait les paroles de sa compagne de route improvisée. Qu'est ce qu'il pouvait dire ? Pourquoi c'était si dangereux ?

"A mon avis, vous devriez vous détacher de ce qui vous inquiète tant..."

Il se mit à réfléchir aux restes de ses paroles. Il allait se faire tuer hein ? Bah, quelle importance ?! Il avait été banni de son royaume et accesoirement, de l'esprit de son frère, il n'avait pas réussi à trouver une femme avec qui vivre... Il n'avait pas fait ce qu'il souhaitait accomplir... Il se fichait bien de mourir ou de rester en vie ou pas... Et quitte à mourir, autant aider cette jeune femme non ?

"Je me fiche pas mal de mourir ou pas... Alors, si je dois mourir, autant vous aider non ? Enfin, si vous êtes d'accord..."

Il regarda la route et, d'une pression des mollets, fit pivoter sa monture sur la droite.

"Nous allons vers Béryl cela vous conviens ?"

"Ça me convient..."

En voyant le jeune homme si insensible à la mort, Niiye se dit qu'il fallait quand même le prévenir. Le prévenir qu'en l'aidant, il aidait aux assassinats, au mal et à tout ce que fuyaient les gens ordinaires. Mais lui, il n'avait pas l'air d'être ordinaire. Comme elle, il ne devait pas avoir de "chez lui". Il allait ou bon lui semblait. Il ne possédait rien à part son cheval. Alors, à ce jeune homme qui lui ressemblait tant, elle décida de se confier :

"Vous aideriez un assassin ? Vous mourriez pour quelqu'un dont la profession est de prendre des vies ?"

Le jeune homme se figea sur sa selle. Il devait répondre quoi à ça ? Il devait comprendre quoi ? Qu'elle était une tueuse ? Il avait du mal à y croire... Il venait d'aider une assassine... Il serra le poing sur les rênes et Valaraukar, sentant sa tension força l'allure au maximum. Il ne pouvait pas aller plus vite, il allait réellement à sa plus grande vitesse. Eliott se laissa enivrer par la sensation de vitesse pour se calmer... Après tout... Il n'aimait pas regardé les gens de haut selon sa profession... En fait, c'était selon leurs attitudes... Mais en entendant la jeune femme parlait, il n'y croyait pas... Elle ne pouvait pas être une tueuse, ça lui paraissait impensable. Mais il voulait en savoir plus...

"Je me nomme Eliott, originaire du Royaume de Rubis, dans lequel je ne peux plus pénétrer... Avec toutes ses informatins, il sera facile pour vous de me retrouver normalement... Si je vous fait fausse route et que vous souhaiterai alors me tuer, aller en Rubis et demander au Prince où me trouver... Et vous saurez !"

Il se tut quelques minutes, songeur. Avant de soupirer.

"Donc maintenant, je suppose que je n'ai d'autres choix que de vous faire confiance et de vous aider... Mais avant, une question... Êtes vous comme ces tueurs, qui font ça pour le plaisir, ou faites vous ça par manque de choix...?"

Niiye sentit le jeune homme se contracter, puis s'exaspérer. Une fois de plus, elle eu honte de sa profession et sentit bien qu'elle baissait dans l'estime de son compagnon de route. Elle espérait qu'il ne la considèrerait pas comme les autres, comme le mal en personne, comme une personne hypocrite et perfide. Parce que malgré son statut d'assassin, Niiye était honnête et franche. Et elle ne faisait pas ça pour le plaisir, loin de là ...

"Je fais ça pour le revenu. Vous savez, je ne possède rien, on ne m'a jamais enseigné quoi que ce soit, je n'ai aucune qualité particulière pour le travail, à part de savoir assez bien manier mon arme et d'être silencieuse et perfectionniste. Que pouvais-je faire d'autre que cet horrible métier, ce métier qui consiste à tuer des gens ?"

La jeune femme laissa échapper un soupir triste, et espéra qu'Eliott, puisque le jeune homme se nommait comme ça, la croirait.

"Je me nomme Niiye, née dans une famille du royaume de Perle ... Je ne veux pas vous tuer. Pourquoi ferais-je ça, alors que vous m'avez aidée ?"

"Même ceux que vous pensiez connaître peuvent se retourner contre vous..."

Le jeune homme soupira. Cette phrase lui rappelait son frère. Oui, le Prince actuel de Rubis s'était bel et bien révolté contre Eliott, jusqu'à le bannir. En même temps, le messager aurait du prêter une plus grande attention à ce qui l'entouraient... Il soupira et Valaraukar commença à ralentir l'allure, préférant ne pas trop forcer.

"Vous avez beau dire que personne ne vous ai rien apprit, vous savez bien manier des armes, et des armes complexes qui plus est... Même moi, on a du m'apprendre à me battre et je pense qu'en combat face à face, vous auriez des chances de me mettre à terre."

Il eut un sourire, ne quittant pas la route des yeux. Son étalon était tout aussi attentif aux bruits qui les entouraient. Les muscles tendus, le Frison était prêt à réagir à la moindre consigne de son cavalier.

"Je pense que vous auriez pu enseigner dans l'armée de Perle non ? J'admets qu'ils n'auraient peut être pas engagés une femme mais les Chevaliers d'Emeraude ne sont pas que des hommes... Peut être va t'il falloir l'inculquer aux autres... Sinon, vous avez l'air d'apprendre rapidement... Je peux peut être vous enseigner quelques rudiments ?"

Il se tourna vers elle et sourit. Les personnes sachant lire, compter et écrire se faisaient rares. Enfin, celles maîtrisants ses trois capacités surtout.

"Tout ne dépend que de vous, mais je suis prêt à vous aider... Sinon, nos chemins se quitteront une fois que nous serons en lieu sur..."

"Ce serai avec grand plaisir que je suivrais votre enseignement... Merci pour tout ce que vous faites..."

Niiye songea aux possibilités qui s'ouvrirait à elle lorsqu'elle saurait lire, écrire, compter. De nouvelles voies, de nouvelles professions ... ne plus être assassin ! Ne plus exercer ce métier horrible qui lui pesait sur la conscience ! Elle ferait n'importe quoi, même le plus lassant des métiers, mais elle ne ferai plus rien de mal !

"Je ne sais pas quoi vous dire ... ne vous sentez pas obligé de m'aider parce que je suis assassin ... je n'en veux pas à votre vie ... et même si quelqu'un me demanderait de vous tuer, je ne le ferai pas."

Il eut un petit rire et la regarda quelques secondes encore, avant de reposer son regard sur le chemin devant eux. Cette fois, le Frison marchait calmement au pax, après s'être bien éloigné de la petite maison.

"Vous n'êtes vraiment pas une assassine comme les autres... Certains y prennent goût mais vous... Vous devez avoir une force de caractère hors du commun pour avoir réussit à tenir tant d'années. Une certaine force de caractère, ou alors... quelque chose qui vous tient à coeur ?"

Il arborait un air un peu sérieux, bien qu'elle ne puisse pas le voir. Il allait devoir mettres ses enseignements en pratique. Mais bno, heureusement pour lui, son frère n'avait pas fait les choses à moitié dans son enfance et le jeune homme s'en sortait plutôt bien.

"Cependant, nous allons devoir voyager beaucoup, je n'ai pas de demeure fixe. Etant un messager, je voyage beaucoup, selon l'endroit où je dois me rendre... J'espère que ça ne vous dérangera pas... J'ai une manière de vivre un peu particulière..."

Il eut un petit sourire d'excuse à l'adresse de la jeune femme. En effet, il avait pour habitude de loger chez des personnes qu'il aidait en retour. Il ne savait pas du tout comment allait se passer les prochains événements...

"J'ai simplement besoin d'argent. Pour racheter Kram, trouver une maison, avoir de quoi vivre."

Niiye repensa à son étalon. Il devait encore être chez cet insupportable marchand de chevaux, vu qu'il refusait que tout les dresseurs et acheteurs montent sur son dos. Mais le marchand ne le tuerait surement pas. Kram valait cher. Très cher. C'était un superbe étalon blanc, qui possédait l'endurance des chevaux de guerre et la puissante musculature des chevaux de traits. Le croisement lui avait bien réussi.
La jeune femme se frotta les yeux et revint à la réalité :

"Vous savez, je n'ai pas de demeure fixe non plus. Je voyage de royaumes en royaumes, dormant dans des auberges mal famées ou même à la belle étoile. Alors ça ne me dérangera pas le moins du monde ..."

Le jeune homme regarda Niiye, intrigué. De qui parlait elle au juste ? Qui était ce Kram ? Il remarqua alors qu'elle n'avait pas de monture, mais qu'elle savait se tenir en selle. Il eut un sourire. Parlait elle de son étalon ainsi ? C'était possible... Apparement, elle menait réellement une vie dure. Il allait tout faire pour arranger ça. Il avait quelques économies en réserve et ne vivait pas si mal que ça. Oui, il comptait bien l'aider, qu'elle le veuille ou non.

"En tout cas, je préfére ne pas dormir dans des auberges... Je préfére nettement me faire héberger par des gens que j'aide ensuite. C'ets meilleur pour le corps et ça évite de s'isoler. Surtout que quelques fois, nous pouvons avoir quelques revenus..."

Il sourit et la regarda.

"Enfin, je vous laisserais découvrir tout ça en temps voulu ! Par contre, j'aimerai savoir comment vous faites pour vous tenir aussi bien en selle ?"

"Eh bien ... j'ai appris à monter très jeune, et de plus, mon dernier cheval était un puissant étalon. Il est fougueux et sensible ... alors avec lui, il a bien fallu apprendre à bien se tenir en selle, sinon je finissais pas terre !" dit Niiye en rigolant.

Niiye se sentait heureuse. Ce jeune homme qu'elle ne connaissait que depuis dix minutes lui était sympathique, de plus il était prêt à l'aider, à lui permettre de changer de profession. Elle allait le suivre partout pendant un petit moment, vivrait autre chose que son quotidien d'assassin, et découvrirait de nouvelles choses. Elle allait parcourir les royaumes en compagnie d'un beau jeune homme. Que demander de plus ?
Sentant l'enivrante sensation de la vitesse, Niiye se cramponna à la selle et sourit à Eliott. L'avenir lui semblait beaucoup moins sombre que le passé, tout à coup.