Un nouveau client [neutre, privé Marian]

Eline avait ouvert tôt la boutique, comme d'habitude. Il fallait bien faire marcher les affaires. Une infusion à la main, il était presque midi, et peu de personnes étaient venues, Eline marchait à travers la pièce.
"Je ne vois que peu de personnes pour de la voyance en ce moment. Juste des vieux pour calmer leur mal de dos... Vie monotone..."
La jeune femme ferma les yeux en se laissant tomber sur un divan dans sa grande salle. Elle avait une pièce derriere un peu plus petite avec son lit, un coin d'eau; L'endroit pour faire à manger était sans la même salle que ses affaires à vendre. Elle tapota l'oreiller d'où un nuage de poussière séleva.
"un peu de ménage serait bon ici."

Marian ne savait pas ce qui l'avait attiré par ici, et surtout poussé à entrer dans cette boutique. En revanche, il tomba sur une femme magnifique, et en resta presque bouche bée. Elle avait l'air plongée dans ses pensées, et ne l'avait pas entendu entrer. Aussi, il toussota.
"Excusez-moi..."
Il la regarda quand elle se retourna, et esquissa un petit sourire.

En voyant l'homme, Eline se releva et lui adressa un sourire. Une bonne odeur d'encens flottait dans la piece. C'était un beau jeune homme, et très bellement habillé. Elle fut d'ailleurs étonnée de le voir dans sa piteuse boutique.
"Bienvenu chez moi monseigneur."
Elle s'inclina devant lui et le regarda avec un joli sourire.
"je peux peut être vous aider, potions, infusions, herbes seches, remède de grand mère ?"
Elle se rapproha de lui en ondulant comme un serpent, agichante comme l'était les femmes bohémiennes en général.
"A moins que vous ne connaissiez pas votre avenir ... ?"

Le jeune soldat sembla être envoûté par la somptueuse jeune femme. Aussi, il répondit sans réfléchir.
"Pourquoi pas? Dévoilez-moi donc mon avenir."
Il sourit d'un air un peu béat.
"Dites-moi votre prix."

Voyant que le jeune homme semblait de bonne condition, la jeune femme en profita pour monter un peu son prix. Lorsqu'elle lui annonça, il ne broncha pas, pour son plus grand plaisir. Elle prit place dans un fauteuil et invita son client à s'asseoir face à elle. Sans lui demander, elle prit sa main droite entre les siennes et ferma les yeux.
"Huum."
Eline eut un petit sourire.
"Vous semblez avoir une propriété assez grande pour avoir des paysans à votre service."
Elle ouvrit un oeil et capta son regard intrigué.
"Soldat ? Gradé en plus..."
Elle lui adressa un sourire alors qu'il retirait sa main.
"vous ne me pensiez pas capable de voir voir passé déjà ?"

"Pas vraiment..."
A dire la vérité, Marian n'y croyait qu'à moitié. Troublé, il la regarda.
"Je pense qu'on devrait en rester là."
Il garda ses mains sur ses jambes. Il n'allait pas lui demander de le rembourser, même si ce serait juste.

Eline lança un regard de travers à l'homme.
"Déjà ?"
Elle n'allait pas lui rendre son argent. Elle le détailla un peu.
"Vous allez revenirme voir Marian ?"

"Je n'en sais rien."
Marian se leva.
"Je suis désolé de vous avoir fait perdre votre temps."
Il s'était retenu de lui dire que si elle voyait l'avenir, elle pourrait savoir par elle-même s'il reviendrait un jour ou non. Il secoua la tête.
*Pourquoi est-ce que je suis venu là, moi, déjà?*

Eline se leva elle aussi. Elle se rendait de plus en plus compte que c'était un homme avec une beauté hors du commun.
"Je ne voulais pas vous faire peur."
Elle l'acompagna jusqu'à la porte alors qu'il s'y dirigeait.
"Je vous reverai avec un grand plaisir."
Elle n'avait pas sentit son futur. C'était un peu plus long. Elle lui adressa un sourire.
"Eline la voyante attendra avec impatiente une nouvelle rencontre avec un homme charmant comme vous."

"C'est aimable à vous."
Marian lui adressa un sourire un peu mal à l'aise, puis il alla se remettre en selle, évitant de regarder la jeune femme à la beauté ensorcelante. Elle l'attirait et le repoussait à la fois. Etrange.
"Eh bien, bonne journée."
Il la salua et s'en fut.

Eline le regarda s'éloigner. La journée fut ensuite assez monotone. La jeune femme était un peu absente. Cette homme était vraiment très attirant. elle resta donc dans sa reverie toute la journée et se coucha finalement le soir avec l'envie de le revoir.
"Ca fesait longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un comme ça."
Elle s'endormit finalement et reprit son train train le lendemain matin.

Quelques jours après avoir vu la voyante, Marian était à nouveau devant sa porte. Comme la fois précédente, il ne savait pas pourquoi. Il entra cependant.
"Il y a quelqu'un?"
*Je me sens stupide... Pourquoi un soldat aurait-il besoin d'une voyante?*
Célibataire endurci, le jeune homme ne voyait pas trop ce qu'il pourrait se faire prévoir. Non pas qu'il n'aimait pas les femmes, ou qu'il ne veuille pas d'une âme soeur, au contraire. Mais il ne se sentait pas prêt.

Les petites clochettes accrochées à la porte tintèrent délicatement lorsque le jeune homme entra. Eline passa la tête par la porte de communication entre son appartement et sa salle de vente.
"Oui, je suis là..."
Lorsque la jeune femme vit le soldat, elle resta un peu bête puis le regarda en souriant.
"Oh, c'est vous. Je suis ravie de vous revoir."
Elle sortit de la pièce et s'avança vers lui.
"Qu'est ce qui vous amène cette fois ?"

"La même chose que la dernière fois."
Marian se mordit la lèvre, croisa les bras et détourna le regard.
"Je me suis senti bête d'être parti comme ça."
Il soupira.
"Aussi, je suis prêt à remettre ça."

"Bien asseyez vous."
Elle ne lui demanda pas d'argent cette fois. Il avait bien assez payé la premiere fois.
"Si vous voulez que je vois dans le présent et le passé,ça serra un peu plus long."
Elle lui adressa un sourire rassurant.
"Si vous voulez que j'arrete, je ne forcerai rien."
Eline lui prit délicatement la main comme la première fois et ferma les yeux. Elle resta un instant silencieuse.
"Votre cheval est magnifique. Aussi noir qu'une nuit sans lune. Noir désir."
Elle ne parla pas pendant un moment.
"Je ne connais que le nom des choses importantes pour vous."
Elle fronça un peu les sourcils.
"Il y a une bataille. Des hommes insectes."
Eline serra sa main sur celle du jeune homme.
"Il... il y a des morts des deux côtés. Vous en sortez indemne, mais pas le soldat à votre droite. je ne vois pas son visage, il est blond."

Marian ne put s'empêcher de frissonner.
"Non, ne parlez pas de ce genre de choses. Je suis un soldat, je sais ce qui m'attend."
Il inspira.
"Parlez moi plutôt de choses personnelles. Une épouse, une famille, une vie longue ou pas... Je ne sais pas moi."

"D'accord."
Eline fouilla un peu plus loin dans le futur du jeune homme.
"Il y a une femme à vos côté. Mais je ne peux voir son visage. Vous semblez heureux et serrein."
Elle lui caressa le dessus de la main.
"Elle va tomber enceinte apparement. Vous semblez vraiment très heureux."
Eline rouvrit les yeux et relacha sa main.
"Il y a une barrière que je ne peux pas franchir. Celle d'un futur trop lointain. C'est là que mon don de voyance prend fin."

Marian hocha la tête. Au moins, il savait qu'il aurait une famille, et un héritier à qui léguer ses biens.
"J'en ai déjà appris pas mal, merci."
En partant du principe qu'il croyait à tout ça... Il regarda autour de lui.
"Ce n'est pas la foule qui se bouscule dites-moi... Vous arrivez à vivre de ça?"

"Il faut bien se débrouiler non ?"
Elle eut un petit rire.
"A part des persones agées, et habituées, je ne vois pas grand monde."
Eline lui adressa un sourire.
"Ca me fait du bien de voir un jeune homme comme vous. Charmant et beau qui plus est."
C'est vrai qu'il était vraiment magnifique avec des yeux hors du commun.

Elle était directe.
"Vous ne devez pas voir beaucoup d'hommes dignes de ce nom, pas vrai?"
Marian secoua la tête avec un sourire.
"C'est dommage. Vous êtes sans doute la plus belle femme qu'il m'ait été donné de rencontrer."
Sa franchise l'étonna lui-même, et il se tut. Réagir de la sorte n'était pas dans ses habitudes.

Eline lui adressa un franc sourire.
"Ce que vous me dites me va droit au coeur. Surtout venant d'un soldat."
Elle le regarda un moment sans rien dire.
"Une infusion, ça vous dit ?"
Eline sortit deux sachets d'un grand bocal.
"Pas à acheter bien sur, à partager avec moi. Ce n'est pas une grande demeure comme la votre, mais ledivan est confortable."

"Pourquoi pas?"
Marian la regarda un moment en silence, puis il lui posa une question.
"Avez-vous trouvé mon nom?"
Il lui lança un regard interrogateur.
"Je ne vous l'ai pas dit, mais je suppose que vous l'avez trouvé."

Eline eut un petit rire.
"Vous étiez tellement perturbé il y a quelques jours que vous ne m'avez même pas entendu le prononcer."
Elle lui adressa un sourire.
"Le beau Marian. Je ne me trompe pas ?"
Elle planta son regard dans le sien.
"Vous avez peut être oublié le mien, je m'apelle Eline."

"Non, je m'en souvenais."
Marian hocha la tête.
"Vous avez raison. Je m'appelle bien Marian."
Il s'étira un peu.
"Ma foi, rien qu'un homme comme les autres."