Apprentissage par l'entraide [Neutre, privé Caladan]

Kaïtos avait décidé d'emmener son Ecuyer tôt le matin dans un village, afin de parfaire son entraînement d'une nouvelle façon. C'était le moment de récolter les fruits dans les vergers, et les paysans avaient besoin d'aide pour les stocker ou les transporter. D'autres étaient en train de réparer certains bâtiments abîmés. En somme toute, du travail manuel en vue.
"N'oublie jamais Caladan, un Chevalier d'Emeraude est avant tout au service du peuple."
Il stoppa sa monture et regarda le jeune homme.

Caladan regardait autour de lui attentif. Tous étaient à l'oeuvre. Lorsque Kaïtos s'arrêta, Caladan fit de même et acquiesça, approuvant ce que disait son mettre.
"Oui Maître, je n'oublierais pas."

"Bien, alors je suppose que tu te doutes de ce que nous allons faire."
Kaïtos mit pied à terre et prit son cheval par la bride.
"Dans un premier temps, nous allons mettre nos chevaux à l'abreuvoir. Puis, nous irons un peu mouiller notre chemise pour les aider."
Il s'étira un peu, puis attendit son Ecuyer.

Kaïtos laissa à son Ecuyer le soin de lui retirer sa cuirasse. Puis, il la laissa avec sa monture, avant de s'avancer vers un groupe de paysans. Ils étaient occupés à stocker grain et foin dans une grange. Le Chevalier vint leur offrir leur aide, et ils acceptèrent avec joie et respect. Pendant qu'ils commençaient à travailler, le jeune homme testa également les connaissances de Caladan.
"Alors dis-moi un peu. Connais-tu le code de l'Ordre?"

Caladan prit un sac de grain sur son dos et se remémora le code de l'Ordre sans en perdre une partie. Il acquiesça.
"Oui je le connais."
Sans perdre une minute et tout en emmenant son sac dans la grange, il récita le code d'un trait. Il hésita un petit instant puis reprit. Une fois son sac posé dans la grange il se redressa et termina de le réciter en fixant son Maître.
"J'espère ne rien avoir oublié."

Kaïtos sourit.
"Non, c'était parfait. Excellent Caladan. Tu as une bonne mémoire."
Il lui pressa affectueusement l'épaule.
"Bon, et si maintenant tu me disais ce que tu ressens pour Maïwen?"

Caladan sursauta. Il crut mal entendre.
"Maïwen?"
Lorsque le Chevalier acquiesça, le jeune Ecuyer fut un peu perdu. Il ne savait pas où voulait en venir son Maître mais se devait d'être franc.
"Maïwen est une très bonne amie Maître. Quand nous n'étions encore que des élèves, elle était également ma confidente."
Il regarda Kaïtos sans comprendre.
"C'est tout ce qu'il y a à dire là dessus Maître."

"Ne te pose pas trop de questions. Je dis simplement ça à cause de la force de votre lien."
Kaïtos lui tapota l'épaule.
"Tu as répondu avec franchise, c'est bien. Maintenant, au travail."

Kaïtos finit par accorder une pause à son apprenti. Il avait bien travaillé.
"C'est du bon travail Caladan. Tu peux te reposer un peu maintenant."
Il alla lui-même lui tirer de l'eau fraîche au puits, puis revint la lui donner, ainsi qu'une pêche bien mûre.
"Tu te sens d'attaque pour reprendre après ça?"

Caladan prit la pêche et la mangea avec appétit n'en laissant que le noyau. Il se passa une main sur son front trempé et sur sa nuque. C'était dans ses moments-ci qu'il n'aimait pas avoir les cheveux longs. Il prit l'eau que son Maître était allé lui chercher et la déversa sur sa tête, n'éprouvant que peu l'envie de boire.
"Maintenant je m'en sens capable Maître."

Kaïtos sourit en buvant à longs traits l'eau fraîche qu'il avait prise pour lui. Quand il finit, il serra le bras de son Ecuyer à la manière des Chevaliers.
"Tu es un jeune homme très prometteur Caladan. Tu feras un bon Chevalier."
Ils restèrent encore à l'ombre un moment, puis il décida qu'il était temps de s'y remettre.
"Allez, on y retourne."

Kaïtos avait suivi le cours des pensées de son Ecuyer. Il le réprimanda gentiment.
"Cesse de penser comme un prince. Tu n'en es plus un désormais."
Il poursuivit, tout en continuant son travail.
"Tu sais, moi aussi je suis de sang royal. Le neveu du Roi de Turquoise. Mais plus maintenant. Je suis Chevalier d'Emeraude. Tout comme toi tu es Ecuyer d'Emeraude, et non plus prince de Shola."

Caladan lui adressa un sourire d'excuse.
"Pardonnez moi Maître. Je sais où est ma place mais voyez vous, depuis que je suis tout petit, mes parents ne m'ont jamais regardé. Et j'espère, malgré que cela ne m'est pas recommandé, qu'au fond d'eux, à un moment, ils seront capable de me porter dans leur coeur comme n'importe quel enfant et seront fières de moi."
Il porta un gros sac sur son dos avec un sourire.
"Désolé Maître, je ne penserais plus ainsi, pour le bien de l'Ordre qui est maintenant ma famille."

Kaïtos resta pensif. Il décida de lui parler un peu de lui.
"Tu sais, moi, j'ai eu le schéma inverse. Enfant unique d'une femme qui voyait peu son mari, j'ai été bien trop couvé. Ca en devenait étouffant. Je ne voyais que ma mère, tout le temps, sans arrêt. Elle voulait toujours m'avoir sous les yeux. J'avais l'impression d'être sa chose. C'est mon oncle qui a décrété que je devais partir à Emeraude pour devenir Chevalier, au vu de mes pouvoirs. Ma mère s'y est fortement opposée. Mais rien n'y a fait."
Il déposa son chargement, et garda son regard perdu dans le vide.
"C'était comme une renaissance pour moi. Je pouvais enfin vivre, loin de cet étouffement et de ces superstitions ridicules."

Caladan imita son Maître.
"Pareil pour moi. Je pouvais enfin être avec d'autres enfants de mon âge et avoir une vraie famille qui se tient les coude."

Kaïtos considéra son apprenti d'un oeil satisfait.
"Je me dis que le choix de Sanhan était judicieux. Nous avons pas mal de points communs toi et moi."
Il sourit.
"Je suis certain que tu deviendras un Chevalier honorable, et je vais tout faire pour t'y aider."

Caladan adressa un sourire de remerciement au chevalier et s'inclina avec respect devant lui.
"Merci beaucoup Maître. Je ferais de mon mieux pour avoir une attitude exemplaire et mettre votre apprentissage à profit pour les royaumes d'Enkidiev."

Kaïtos lui posa la main sur l'épaule et la serra avec affection.
"Allez, finissons ça, puis rentrons prendre un bon bain."
Ils achevèrent d'aider les paysans, puis reprirent leurs chevaux pour rentrer. Ils étaient crottés, trempés de sueur et épuisés, mais ce genre d'exercice était excellent pour l'Ecuyer.