Quand tout va mal [Neutre, privé Caladan]

Maïwen passait probablement la pire période de sa vie. Son amour avait été rejeté par celui qu'elle aimait le plus, qui en aimait une autre avec qui il semblait filer le parfait amour. Conséquences de sa déprime, elle ne souriait plus, était très sensible et plus renfermée que jamais. De plus, ses pouvoirs en étaient affectés. Elle était presque incapable de faire léviter ou d'enflammer quelque chose correctement.
Elle marchait à grands pas dans les couloirs. Les Chevaliers avaient convenu de laisser de temps à autre du temps libre à leurs Ecuyers, sous réserve de pouvoir les rappeler à tout moment. Quand elle tomba sur Caladan au détour d'un couloir, elle fit demi tour. Elle l'évitait depuis quelques semaines, depuis qu'il en avait préféré une autre à elle. Probablement pour tenir un peu le choc. Elle se mordit les lèvres en l'entendant courir pour la rattraper.

Caladan avait réagit au quart de tour lorsqu'il tomba sur Maïwen par hasard, il ne l'avait pas vu depuis un moment et elle lui manquait horriblement. Malgré qu'Elodia était là, il n'arrivait pas à faire l'impasse sur la présence de la jeune Zénorienne. Il la rattrapa rapidement dans le couloir, la retenant par la main.
"Maïwen attends."

Maïwen eut l'impression que sa paume devenait brûlante là où son ami la touchait. Elle tourna légèrement les yeux vers lui en se dégageant doucement.
"Attendre quoi? Et pourquoi?"
Son regard se posa sur le visage de Caladan. Elle eut l'impression qu'une brèche sanglante se réouvrait dans son coeur.

Caladan sentit sa bouche devenir pâteuse étrangement. Il ne dévia pas son regard malgré son envie.
"Pourquoi m'évites-tu depuis un moment."

"Pourquoi je t'évite?"
Maïwen parla avec un calme déplacé. C'était presque pire qu'une explosion de colère.
"Pour diverses raisons impliquant particulièrement un certain épisode marquant et douloureux de ma vie dans l'ancienne prison, avec celui qui a toujours compté plus que tout pour moi, et qui se promène actuellement en roucoulant dans le château avec une fille que je considérais comme une amie."
Elle avait envie de s'enfuir en courant. Retrouver son lit et pleurer jusqu'à l'épuisement.

Caladan garda son calme habituel, lui adressant un regard triste et cachant son malaise.
"Et tu crois que c'est une solution? Tu es en train de te renfermer sur toi même. Tu te fais du mal. C'est bien toi qui voulait être un excellent chevalier d'Emeraude? Alors reprends toi, sinon tu n'y parviendra pas. S'il te plait Maïwen fait ça pour toi."

"Je ne peux pas. C'est au dessus de mes forces."
Maïwen se remémora ses leçons de magie désastreuses ainsi que les vains efforts de son Maître pour l'aider. Rien n'y faisait, son coeur meurtri souffrait trop. Mais il disait vrai. En accumulant les lacunes, elle risquait de ne pas finir sa formation. Elle sentit ses yeux se remplir de larmes, bien qu'elle ne veuille pas pleurer devant lui.
"Pourquoi il a fallu que ça finisse comme ça Caladan?"
Qui avait une réponse à une telle question?

Caladan détourna le regard, avec une curieuse envie d'aller se terrer dans un terrier de lapin, ou un trou de souris. Il leva son regard vers la jeune fille. Pourquoi préférait-il Elodia à Maïwen? Il commençait sérieusement à se poser cette question. Puis abattu il baissa de nouveau son regard.
"J'en suis vraiment désolé Maïwen."

"Tu es désolé..."
Les larmes se mirent soudain à couler. Maïwen ne savait pas quoi dire, et quoi taire. Depuis un moment, elle s'était rendu compte d'une chose. Et chaque jour qui passait la confortait dans cette idée.
"Je suis certaine d'une chose Caladan. Comme tout le monde, je mourrai un jour. Mais moi, je mourrai d'amour."
Elle sentit ses jambes trembler, sa vision se troubla soudain, et elle manqua de faire un malaise.

Voyant Maïwen qui fut prise d'un vertige, Caladan se pressa de la soutenir pour qu'elle ne tombe pas et se fasse mal. Il lui passa une main sur le front vérifiant qu'elle n'ai pas de fièvre.
"Maïwen, tout va bien?"
Caladan se sentit bizarre. Il avait déjà eu des centaines de fois Maïwen près de lui, mais jamais son coeur ne s'était mit à battre aussi vite.

Maïwen regarda son ami. Il était si proche mais si inaccessible... Un peu comme une étoile. Que répondre? Que ça allait quand elle n'avait jamais été aussi mal? Ou avouer que ça n'allait pas du tout et s'embarrasser d'une compassion dont elle ne voulait pas?
"Ca va."
Elle ne supportait vraiment pas ce chagrin d'amour. Elle ne dormait plus la nuit, pleurait jusqu'à épuisement total, mangeait extrêmement peu et ne contrôlait plus ses pouvoirs. Elle avait perdu sa joie de vivre, malgré les efforts et les tracas de son Maître. Elle était comme une fleur qui dépérissait par manque de soleil. Son soleil à elle, c'était Caladan.

Caladan la garda contre lui. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Il passa doucement une main sur le front de la jeune fille, lui plaqua ses cheveux en arrière. Ses yeux étaient vraiment beaux. Pourquoi ne les avait-il pas remarqué avant? Remarquant qu'une situation gênante s'était installée à cause de lui, il relâcha la jeune fille, gêné.

Maïwen s'écarta de lui en tentant de chasser de son esprit le souvenir du contact de son corps contre le sien. Elle retint ses sanglots qui ne tarderaient pas à la prendre.
"Tu es heureux avec Elodia au moins?"
Elle sentit sa gorge se nouer. C'était vraiment trop dur.

Caladan détourna le regard et acquiesça.
"De plus comme nos Maître sont souvent ensemble, c'est plus facile pour se voir."
L'Ecuyer se sentait de moins en moins bien et doutait de plus en plus de ses propos. Comment était-ce avec Maïwen?

"Tu as de la chance."
Maïwen avait de plus en plus envie de partir en courant jusqu'à ce que ses jambes ne puissent plus la porter. Et là, se laisser tomber et pleurer. Pleurer jusqu'à épuisement total et accueillir avec gratitude un sommeil sans rêves.
"Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi tu t'embêtes avec moi ici. Va donc la retrouver, ça doit être bien plus intéressant."

Caladan secoua la tête.
"J'aimerais de nouveau que nous passions du temps ensemble. Nous devrions demander à nos Maître de reprendre les entraînements communs."
Il lui prit la main.
"Ce n'est pas parce que je suis avec Elodia que je te laisse de côté et t'oublie. Je pense bien plus souvent à toi que tu ne le penses et sache que tu es toujours ma meilleure amie, ma confidente, personne ne pourra changer notre lien aussi fort qu'il soit. Ni nos Maîtres, ni Elodia."

"Un lien aussi fort? Il a existé Caladan, je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui."
Maïwen retira sa main de la sienne.
"Reprendre les entraînements communs? J'ai tout juste la force de bouger. Tu crois que je pourrais résister à un entraînement?"
Elle baissa les yeux.
"Je crois que tu n'as pas les oreilles pour entendre mon coeur qui hurle. Il hurle que plus rien ne sera jamais comme avant. C'est trop tard Caladan."

Caladan baissa le regard. Il s'était plongé en lui, ne disant mot. Il était perdu par les paroles de la jeune fille. Que devait-il lui répondre? Que devait-il faire? Il n'était pas doué en amour. Son coeur lui jouait bien des tours auxquels il n'était pas préparé. Certe Elodia était attirante, adorable, et d'une gentillesse extraordinaire, mais Maïwen était plus forte, plus mature, plus tête en l'air aussi de temps à autre. Ce qu'il recherchait et ce qu'il avait sous les yeux depuis des années sans s'en rendre compte. Lorsqu'il la vit faire demi tour pour repartir, son sang ne fit qu'un tour. Il ne savait si c'était con coeur ou sa raison qui le guidait. Dans les deux cas il était fou de faire ça. Il la retint par la main et la retourna en la prenant dans ses bras, contre le mur. Lorsqu'il plaqua ses lèvres sur celles Maïwen et s'abandonna à un tendre baiser, il avait l'impression de trahit Elodia. Il était fou. Fou de n'avoir pas vu la vérité tout de suite.

Maïwen ne comprit rien à ce qu'il se passa. C'était allé trop vite. Quand il l'embrassa, elle resta interdite un moment, puis le repoussa pour se dégager. Elle le regarda un long moment, aucun mot ne sortait de sa bouche. Ses yeux semblaient traduire la question muette qui la taraudait. Pourquoi? Pourquoi? C'était la grande question.
Elle ne comprenait plus rien à rien. Trop ébranlée par ces six dernières semaines, elle ne pouvait pas le sonder avec ses pouvoirs. Elle se contenta donc de baisser la tête et de partir en courant, sans un mot, recherchant solitude et sécurité, totalement perdue et bouleversée. Quand elle arriva dans les appartements qu'elle partageait avec son Maître, elle se laissa tomber au sol et pleura toutes les larmes de son corps.

Prise d'une douce colère, Caladan resta face au mur contre lequel Maïwen était encore il y a quelques instants. Il serra le point et frappa le bloc de toute ses forces à en faire craquer ses doigts.
*Je suis trop bête. Comment est-ce que j'ai pu croire après ce que je lui ai fait qu'elle voudrait ainsi de moi. Un honorable Chevalier d'après Maître Kaïtos, mais un piètre compagnon.*
Epprouvant le besoin immédiat de se changer les idées, il alla prendre sa montur epour une rapide ballade puis ira s'expliquer avec Elodia.