Perdre la tête [neutre, privé Evan]

Depuis trois jours qu'ils étaient rentrés, Lyra n'avait plus émis le moindre son. Ele était assise sur le lit et ne dormait plus. Evan avait essayé en vint de la faire dormir avec une tisane, mais elle avait refusé de s'alimenter. Elle ne faisait que pleurer, le regard vide. Evan était descendu. Il était presque midi, et il allait se préparer à manger. C'est le moment que Lyra choisi pour se lever et accrocher le draps à la poutre haute de la chambre. Elle comptait bien mettre fin à ses jours.

Quand Evan revint dans la chambre pour demander à Lyra si elle désirait manger quelque chose, il la retrouva pendue à la poutre. Il crut que son coeur se figeait. Il bondit sur le lit et sectionna les draps qui l'étouffaient d'un seul geste, avec le couteau qu'il gardait toujours sur lui ou à portée de main depuis ce qui était arrivé à Marek.
"Lyra, par les dieux, tu es folle!"
Il lui libéra la gorge pour qu'elle puisse respirer, et l'allongea sur le lit.
"Qu'est-ce qui t'a pris?"

Lyra reprit sa respiration, des larmes pleins les yeux. Aucun son ne sortit de sa gorge. Elle restait muré dans son silence. Elle resta allongé comme il l'avait mise. Elle avait la marque déjà rouge de la strangulation au cou. Après avoir eut les idées un peu plus claires, elle se redressa et se remit dans sa position habituelle, le regard dans le vide, les joues baignées de larmes. Assise, ses bras entourant ses jambes. On aurait dit qu'elle ne voyait même pas Evan. Si elle ne pouvait pas mettre fin à ses jours, le fait de ne pas manger la tuerait à la place.

"Lyra..."
Evan la secoua doucement.
"Je t'en prie, ne refais jamais ça."
Il n'obtint pas de réaction. Ne sachant que faire, il resta là, perdu.
"Pourquoi tu ne veux pas me parler? On dirait que tu veux me punir pour..."
Il s'interrompit. C'était très dur pour lui.

Lyra se contenta d'un clignement de paupière un peu plus long. Ce n'était pas pour le punir. Elle ne lui en voulait pas. Elle s'en voulait de tout. Elle aurait du mettre fin à ses jours avec Josh. Alma n'aurait pas eut à souffrir. La jeune femme ne bougea pas. Elle avait la gorge sèche et aucune force ni envie de parler. Elle voulait en finir. Elle en avait trop gros sur le coeur.

Ne sachant définitivement plus quoi faire, Evan la laissa le temps d'interrompre la préparation du repas. Puis, il revint.
"Allez, viens. Il faut qu'on fasse quelque chose."
En désespoir de cause, il l'entraîna chez la guérisseuse. Il fallait que tout ça lui passe, autrement il deviendrait fou.
"C'est pour ton bien."
Elle ne broncha pas quand il l'emmena, ce qui le soulagea.

Lyra se laissa emmener. Evan l'emmena au village chez la guérisseuse. Le jeune homme expliqua brievement l'état de Lyra et sa tentative de suicide. Le pauvre était completement perdu. Il lui expliqua aussi qu'elle refusait catégoriquement de boire ou de manger. La guérisseuse parut embeter. Elle les fit installer dans une chambre de sa maison qu'elle reservait aux patients.
"Attendez ici. Je reviens avec un vere d'eau."
Elle le quitta et revint effectivement avec un verrer d'eau. Lyra la laissa approcher et lui poser le verre contre les lèvres. Cependant, une fois que le liquide commença à entrer dans sa bouche, elle recracha le tout, refusant de boire. La guérisseuse lui boucha donc le nez, pour l'obliger à déglutir. Cependant, Lyra se débattit vivement, faisant lacher prise d'une coup de poing à la guérisseuse. La femme lança un regard désolé à Evan.
"Il va falloir l'attacher... C'est pour son bien, mais à se débattre comme ça, elle peut nous blesser, et surtout se blesser. Elle ne tiendra pas longtemps à ce rythme là..."

Evan acquiesça.
"Si c'est la seule solution..."
Il tenta quand même autre chose, et passa doucement son bras autour de la taille de son aimée.
"Lyra, s'il-te-plaît... Fais un effort, il faut que tu te reprennes..."
Ce discours fut totalement vain. Aussi, il se résigna à aider la guérisseuse à l'attacher.

Lyra commença à sérieusement se débattre quand ils la couchèrent. La guérisseuse lui attacha d'abord les pieds au bout du lit, pour qu'elle ne risque pas leur donner une ruade. La jeune femme se mit à pleurer douloureusement. Lorsque la guerisseuse lui prit une main pour l'attacher sur le côté du lit, Lyra eut un hurlement déchirant pour qu'elle la lache. Mais Evan la tenait malgré lui contre le lit, et elle ne put rien faire pour l'en empecher.
"Je vais chercher la soupe. Si vous pouvez la mettre en position assise grace aux coussins. Elle risque de s'éttouffer si elle mange couchait."
Elle revint avec le bol de soupe, et réussit à lui faire avaler quelques cuillères en lui bouchant le nez. Lyra pleurait sans s'arreter. Elle ne voulait pas reprendre des forces.
"Lachez moi."
Sa voix était faible, et c'était le premier mot qu'elle prononçait en plus de trois jours.

"On ne peut pas..."
Evan ne savait plus comment s'y prendre. La voir ainsi lui mettait le coeur en miettes. Il lui caressa la joue d'une main tremblante.
"Je ne sais pas ce que tu as. Je comprends que tu aies mal, mais te mettre dans cet état n'arrange rien..."
*Moi aussi, je souffre, mais je dois être fort...*
"Il faut que tu manges mon coeur."

Lyra regarda enfin Evan.
"Je veux mourir ! Je veux rejoindre Alma et Josh !"
La guérisseuse lui fourra une nouvelle cuillère dans la bouche.
"Laisse moi partir..."
Elle ferma les yeux. Lutter l'épuisait.

"Non, je ne te laisserai pas partir."
Evan sentit son coeur se broyer en l'entendant parler de la sorte.
"De belles choses nous attendent encore, mais il faut aller de l'avant!"
Il lui caressa doucement la main. Il avait envie de pleurer, mais devait s'en empêcher.
"Ce n'est pas le moment de mourir."

Lyra rouvrit les yeux vers lui.
"Je te deteste..."
Elle avait un regard très dur, qui paraissait sur de lui.
"Je ne veux plus te voir va t'en !"

Ce fut probablement le coup de grâce pour le coeur meurtri du jeune homme. Il retira sa main, se sentant trembler.
"Si ça peut t'aider à aller mieux..."
Blessé bien plus profond que jamais, entendant ces mots résonner dans sa tête, il se leva et sortit de la chambre. C'était tout ce qu'il pouvait faire. Il sentait les larmes lui monter aux yeux. Le temps de s'entretenir avec la guérisseuse, et il partirait.

La guérisseuse fronça les sourcils.
"Il tient à vous. Il vous aime et tout ce que vous trouvez à faire, c'est ça !"
Elle posa le bol de soupe et alla dehors, rejoindre Evan. Il ne fallait pas donner trop à manger d'un coup à Lyra, sinon elle rendrait. Elle lui posa une main douce sur l'épaule.
"Ce que votre compagne a dit, elle est sous l'effet de la dépression. Au plus profond d'elle, elle ne le pense pas."
Elle lui adressa un sourire d'excuse.
"Quoi qu'elle dise, elle a besoin de vous près d'elle. Pour aujourd'hui, on va la laisser tranquille. Elle restera ici. JE vais m'occuper d'elle. MAis demain, il faut que vous veniez. Que vous lui parliez. Vous êtes le seul qu'elle écoutera malgrès sa colère..."

Evan acquiesça.
"Je comprends qu'elle souffre. Et qu'elle m'en veuille. Je suis responsable de la mort de notre enfant, je..."
Ne sachant plus quoi dire, et sentant qu'il ne pourrait retenir ses larmes plus longtemps, il secoua la tête.
"Je vais vous laisser. Je reviendrais demain. Prenez soin d'elle."
Sur ce, il quitta la maison.

Evan était venu tout les jours. Même si elle ne lui parlait pas, les visites d'Evan lui faisait beaucoup de bien. Elle reprenait des couleurs et du poids, doucement. Cela faisait maintenant plus de cinq jours que Lyra était attachée. LA guérisseuse parla à Evan avant qu'il n'entre.
"Elle vous a réclamé tout à l'heure. Elle va etre contente de vous voir. Vous voyez, je vous avez dit."

"J'espère que vous dites vrai."
Evan rejoignit sa belle dans la chambre, sans bruit. Elle était dans sa position habituelle, mais elle avait meilleure mine.
"Bonjour mon amour."
Il s'assit sur une chaise à côté du lit, sans la toucher. Il l'observa sans broncher.
"Tu as meilleure mine."

Lyra lui adressa un timide sourire.
"Bonjour..."
Elle semblait hésiter à le regarder.
"Je me sens un peu mieux..."
Elle tortilla ses mains sur le draps.
"Est ce que je vais pouvoir partir avec toi ?"

"Pas encore."
Evan se passa les doigts dans les cheveux.
"Je veux être sûr de ne pas te retrouver pendue à une poutre un jour..."
Il serra le poing sur le couvre-lit.
"Ca me ferait trop mal..."

Lyra n'ajouta rien. Si il ne voulait pas, ça ne changerait pas.
"Je veux venir avec toi. JE veux rentrer chez nous. Je ne veux plus être toute seule ici."
Finalement, Evan dut quitter les lieux. Lorsqu'il revint le lendemain, la guérisseuse semblait soulagé de le voir.
"Vous etes là... Je pense que Lyra va pouvoir rentrer avec vous. Elle vous a appelé toute la nuit. Elle a besoin de vous maintenant, et plus de moi. Je pense qu'il n'y a plus de risque..."
Elle eut un sourire.
"Fillez la voir..."
Lorsqu'Evan entra dans la chambre, Lyra n'avait plus les pieds attachés. Elle semblait avoir pleurer. Lorsqu'elle vit Evan, elle eut un immense sourire.
"Evan !"

"Bonjour."
Evan alla près d'elle, soucieux.
"Tu vas mieux?"
Il se mordit la lèvre. La voir attachée si longtemps, comme une bête, ne lui faisait pas plaisir. Au contraire.
"Je crois qu'on va pouvoir rentrer."

Lyra lui adressa un sourire.
"Je crois que ça va mieux maintenant."
Elle baissa le regard sur ses mains liées au lit.
"Pardonne moi pour tout ce que j'ai dit... J'avais completement perdu la tête..."
Elle se mordit la lèvre en le regardant pour ne pas pleurer.
"Je m'en veux je suis désolée..."

"Je ne veux plus que tu essaies de mettre fin à tes jours."
Evan la regarda sans ciller.
"C'est trop égoïste. Ce qui nous est arrivé m'a beaucoup touché aussi, mais il a fallu que je me force à aller de l'avant. Au lieu de sombrer, prends la main que je te tends pour en faire autant."
Il soupira.
"Tu m'as fait peur..."

Quelques larmes silencieuse roulèrent doucement le long des joues de la jeune femme.
"Je suis vraiment égoïste..."
Elle eut un sanglot et le regarda sans rien pouvoir faire, toujours attaché au lit. Elle aurait voulu l'avoir contre elle.
"Je t'ai fait encore plus de mal. JE n'ai meme pas pensé à toi, à ce que tu ressentais."
Elle s'en voulait terriblement, et elle commençait à ne plus supporter du tout d'être attaché. Elle avait les muscles ankylosés.