un mois [neutre, privé Aryas]

Cela faisait maintenant un mois qu'Osana avait son bras cassé. La guérisseuse lui avait demandé de repasser, pour une visite de vérification. Son bras allait bien mieux. Cependant, même la guérisseuse avait remarqué une petite baisse de forme chez sa patiente. Elle mettait ça sous le coup de sa fracture qui la fatiguait, en fait, Osana se sentait très mal chez Aryas. Elle avait découvert en un mois qu'il aimait les femmes autant qu'un brocanteur aime les vieilleries. Il les collectionnait, ce qui la rebutait un peu. Cependant, malgré tout, il était extremement gentil avec elle. Son métier, sa gentillesse, elle avait parfois l'impression de retrouver Peet, la fidélité en moins. Tout ça la troublait beaucoup.
Sur la grande allée, Silf galopait devant sa maitresse. Il était joyeux avec un baton dans la gueule. A peine fut il presque à la coure que les chiens, agés de trois mois, arrivaient en aboyant.
"Doucement, ils sont petits."
L'un des chiots attrapa un bout du baton dans la gueule de Silf et tira dessus. L'adulte grogna pour signifier que c'était son bien. Après quelques minutes, il lacha le baton et bouscula Etoile qui tomba sur le côté, un peu appeurée, elle eut un japement, dans une position de soumission. LA mère arrivait déjà, tous crocs dehors.

"Silf, vient ici, laisse les tranquille !"
Cependant, le chien ne semblait pas d'humeur lui non plus. Il retira sa patte de sur la petite mais s'opposa à la mère en montrant les crocs lui aussi. Les deux chiens avaient des allures de loup. Silf était à peine plus imposant qu'elle. Il semblait vouloir se faire une place dans la meute des 5 chiens.
"Ca suffit maintenant !"
Le chien fit un pas vers la chienne.

Silf n'avait visiblement rien contre les petits car il les laissa partir. Cependant, il essaya d'attraper Jadis par la peau du cou. Ce qu'elle évita habilement. OSana s'était rapprochée, pour essayer de séparer les deux fauves.
"Silf, arrete !"
Cependant, le chien était décidé. La vieille femme cherchait Aryas du regard, cependant rien. Elle se décida finalement à aller chercher un long baton pour les séparer.

En entendant les grognements et autres jappements, Aryas sortit finalement voir ce qui se passait. Les deux chiens se battaient, devant une Osana qui ne savait visiblement pas quoi faire.
"Arrêtez!"
Il alla chercher un seau d'eau froide pour la leur jeter, ce qui les calmerait. Cependant, pendant ce temps, Jadis avait réussi à faire basculer Silf sur le dos, et le dominait à présent de toute sa hauteur, crocs découverts, avant de le prendre à la gorge, sans le blesser, mais la menace mortelle était là.

Silf ruait dans le vide en donnant des coups de pattes arrières à la chienne. La seule chose qui la fit lacher fut le seau d'eau. Osana regarda Aryas sans savoir quoi dire. Elle se sentait honteuse, et avait les larmes aux yeux.
"Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas ça, j'ai essayé de les séparer, je suis désolée, je suis désolée !"
Silf se redressa et s'ébroua. La voix un peu coupée, Osana lui ordonna de venir, ce qu'il fit cette fois. Elle lui donna une grosse claque sur les fesses.
"Je vais allé l'enfermer, pardon, pardon."

"Non, c'est mieux ainsi. Si vous les aviez séparés, vous auriez pu vous prendre un mauvais coup de dents."
Aryas regarda sa chienne qui s'ébrouait et allait lécher tendrement ses petits, après un dernier regard mauvais pour son adversaire.
"J'espère qu'elle ne l'a pas blessé."
Il fronça les sourcils.
"Que c'est-il passé?"

"Je rentrais du village et il a prit de l'avance sur moi. Les chiots sont arrivés et il a couché Etoile, pour lui montrer qu'il était le dominant, puis Jadis est arrivée puis vous..."
Osana soupira.
"Veuillez me pardonner, je suis sincerement désolée. Et pour lui, il n'est pas bléssé, il en a vu d'autre..."
Elle attrapa son chien par la peau du cou, de son bras valide.
"Il ne vous embetera plus..."

"C'est bon, ça ira. Il devrait avoir retenu la leçon. Jadis protégeait ses petits, c'est tout."
Aryas s'adressa à sa chienne.
"A la grange Jadis, allez file!"
L'animal plaqua les oreilles en arrière, et obéit, suivie par ses chiots qui se chamaillaient.
"Sous peu, je vais me défaire des petits."

"Vous allez les donner ou les vendre ?"
Osana regarda la chienne partir. Habituellement, Silf l'écoutait, elle aussi.
"Si il vous en reste un, ma voisine au village cherchait un chien pour sa nouvelle maison en campagne."

"Je les donne. Peut-être que j'en garderai un, ou une, je ne sais pas. Il ne faudrait pas qu'un mâle saillisse sa mère par la suite."
Aryas soupira.
"Je m'y suis attaché, à ces boules de poils."
Il rit puis lui offrit son bras.
"Allez, venez. Comment va votre bras?"

Osana passa son bras valide au travers du sien en souriant.
"Mieux. Merci. Je suis allée voir la guérisseuse et elle a dit que j'avais une cicatrisation rapide, et que c'était rare pour une femme de mon âge."
Elle lui adressa un large souriant.
"Enfin, un petit mois et tout sera comme neuf !"
Elle ne put retenir un petit rire.
"Je peux partir dès maintenant si vous le voulez..."

"Non, il n'y a pas de problème. Restez."
Aryas la questionna du regard.
"A moins que... mon comportement avec les femmes ne vous dérange?"
Pour une vieille femme, c'était peut-être choquant de voir un jeune homme volage comme lui.

"Votre comportement avec ces jeunes femmes ne regarde que vous."
Elle le regarda avec un léger sourire.
"Vous ne cherchez pas à vous mettre en couple, fonder une famille, aimer une unique femme plus que n'importe quelle autre ?"

"Je ne sais pas si c'est une vie faite pour moi. Ca manque de piquant, c'est... trop rangé."
Aryas réfléchit un instant à la question.
"Et puis, ce serait égoïste de priver les autres femmes de mes bras pour en donner l'exclusivité à une autre, non?"
Il rit.

Osana eut un sourire qui sonnait un peu faux.
"Vous verez que vous faites peut etre une erreur de jugement."
Son sourire se fit plus franc.
"L'amour va vous tomber dessus un jour ou l'autre, vous ne pourrez pas y échapper."

"Peut-être. Pour le moment, ça ne m'est pas encore arrivé."
Aryas se passa la main dans les cheveux.
"Et pour être franc, j'aime trop ce jeu de séduction et ces relations incertaines pour m'enchaîner à une femme, surtout si elle désire des enfants. Pour le moment, je suis jeune et je veux en profiter."

"Le gout du risque n'est ce pas."
Elle eut un petit rire. C'était bien le seul point qui l'éloignait beaucoup de Peet. Osana secoua doucement la tête pour ne plus y penser.
"Tant que vous ne les faites pas souffrir, ça va... Sinon, je serais là pour sévir."
Elle lui adressa un franc sourire maternelle.

"Elles savent dès le départ que je ne leur offre que quelques nuits, rien de plus."
Aryas décida de la questionner un peu.
"Et vous? Vous êtes veuve? Vous avez eu des enfants?"
Il ne se doutait pas qu'il lançait là un sujet douloureux.

"Je suis veuve... dans un sens."
Elle ne mit pas longtemps à trouver l'histoire.
"Je vivais avec un homme, mais nous n'étions que fiancés. Puis un jour, il est partit pour proteger notre royaume, et il n'est jamais revenu..."
Osana sentait sa gorge se nouer malgré elle.
"J'étais enceinte quand il est partit, mais le traumatisme de son départ m'a fait perdre l'enfant. J'ai mis de longues années à me remettre de ces pertes, et la vie est passée bien trop rapidement pour que j'en profite correctement. Alors me voilà aujourd'hui."
Elle s'essuya un peu les yeux.
"Rien de très glorieux pour une vieille femme que de ne pas avoir put donner la vie..."

"Je vois... C'est le risque de tous les soldats."
Aryas tenta de la réconforter un peu.
"C'est aussi une des raisons pour laquelle je ne veux pas avoir d'attaches. S'il m'arrive quelque chose, je ne laisse personne derrière moi."
Il hésita.
"C'était... important pour vous d'avoir un enfant?"

Osana eut un sourire qui sonnait faux.
"C'est important pour toute les femmes. Sur cette terre, les femmes sont là pour avoir des enfants, enfin au moins un, un reste de leur sang, le partage d'un amour."
Elle soupira.
"Quand j'ai perdu mon enfant, j'ai perdu la seule chose qu'il me restait de mon compagnon. J'ai en fait perdu les deux en peu de temps, c'est ça qui est très dur..."
Elle posa sa main sur la sienne.
"Mais je suis de toute façon bientot à la fin de ma vie. Je n'attends plus que les dieux me reprennent avec eux..."

"C'est triste ce que vous dites. Il y a bien encore quelques plaisirs qui vous rattachent à la vie, non?"
Aryas aurait bien aimé lui redonner goût à la vie. Elle avait eu une existence tragique.
"Ce soir, je vais nous faire un bon repas, d'accord?"
Il sourit.

Osana ne répondit pas à sa premiere question. L'espoir de retrouver forme normale un jour ? Existait-il vraiment ?
"Je ne veux pas vous déranger vous savez. Mais refuser serais mal vue... Alors j'accepte avec plaisir de partager le diner avec vous."
Elle lui adressa un sourire.
"Mais avant, il faut que j'aille me décroter un peu."