Sonder pour comprendre [Neutre, privé Elessar]

Elessar secoua la tête.
"Si tu arrêtais de tourner autour du pot?"
Il en avait vraiment assez.
"Tu as quelque chose à me dire, alors sois franche. Sinon, je te plante là."

"D'accord hum ... tu me promets que tu ne vas pas te mettre à me trucider ou à partir ?"

Shiloïna rougit en s'entendait prononcer cette phrase aux airs enfantins. Elle reprit le contrôle de ses émotions, et interrogea du regard Elessar qui lui faisait face. C'était évident qu'il n'allait pas lui promettre, mais qui ne tente rien n'a rien, et telle était la devise de Shiloïna. Et de toute façon, si il lui promettait, ça l'étonnerai qu'il tienne sa promesse.

"Tout va dépendre de ce que tu vas dire."
Elessar haussa les épaules.
"De toute manière, si tu n'as rien à dire, je te laisse. J'ai mieux à faire."
Il la regarda à nouveau, attendant qu'elle se décide.

"Non non ! J'ai ... j'ai des choses à dire."

Shiloïna, pour une fois, laissa son cœur battre à toute allure dans sa poitrine et aurai bien aimé que quelqu'un lui envoie une vague d'apaisement, à elle. Elle se mordit la lèvre et le gout salé du sang se répandit dans sa bouche. Avalant avec difficulté, elle retint une envie de tousser. Respirant calmement et éloignant la main de son épée, elle murmura tout bas :

"Je te prie de m'excuser pour l'acte impardonnable que j'ai commis, premièrement ... Deuxièmement, et bien ... tu vois ... je sais que, que tu me détestes mais ... que ... ce n'est pas la seule chose que ... tu éprouves à mon égard."

Elessar ouvrit des yeux surpris. Il ne s'attendait pas à ça.
"Qu'est-ce que tu veux dire? Tu m'as sondé?"
Comprenant mieux à présent, il se renfrogna.
"Dans ce cas, tu dois tout savoir sans que j'aie besoin de parler."
Il ne savait pas ce qui était le pire: sa colère ou sa gêne.

"Ne ... ne sois pas ... gêné ..."

Shiloïna était elle aussi au maximum de sa gêne. Elle entortilla ses doigts, commença à se balancer sur un jambe, et porta sa main à sa bouche. Tous ses petits tics ressortaient pour masquer son angoisse, et elle proposa à Elessar, histoire d'être quitte :

"Heu ... si, si tu veux ... tu peux ... lire mes pensées ... on ne sera bien sur pas quitte mais ... au moins ... ça m'évitera de parler pour rien dire."

Dans un élan d'espoir, Shiloïna laissa grand ouvert l'accès à ses réflexions, et le rouge monta à ses joues.

"C'est idiot ce que je te propose ..."

"Je ne vais pas faire ce que tu as fait."
Elessar crispa le poing et serra les dents.
"Je crois qu'on n'a plus rien à se dire."
Il se détourna, prêt à la planter là. Il se sentait profondément humilié.

"Non ... ce n'est pas vrai, Elessar. Tu, tu as conscience de tes sentiments, n'est ce pas ? Pourquoi tu veux essayer de refouler ce que te crie ton cœur ? Tu ne le supportes peut-être pas ..."

En voyant Elessar partir, Shiloïna se dit soudain que tout ne pouvais pas s'arrêter là. Il l'aimait, et elle ... presque. Avant qu'il devienne froid, autrefois, elle l'aimait, oui, mais d'un amour d'une fillette de 4 ans. Et cet amour est différent de celui que Shiloïna ressent aujourd'hui. Plus profond, plus sincère ... elle s'y accrochait, c'était plus important qu'avant. Et dire qu'elle avait vécu pendant presque 15 ans sans lui ...

"Non Elessar !"

Et là, Shiloïna fit ce qu'elle n'aurai pas dû faire. Elle couru derrière lui, et lui attrapa le bras pour le retenir, pour ne pas voir s'envoler son amour. Un désir purement égoïste, mais c'était son cœur et plus son cerveau qui guidait ses actes ...

Elessar se retourna vivement vers elle.
"Quoi encore?!"
Il dégagea son bras avec humeur.
"Tu ne crois pas que tu m'as assez humilié comme ça? Que cela suffit? Tu m'as blessé dans le passé, ça passe encore, mais là, tu ne pourrais pas me lâcher?"
Il la toisa avec une colère froide. Elle s'était immiscée dans son intimité, et il ressentait ça comme une violation.

"Non ! Je ne pourrais pas te lâcher, non ! Je suis égoïste, désolé mais c'est comme ça ! Et toi, tu cherches à fuir ! Ton honneur est souillé, c'est ça ? Parce que tu m'aimes ? Je ne suis pas assez bien pour toi ? Ah non, monsieur ne veux pas de Chevalier, il nous déteste, j'oubliais ..."

Des larmes de rage et de tristesse se mêlèrent sur les joues de Shiloïna qui n'en pouvait plus. Ils étaient tout deux à bouts, rongés par la gêne et par leurs sentiments. Elle n'avait qu'une seule envie, lui ouvrir son cœur. Et il était en train de la blesser comme elle l'avait fait quelques année plus tôt.

"C'est ça que tu veux, hein ? Me blesser ? Parce que je l'ai fait autrefois ? Ou tu veux peut-être que je te foutes la paix parce que je t'exaspère ! Et tu vas rentrer chez toi, tranquillement, et dans 2 jours tu m'aura oubliée ! Mais pour moi, ça ne marchera pas comme ça ! Tu crois que je vais arriver à te haïr pour masquer mes sentiments ? Non !"

Shiloïna débitait des absurdités à toute vitesse, ayant conscience qu'elle devait paraître affligeante aux yeux d'Elessar. Mais, affligeance ou pas, elle avait un poids en trop, et il fallait bien qu'il sorte.

Un léger rictus vint se dessiner sur les lèvres de l'Elfe.
"Tu dis vraiment des âneries... Je savais que tu étais idiote, mais à ce point..."
Elessar recula d'un pas.
"Tu as violé mon intimité en me sondant. Ca, je ne peux te le pardonner. Et tu crois que c'est simple pour moi d'assumer mes sentiments? Je te hais et je t'aime en même temps!"
Il ferma les yeux. C'était dit.
"Quand tu es partie, j'ai vécu ça comme un abandon. Un abandon, et une trahison. Tu préférais ces inconnus à moi. De plus, tu étais immédiatement estimée et privilégiée à cause de tes pouvoirs, alors que j'étais traîné dans la boue."

"Tout le monde me rejetait ici, à cause de mes pouvoirs. Même toi. Alors, oui, j'ai préféré ces inconnus à toi, et j'ai pris une solution pour fuir."

SHiloïna baissa les yeux et rougit, ne sachant plus quoi dire, désolée pour tout.

"La belle affaire!"
Elessar pesta. Ils tournaient vraiment en rond.
"Maintenant, tu sais ce que je ressens, tu m'as humilié une fois de plus, et tu as su ce que tu voulais. C'est bon, heureuse? Tu peux me laisser enfin en paix, que je puisse aller m'enfermer quelque part où de toute façon personne ne m'attend?"
*Comme si j'avais déjà eu de l'importance pour quelqu'un...*

Elessar avait pensé, une infime pensée destinée à lui seul, mais c'était suffisamment pour que Shiloïna l'entende. Elle réagit au quart de tour, en mesurant son ton :

"Moi ! Pour moi ! Tu as de l'importance, je te signale ... et je n'ai pas voulu t'humilier ... juste savoir ... si tu ne me l'aurai jamais dit, on aurait tourné en rond pour toujours !"

*Et ce n'est pas ce que j'aurai voulu ...*

"Tu me l'aurais montré si c'était le cas."
Elessar secoua la tête.
"J'ai bien vu que j'avais moins d'importance à tes yeux que ces inconnus. Maintenant, laisse-moi."
Il ne broncha pas, mais se coupa soigneusement du monde extérieur.

"A l'époque ..."

Shiloïna essuya du revers de la main ses yeux et regarda Elessar s'éloigner. Cette fois, elle ne tenterait rien pour le rattraper. Elle avait perdu d'avance, de toute façon. Et il l'avait prise au dépourvu, elle ne pouvait plus répondre. Alors, l'elfe laissa couler malgré sa main des larmes désespérées. Incapable de se retourner, elle marcha à reculons vers Chi, qui ressentait sa douleur. Elle l'enfourcha, toujours sans se détourner, et partit vers Emeraude en s'efforçant de tourner son regard.

*Il faut que je l'oublie ...*