Néo et Araïn [neutre, privé Araïn]

Messa se leva en entendant la porte d'entrer s'ouvrir. Elle alla voir si il s'agissait bien d'Araïn. Effectivement, c'était lui. Avec Néo qui marchait près de lui. Elle alla à leur rencontre. D'abord, elle ne vit pas le problème d'Araïn. Mais en se rapprochant, elle vit qu'il était courbé, une main sur le flanc.
"Qu'est ce qu'il t'es arrivé ?!"
Elle regarda Néo dans la pénombre. Elle lui adressa un sourire et le prit dans ses bras. Il grimaça.
"Maman, mon bras l'est cassé. J'ai mal."
Elle lui posa un baiser sur le front et fit ses mouvements plus doux. Elle le reposa et regarda Araïn. Il n'allait pas bien. Elle se rapprocha de lui. Il était blanc.

Araïn eut un sourire. Il avait du mal à respirer, et il avait perdu déjà beaucoup de sang.
"Ce n'est rien, juste une égratignure. Occupe-toi du petit, son bras est cassé, et il est fiévreux."
Il ferma les yeux et inspira le plus longuement qu'il pouvait, en essayant d'oublier l'atroce douleur qui le lançait.
"Il n'y a plus de danger. Je l'ai tué."
Il appuya un peu plus le tissu contre sa plaie, en retenant une grimace. Le linge était déjà gorgé de sang.

Messa ne pouvait voir le tissu sur la plaie d'Araïn. Elle emmena Néo avec elle et regarda son bras, en allumant une chandelle. Ce n'était pas une mauvaise fracture, mais il fallait la soigner. Il devait avoir mal.
"Tu penses que tu peux rester comme ça jusqu'à demain ?"
Le petit secoua la tête. Ce n'était pas une question pour un enfant si petit. Et pourtant, Messa était impuissante face à cela.
"Tu as faim mon grand ? Tu veux dormir ?"
"Je veux manger."
Messa le prit dans ses bras et l'emmena dans la cuisine, avec la chandelle. Araïn c'était assis sur une chaise. La jeune femme prit un bout de pain et servit un verre d'eau au petit. Elle en prit un pour Araïn, en allumant une nouvelle chandelle. Lorsqu'elle fut près de lui, elle posa la chandelle sur la table.
"Pourquoi est ce que tu m'as dit que ce n'était qu'une petite égratignure ?"

"Parce que ce n'est rien. C'est le sang du ravisseur. Je m'en sers juste parce que je l'ai humidifié, pour atténuer la douleur. Mais c'est supportable."
Sacré mensonge. Il voulait simplement qu'elle s'occupe de Néo avant tout.
"Occupe-toi de Néo, il en a plus besoin que moi."
Il était soulagé que leur fils n'ait qu'une fracture. Avec une attelle, ce serait vite remis.

Messa fronça les sourcils, un peu soulagé malgré tout qu'il lui dise que ce n'était pas son sang. Elle lui posa un baiser sur le front, il était chaud et humide. Elle se redressa et alla chercher deux petites planches en bois et du tissus pour immobiliser le bras du petit.
Elle lui mit en place et retourna près d'Araïn. Il était encore plus blanc. Elle lui passa une main sur la joue.
"Tu es sur que ça va. Tu es blanc et chaud."

"Appelle la guérisseuse. Même si ce n'est pas le moment."
Ne pas la faire paniquer. Mais il ne devait pas se leurrer. Il perdait trop de sang, et la plaie était trop sensible. Quand il y avait jeté un oeil, elle était violette. Très mauvais signe.
"Ce serait mieux pour nous deux. Ne pose pas trop de questions."

Messa le regarda, le regard peiné.
"Je vais allé la chercher. Surveille les petits."
Elle se retourna, prenant son manteau.
"Enfin essaye..."
Messa alla rapidement vers les ecuries. Là, elle sella le cheval d'Araïn et quitta la maison rapidement. Une fois arrivé chez la guérisseuse, elle lui parla de Néo et d'Araïn qui ne semblait pas aller bien. Elles revinrent toutes deux à la maison de Messa.

En arrivant, contrairement aux protestations d'Araïn qui voulait qu'elle examine en priorité Néo, la guérisseuse vint près de lui, ayant remarqué qu'il courait un grave danger. Elle avait les traits tirés par la fatigue, car il était très tôt le matin, et l'aube n'était pas encore là.
"Examinez d'abord Néo."
"Ce n'est qu'une fracture, je peux le faire dans un instant. Vous en revanche, vous m'avez l'air très sévèrement touché..."
Elle prit le linge qu'il tenait. A contrecoeur, il la laissa l'écarter. L'imposante plaie violacée et perdant beaucoup de sang fut immédiatement dévoilée. De plus, il ne laissait pas paraître la fièvre et les étourdissements qui le prenaient.

Messa se plaqua les mains sur la bouche en voyant l'ampleur de la plaie. Pourquoi ne lui avait il rien dit ?! Elle se rapprocha, les yeux en larmes. Elle n'était pas bête et avait elle aussi remarqué les teintes de la blessure.
"Pourquoi tu n'as rien dit !"
Elle se laissa tomber à genoux près de lui.
"Je serais allé chercher la guérisseuse plus tôt !"
Elle le regarda malgré le trouble de sa vue.
"Pourquoi tu m'as menti ! En disant que tu n'avais rien de grave !"

"Pour ne pas t'inquiéter inutilement... Et surtout pour que tu t'occupes de Néo."
Araïn retint une grimace. Une migraine atroce lui martelait les tempes.
"C'est mauvais... On va vous soigner."
La guérisseuse se tourna vers Messa.
"On va le conduire à la chambre. C'est grave."

Messa acquiesçat, les yeux baignés de larmes. Elle aida la guérisseuse à le porter puis elle prit Kimie et l'emmena dans la chabre de son frère pour qu'elle finisse sa nuit. Arthur n'allait malheureusement, pas tarder à se reveiller.
"Qu'est ce que vous voulez dire par grave ?"

"Il a perdu beaucoup de sang, et il est très affaibli. Il est au bord de l'inconscience."
Araïn se laissa faire quand on le coucha. En revanche, il s'accrocha à la tunique de la guérisseuse.
"Il faut soigner Néo. Il a mal."
"Oui, bien sûr."
Le jeune homme perdit connaissance.
"Je crains qu'il ne faille agir très vite. Pour lui, c'est urgent. Je vais devoir faire passer votre fils en second lieu."

Messa acquiecçat.
"Je lui ai fait une atelle."
Elle regarda impuissante Araïn qui venait de perdre connaissance.
"C'est de ma faute !"

"Mais non voyons. En quoi?"
La guérisseuse commença à s'affairer autour du blessé. Elle était plus soucieuse qu'elle ne le montrait.
"Je vais aussi examiner votre fils. Une fracture peut dégénérer, et ce serait bête qu'il ne puisse plus utiliser son bras."
Elle ne demanda pas ce qu'il s'était passé, mais elle se doutait que c'était quelque chose de grave.

Arthur se mit lentement à pleurer dans son berceau. Messa alla le prendre dans ses bras.
"Je vais vous laisser faire. Je vais aller voir mon autre fils."
La jeune femme quitta la pièce en regardant une dernière fois Araïn. Elle avait tellement pour pour lui à présent ...
Dans la cuisine, elle retrouva Néo toujours assis. Elle lui passa une main dans les cheveux et essaya de paraitre le plus naturel possible malgré sa voix tremblante et les larmes au coin de ses yeux.
"Ca va mon grand ?"
Néo secoua négativement la tête. Apparement, il avait mal.
"Pourquoi tu pleures maman ?"
La jeune femme regarda son fils avec un sourire.
"Maman aussi a le droit de pleurer... C'est pare que j'ai mal moi aussi."
*Mal au coeur de tant de souffrances...*

Durant toute la matinée, la guérisseuse s'affaira autour d'Araïn. Sans succès. Elle demeurait impuissante face à son mal. Lui était de plus en plus faible. Il reprenait lentement conscience quand la femme descendit pour soigner Néo, qui n'avait que trop attendu. Elle avait la mine grave.
"Messa, je vais m'occuper de votre fils. Mais avant je dois vous parler."
Elles allèrent un peu à l'écart.
"J'ai fait tout ce que j'ai pu pour lui. Il a été blessé avec une lame enduite d'un poison de composition personnelle et inconnue. Je ne peux rien y faire. Il aurait fallu réagir immédiatement après le coup porté, mais je suppose qu'il a agi en tant que père."
Elle posa une main sur le bras de la jeune mère.
"Il est condamné... Je suis désolée."

Au fur et à mesure des paroles de la guérisseuse, Messa se sentait de plus en plus mal. Elle avait l'impression que son coeur allait la lacher. Elle s'était calmé mais ne put se retenir de pleurer à nouveau. En se laissant aller contre la guérisseuse.
"Je ne veux pas !"
Elle se laissa complétement aller en sanglot.
"Je ne peux pas le perdre. C'est impossible."
Messa avait de plus en plus de mal à parler.
"Je l'aime ! JE ne peux pas vivre sans lui et me débrouiller seule !"
La guérisseuse lui posa une main amicale sur l'épaule.
"Allez le voir. Il vient de reprendre conscience..."
Messa quitta la femme en courant et pleurant pour aller vers Araïn. Une fois dans la chambre, elle se laissa tomber à genoux face à lui.

Araïn ne se leurrait pas. Il savait ce qu'il allait lui arriver. Quand il vit Messa arriver en trombe et tomber en sanglots devant lui, il leva une main faible et la posa sur sa tête.
"Eh, doucement... Qu'est-ce qui te met dans cet état?"
Il lui caressa doucement la tête en passant la main dans ses longs cheveux. Sa plaie, si elle n'était pas recousue, et toujours boursouflée et emplie de poison, était au moins nettoyée et couverte par des bandages. La guérisseuse l'avait également lavé et changé.
"Regarde, je suis propre comme un sou neuf. Est-ce qu'elle a soigné Néo?"

Messa prit la main d'Araïn dans la sienne. Elle n'arrivait plus à parler correctement. Elle avait l'impression de se noyer dans ses propres larmes.
"Elle... Elle est en train de le faire."
Elle se tut un instant et regarda son époux dans les yeux.
"Tu ne peux pas me laisser Araïn. Je ne peux pas ..."

Elle aussi savait donc ce qu'il allait lui arriver. Araïn lui offrit cependant un sourire fatigué.
"Te laisser? Allons, jamais. Je serai toujours là."
*Même en esprit, quand j'aurais rejoint les grandes plaines de lumière...*
De son autre main, il lui caressa la joue, essuyant un peu ses larmes.
"Même les larmes ne peuvent gâcher ta beauté. Mais c'est bien mieux quand tu souris. Tout va rentrer dans l'ordre, tu verras."
Encore et toujours la rassurer. Alors que ce qu'il disait était faux. Il était condamné, et le savait parfaitement.

Messa ferma les yeux au contact des mains d'Araïn.
"Je ne pourrais pas vivre sans toi. Je t'aime Araïn. Je t'aime plus que tout."
Les larmes ne pouvaient s'arreter de couler.
"Je n'y arriverai pas. Je ne suis plus rien sans toi."
Elle se redressa un peu et le regarda avec un léger sourire.
"On a vécu tellement de choses magnifiques. Tu ne peux pas nous laisser. On a besoin de toi. Nos enfants ont besoin de leur père !"
Le sourire se changea rapidement en en grimace et quelques larmes tombèrent près d'Araïn.
"Tu veux toujours m'épargner des soucis en me cachant les choses. Tu n'aurais pas du ! Maintenant je vais te perdre... JE ne peux pas y penser"

"Messa..."
Araïn chercha à l'apaiser. Mais ses belles paroles ne fonctionnaient pas.
"Au moins, je vous aurais protégés. La seule chose que je regrette, c'est qu'Arthur n'aura pas de souvenir de son papa."
Il lui passa les doigts dans les cheveux. Cette fois, il ne cherchait plus à cacher la vérité.
"Je ne sais pas combien de temps il me reste. Mais j'aimerais quand même les revoir tous les trois avant que..."
Il se tut. Il ne voulait pas en parler.

Le coeur de Messa se serra. Elle avait l'impression de mourir avec lui.
"Araïn, je..."
Elle se tut et déposa ses lèvres sur les siennes. Les mots était trop douloureux. ELle se sépara de lui et quita la pièce pour aller chercher les enfnts. Elle récupéra Arthur et Kimie. Néo se faisait soigner. Elle alla jusqu'à la chambre. La petite fille était déjà reveillé. Et Arthur semblait bizare. Plus tendu que d'habitude.
"Tu veux bien aller faire un bisou à papa ?"
La petite s'éxécuta avec un immense sourire. Elle ne comprenait pas. Elle se rapprocha ensuite de lui avec Arthur. Le bébé gémissait inhabituellement.

Araïn serra doucement sa fille contre lui. Kimie fut heureuse de lui rendre son câlin. Pour le jeune homme, c'était une torture. Il voulait vivre pour continuer à les protéger, à veiller sur eux. Voir les enfants grandir, devenir des adultes à leur tour... Apprendre à Arthur à marcher et à parler, à Néo à monter à cheval, à Kimie comment parler parfaitement... Elever le poulain à naître et le dresser... Et surtout, sentir toujours contre lui le corps de celle qu'il aimait, et entendre les battements de son coeur répondre aux siens. Et pourtant, tout cela allait disparaître.
"Et Néo? Toujours en train de se faire soigner?"
Il prit Arthur dans ses bras. Le bébé geignait un peu.
"Essaie de te souvenir de ton papa. Au moins comme une présence et comme une voix, petit homme."
Il lui déposa un baiser sur la tête, puis le garda à côté de lui dans le lit, pour pouvoir en profiter encore tant qu'il pouvait.

Messa sourit un peu malgré la situation de son époux.
"Il se fait soigner, oui."
Elle ferma les yeux, en pleurant encore.
"Je vais aller le chercher. Ca devrait être terminé..."
Elle lui lança encore un regard, comme si chacun allait être le dernier. Et elle quitta la pièce pour aller chercher Néo. La guérisseuse avait déjà terminé mais elle était resté avec lui. Lorsque Messa vit son fils, le bras bandé à nouveau, plus correctement, elle lui tendit des bras aimant. Une fois dans ses bras, Néo se blottit contre elle.
"Faut pas pleurer maman."
Messa lui passa une main dans les cheveux avec un sourire de plus en plus triste. La guérisseuse vint luiposer une main sur l'épaule.
"Je suis désolé pour ce qu'il vous arrive."
Messa ne répondit rien. Puis finalement, elle la remercia.
"Merci de vous être occupé d'eux. Je viendrais vous payer demain..."
La guérisseuse secoua négativement la tête.
"Ce n'est pas la première fois que vous venez. Je finis par vous connaitre un peu plus. Vous pouvez prendre votre temps."