A coeur ouvert [Neutre, Seul]

La cité était calme. Le soleil était haut dans le ciel et pour ne pas souffrir de sa chaleur les habitants c'était réfugier sous des toiles tendues entre les maisons, à l'ombre. Les trois cours d'eau qui prenaient leur source à la citadelle dans une grotte souterraine, ruisselaient à travers les rues. Les enfants y jouaient et les vieilles femmes s'y rafraichissaient. Tout étaient paisiblement comme tous les après midi.
Du haut de la citadelle, assit sur la rembarde en pierre de son balcon, un pied pendant dans le vide, Kadaj avait le regard perdu au loin. Il était à l'ombre, un gobelet en argent remplit d'eau fraîche. Il tendit le bras pour sortir de l'ombre. Quand les rayons du soleil lui caressèrent sa paume, ils firent en même temps briller le fin bracelet qu'il avait au poignet. Il esquissa un petit sourire. Le dernier souvenir de Djin avant de mourir. Puis il ramena sa main à lui et but une gorgée d'eau. Son verre vide il le posa à côté de lui. Il avait l'impression d'être vide de l'intérieur. Chaque jour qui passait lui meurtrissait encore plus le coeur. L'on dit que toutes les blessures se soignent avec le temps, mais la sienne ne faisait que s'aggraver de jour en jour. Cela faisait maintenant six ans et pourtant il avait l'impression qu'il dansait encore hier avec Djin. D'ailleurs, Djin, il voulait la voir actuellement. Il se leva et grimpa sur le petit muret de son balcon. Il calcula rapidement la hauteur. Il y avait quelques corniches, il pourrait sans problème s'y accrocher pour éviter une chute mortelle.
"Tu devrais peut être plutôt prendre le même chemin que n'importe quel mortel."
Surprit par cette voix familière il se retourna. Alaïn, son ami et cousin. Kadaj lui adressa un franc sourire.
"Tu sais bien que..."
"... Que tu aimes les sensations fortes et que c'est bien plus rapide que de passer par les escaliers. Oui, je sais. Mais est-ce ma faute si j'ai toujours peur de te voir en bas, avec le crâne explosé."
Kadaj acquiesça puis prit son lasso à la taille et sauta dans le vide.