Début de l'enseignement [neutre privé Niiye]

Le lendemain matin, ils étaient enfin arrivés dans le royaume de Béryl. Enfin, plutôt dans la forêt, aux alentours... Eliott se laissa doucement glisser de la selle et flatta l'encolure de Valaraukar, en souriant. Le cheval était épuisé par sa course, il n'avait pas cessé de porter les deux humains avec lui. Le messager sourit et prit les rênes avant de sortir de la forêt, laissant la jeune femme en selle. Il regardait toutes les maisons autour de lui. Il était assez connu dans le village, pour tout ses services rendus. Et encore... Il eut un sourire en voyant un homme s'approcher.

"Tiens, Mordan, comment ça va ?"
"Ah... Heureux de te voir Eliott ! Tu fais encore une halte par ici ?"
"Oui, mon amie et moi faisons un arrêt par ici. Tu peux nous héberger ?"
"Bien sûr ! C'est quand même toi qui a réparé mon toit l'année passé !"
"Evidémment, tu ne pouvais plus monter dessus !"

Les deux hommes rirent et Eliott lança un regard rassurant à son amie, avant de tirer légérement sur els rênes de Valaraukar, pour l'entraîner à la suite de l'homme. Il se tourna vers Niiye et lui glissa quelques mots.

"Ne vous inquiétez donc pas, c'est un de mes amis... Nous ne craindrons rien chez lui... Vous verrez... Mais faites moi confiance..."

"Je vous crois."

Niiye n'avait pas vraiment confiance en ce Mordan inconnu, mais elle avait confiance en Eliott, et s'il lui disait de ne pas s'inquiéter, il ne fallait pas s'inquiéter. La jeune femme suivit alors les deux hommes sur Valaraukar, qu'elle caressa affectueusement. C'était un bel étalon assez sensible et méfiant. Il lui rappelait Kram, et à sa nostalgie de le revoir augmentait. Elle se dit alors que, dès qu'elle aurait gagné un peu d'argent avec sa future profession, elle retournerait le chercher, au nez et à la barbe du marchand ...

Tenant les rênes d'une main, le jeune homme guidait l'étalon chez Mordan. La maison du commerçants était près du centre du village, ce qui l'avantageait pour vendre ses marchandises. Eliott commença à expliquer un peu la situation concernant Niiye. En effet, elle allait devoir être hébergée. Mordan le regarda et se passa une main sur le crâne.

"Tu sais ça n'as pas changé chez nous... Il n'y a toujours qu'une chambre d'ami..."
"Ce n'est pas très grave, je peux toujours dormir sur le canapé..."
"Tu es sûr de toi ?"
"A moins que tu préféres que j'aille dormir avec Valaraukar, oui !"

Le marchand sourit et jeta un coup d'oeil à la jeune femme assise en selle. Il détourna bien vite le regard, intrigué par l'inconnue. Valaraukar leva un peu brusquemment la tête lorsque Niiye lui caressa l'encolure. Il n'avait pas l'habitude d'être touché par un autre humain... Et puis, il sentait que Niiye semblait un peu bizarre, ce qui ne le rassurait pas...

"Nous sommes arrivés !" Déclara finalement Mordan en montrant une petite chaumière droit devant eux.

Niiye entendit les paroles d'Eliott. Non, elle n'allait surement pas le laisser dormir ailleurs que dans le lit. C'était à elle de dormir sur le canapé ou dans l'écurie. Normalement, elle n'avait rien à faire ici, et elle y était parce que le jeune homme le voulait bien. Alors, non, pas question qu'il lui laisse des privilèges ! Elle n'allait pas abuser de sa gentillesse !
La jeune femme descendît de Valaraukar avec douceur et alla se placer près d'Eliott :

"Vous dormirez dans le lit. Ne renoncez pas à une bonne nuit de sommeil sur un matelas pour moi. Je dormirais sur le canapé si notre hôte le veut bien, et si non, je dormirais à la belle étoile. Ça ne me gêne pas."

Eliott sourit en regardant sa compagne. Laissant Mordan partir prévenir sa femme, il se dirigea vers l'écurie, demandant à Niiye de le suivre. Il enleva l'harnachement de sa monture et commença à le panser.

"Vous savez, je préfére que vous dormiez dans un lit confortable. Ca vous fera du bien je pense, vous semblez fatiguée..."

Le jeune homme sourit et caressa le Frison, qui lui donna un léger coup de tête affectueux. Il sourit et reposa son regard sur Niiye.

"Qui plus est, ça fait un moment que je n'ai pas partagé un petit moment au calme avec Valaraukar... Je crois que ça lui manque autant qu'à moi... Ca ne me dérange pas de dormir avec lui vous savez... Mais si vous y tenez tant, on pourra toujours faire des rondes... Mais hors de question que vous dormiez mal la veille de votre apprentissage."

Eliott alla mettre son étalon dans l'écurie et sourit. Il reviendrait le voir ce soir, quoiqu'il advienne. Il sourit et ressortit.

"Cela vous convient il ?"

Voyant bien qu'elle n'arriverait pas à obliger Eliott à dormir dans le lit, Niiye accepta :

"Merci pour tout... Ça me convient."

Niiye lui sourit, et le suivit jusqu'à la maison de Mordan, leur hôte. Avant d'entrer, la jeune femme rangea ses poignards dans une petite sacoche et découvrit son visage de son masque prune. Elle semblait moins agressive, tout à coup, et était plus jolie. Ne prenant que rarement le soleil à cause de ce masque, le bas de son visage était d'un extrême pâleur, une pâleur de lait, ni maladive ni trop blanche. Niiye était superbe.

Posant la main sur la poignée de la porte, le jeune homme se returna vers sa future élève pour voir comment elle allait. Il resta figée sur place, en voyant sa peau opaline, de Niiye. Elle était vraiment superbe comme ça... Magnifique. Il ne trouvait pas d'autres mots pour la décrire. Il revient à la réalité en remarquant le regard un peu intriguée de la jeune femme. Détournant la tête, Eliott ouvrit la porte et laissa son amie passer avant lui. Puis, il referma la porte.

La maison semblait bien plus accueillante à l'intérieur. Le feu qui brûlait dans l'âtre projetait des lueurs rouges orangés sur les murs, les peignant de la même teinte. Une table en bois massif assez large trônait au milieu de la pièce, entourée par des chaises en bois. Et, près de la cheminée se trouvait des fauteuils accueillants. Eliott regarda autour de lui, redécouvrant la maison avec un sourire. Avisant la femme qui lavait quelques assiettes, il s'approcha et posa sa main sur son épaule.

"Bonsoir Maria. Ca va ?"
"Eliott ! Ca faisait longtemps !"
"Pas tant que ça tu sais... Au fait... Est ce que ça te dérange de nous accueillir, mon amie et moi, pour quelques jours ?"
"Non, pas du tout ! Au contraire ! Mais allez-y, installez vous !"

Eliott sourit et laissa Niiye s'installer. Il ne l'avait pas présenté pour ne pas la mettre mal à l'aise... L'une des tactiques des tueurs n'était elle pas de changer d'identité ? Il n'en savait rien, mais ne voulant pas déranger Niiye, il la laissa faire.

"Bonsoir ! Je me nomme Niiye, merci beaucoup de m'accueillir chez vous !"

La jeune femme les remercia puis prit place sur un fauteuil et de délecta de son confort. Elle n'avait pas été assisse sur quelque chose de confortable depuis longtemps, elle s'était habituée à l'herbe fraiche et aux sommiers durs ...
Puis, Niiye sourit discrètement à Eliott, car elle avait bien compris qu'il avait fait exprès de ne pas la présenter. Mais non, dorénavant, elle donnerait toujours son vrai nom. Parce que bientôt, elle ne serait plus une tueuse. Elle n'aurait plus besoin de se cacher ou de mentir sur son identité. De plus, elle qui était très honnête, elle n'avait pas l'âme d'une assassin, ce "métier" basé sur l'hypocrisie.

Le jeune homme lui sourit discrétement en retour et vient près de Maria.

"Tu as besoin d'aide ?"
"Non, non... Mordan est en haut, il se lave mais installez vous dans notre chambre d'ami."

Il sourit et regarda l'ancienne tueuse, lui demandant d'un geste de la main de le suivre. Il monta les escaliers et ouvrit la porte d'une chambre, tout au bout du couloir. Il laissa la jeune femme rentrer à l'intérieur avant d'aller allumer une bougie et de fermer la porte. La chambre était simple, une commode, un lit deux places et une petite table de chevet. Eliott laissa son regard parcourir la pièce, avant de voir une petite boule noire sur le lit. Il sourit et alla la prendre dans ses bras.

"Si jamais vous avez froid, vous pourrez toujours demander au chat de vous réchauffer... Il est très fort pour ça..."

Le messager sourit en caressant la tête du matou au pelage sombre.

"Je vous laisse vous installer seule si vous voulez... Je vais attendre dans le couloir, je dois... dire deux mots à Mordan"

Il sourit et quitta la pièce, prenant garde à laisser la porte à entrouverte, si jamais il y avait un problème. Il s'adossa au mur et attendit le chef de maison, les bras croisés sur le torse.

"Merci beaucoup."

En voyant Eliott partir, Niiye commença à s'installer. Elle rangea ses maigres affaires - son masque et quelques bijoux - dans un tiroir et hésita à garder son arme. Avec, elle se sentait rassurée. Mais elle n'en avait plus besoin maintenant ... Suivant son instinct, elle garda tout de même ses poignards, juste au cas où.
Puis, elle se tourna vers le chat qui ronronnait sur son lit. Doucement, elle s'approcha, lui fit sentir son odeur et caressa sa tête. Niiye avait toujours aimé les animaux. Parfois même, elle rêvait d'en être un, pour une vie sans soucis ... La jeune femme se ressaisit. Maintenant, elle avait Eliott pour l'aider. Une formidable chance. Elle ne devait pas la laisser passer.

Eliott regarda Mordan sortir de la salle d'eau avec des vêtements propres sur le dos. Aussitôt, le messager s'avança et vient le voir. Ils commencèrent à discuter. Le marchand s'avérait un peu méfiant tout de même vis-à-vis de Niiye, mais le jeune homme croyait dur comme fer qu'elle était une personne bien. Il soupira et regarda son ami.

"S'il te plaît... Je veux vraiment l'aider..."
"... Eliott ? Pourquoi tu t'entêtes comme ça ?"
"Je ne sais pas... Honnêtement, elle n'est pas comme les autres... Elle n'aime pas ça, elle ne veut pas tuer... Pourquoi ne pas lui donner une chance ?"
"Tu ne recherches pas la même chance que toi tu as perdu, il y a un moment ?"
"Je t'ai demandé de ne plus parler de ça..."

Le marchand ne dit plus rien et finit par descendre rejoindre sa femme. Le messager resta dans le couloir et ne put s'empêcher de jeter un petit coup d'oeil à l'intérieur. Il eut un sourire en la voyant caresser le félin. Finalement, il se recala contre le mur et l'attendit patiemment, gardant un visage calme et un peu froid. Dés qu'elle reviendrait, ils iraient manger et ensuite, il devrait lui parler un peu... Rien de mal, juste quelques consignes, pour demain... Il eut un sourire et ferma les yeux.

Ayant l'ouïe fine, Niiye avait entendu Eliott discuter avec Mordan, et avait aussi sentit que cette discussion était fini et que le jeune homme l'attendait. Mais, sachant qu'écouter aux portes n'était plus utile, elle n'avait pas écouté précisément leurs paroles et ne savait donc pas ce dont ils avaient parlé.
Caressant une dernière fois le félin, elle sortit de la pièce pour rejoindre Eliott. Le jeune homme l'attendait bien et elle lui sourit, puis devant son air froid, lui demanda :

"Vous allez bien ?"

Le jeune homme eut un sourire envers sa future élève et finit par se décoller du mur. Il s'approcha doucement d'elle et hocha la tête.

"Ne vous en faites pas, je vais bien... Je suis juste un peu... fatigué..."

Il secoua la tête Il n'aimait pas trop le vouvoiement qui existait entre la jeune femme et lui. En même temps, il n'y pouvait rien, enfin, pas pour le moment? Une fois en bas, ils s'attablèrent mais Eliott était un peu reclus dans ses pensées. Il parla peu, voir pas du tout. Il ne savait pas, mais il ne voulait pas trop s'attarder. A dire vrai, il était un peu perdu. N'en pouvant plus, il se retira en s'excusant, puis, il sortit dehors. Se dirigeant vers l'écurie, il vient voir son étalon. Valaraukar vient frotter sa tête contre la sienne avec affection et le messager sourit. Il lui caressa doucement la tête et finit par poser son front sur ses naseaux.

"Plus ça va , plus je me perds... Heureusement que je t'ai pour m'aider à m'y retrouver..."

Le cheval poussa un faible hennisement et frotta sa tête contre la sienne de nouveau.

Niiye vit Eliott sortir de table, visiblement préoccupé. Elle finit son assiette par pure politesse, puis remercia ses hôtes pour le repas. Elle s'excusa aussi de ne pas rester plus longtemps en leur compagnie, et leur promit qu'elle les aiderait en compensation. Puis, elle quitta la maison et marcha silencieusement vers l'écurie. Eliott était surement là-bas, auprès de Valaraukar, son fidèle étalon. Elle ne le connaissait que depuis deux jours mais savait déjà pas mal de choses sur lui. Et, effectivement, le jeune homme se trouvait bien là ou Niiye l'avait prévu. Discrète, elle se camoufla derrière une imposante poutre. C'était grossier comme camouflage, mais il n'y avait guère d'autres moyens. Et préoccupé comme il était, Eliott ne s'en rendrait surement pas compte.

*Mais qu'est ce qui le perturbe à ce point ? Ça à l'air important ... et douloureux. J'aimerais qu'il m'en parle ... mais il n'a sans doute pas assez confiance en moi pour cela.*

La tête contre celle de l'étalon, il pensait. Trop perdu dans ses souvenirs qui remontait à un moment... Il ne se détachait pas assez du passé, et en souffrait... Peut être pas beaucoup, mais il se drainait de l'énergie tout seul. Et pour se changer les idées, il se concentrait sur ses missives et les travaux manuels. Il se fichait pas mal du reste... Mais maintenant, avec Niiye, il aurait en plus d'autres choses en tête et ça l'arrangeait. Il voulait juste oublier le monde d'où il venait. D'ailleurs, il devrait dire quelques mots à la jeune femme le lendemain. Il ne remarquait pas qu'elle était tapie dans l'ombre, et qu'elle l'écoutait à moitié. Il caressa l'encolure du Frison en souriant tristement.

"Même si ça me fait du mal de dire ça.. Nous ne pouvons plus retourner dans le royaume de Rubis... Enfin... Pas avant un moment."

La bête donna un léger coup de tête sur le torse de son maître, avant de se reculer légérement dans son box et de renacler. Eliott eut un faible sourire. Quelqu'un l'observait, il ne savait pas qui, mais Valaraukar l'avait senti. Il le calma en le caressant doucement.

"On ne craint rien, ne t'en fait pas... Si ça se trouve, c'est juste le chat tu sais..."

Au fond, il savait que ce n'était pas le cas. C'ets d'ailleurs pour ça qu'il posa sa main sur la garde de son épée, prêt à se servir de son arme.

Niiye écoutait sans bruit Eliott parler à son étalon de ses malheurs. Elle aurait bien aimé questionner le jeune homme sur cette interdiction d'entrer au Royaume de Rubis, mais cela ne la concernait pas et elle ne voulait pas rouvrir de vieilles plaies.

*Le pauvre ...*

Puis, la jeune femme retint une exclamation de surprise lorsqu'elle vit Eliott dégainer son arme. Elle n'avait pas pensé à ça. Pas pensé au fait qu'il pouvait croire qu'elle était une personne venue pour le tuer. Qu'elle ce qu'elle pouvait faire ? Elle n'allait quand même pas partir en courant ... Tant pis. Elle devait se montrer. Eliott la jugerait peut-être, et Niiye perdrait surement toute confiance à ses yeux, mais au moins, elle était honnête et assumait ses actes. On ne pouvait pas lui reprocher ça. Alors, silencieusement, la jeune femme sortit de sa cachette et se montra au jeune homme.

"Je suis désolée." dit-elle en baissant honteusement les yeux.

Eliott poussa un soupir et rangea la lame de son épée dans son fourreau. Puis, il se mit face à la jeune femme et croisa les bras.

"Je suppose que vous savez qu'écouter les conversations privés des gens ne se fait pas... Néammoins, je savais que j'étais observé, j'ai continué à parler volontairement... A vous de voir ce que vous comptez faire des informations que vous avez prises..."

Il se retourna quelques secondes et caressa doucement l'encolure de l'étalon, le remerciant du regard de l'avoir prévenu que quelqu'un était ici. Puis, une fois cela fait, il marcha vers Niiye et, une fois à quelques pas d'elle, il s'arrêta.

"Vous pouvez penser ce que vous voulez me concernant. Je vais juste vous donner un petit conseil..."

Il se rapprocha d'elle encore un peu et finit par se pencher légérement en avant, pour murmurer à son oreille.

"Vous devriez aller vous reposer car, si je me souviens bien, nous nous lèverons tôt demain, si vous voulez commencer votre apprentissage."

Il lui adressa un petit sourire et finit par quitter l'écurie, pour aller sur le canapé, comme prévu. Il s'installa près du feu et s'assit en contemplant le brasier, sans bouger. Mordan et sa femme était depuis longtemps partis dormir et le jeune homme savourait le silence qui régnait dans la pièce vide.

Abasourdie, Niiye resta plantée sans bouger dans l'écurie. Puis, en toute hâte, elle rejoignit la maison de Mordan et voulut parler à Eliott. Lui dire qu'elle avait fait ça parce qu'elle s'inquiétait pour lui, parce qu'elle se demandait ce qui le tourmentait. Mais, lorsqu'elle le vit, face au feu, lui tournant le dos, la jeune femme se raisonna. Il valait mieux ne pas le déranger, même si ses questions lui tournerait dans la tête toute la nuit. Alors, a pas de loup, elle monta dans la chambre et enleva ses épaulettes de métal ainsi que ses mitaines, puis se coucha. Elle avait hâte d'être demain. Une nouvelle vie allait commencer.

Il l'entendit monter, alors qu'il avait les yeu clos. Il était fatigué. Fatigué par sa rencontre avec la jeune femme, par son voyage, par tout... Il soupira et remit une bûche dans le brasier, avant d'aller enlever son épée et ses vêtements superficiels, avec lesquels il ne pourrait pas dormir confortablement. Il finit par s'allonger sur le canapé, les bras croisés derrière la tête. La pièce était sombre et la seule source de lumière émanait des flammes. Il ferma les yeux et finit par s'endormir.

Le lendemain matin, lorsqu'il se réveilla, il était seul dans la maison. Il se leva en s'étirant comme un chat et remarqua un papier sur la table. Un petit mot de Mordan. Il était partit faire s'occuper de ses affaires, en négociant avec des amis pour partir ensemble à un moment. Mordan était l'un des rares marchands de Béryl à voyager de terre en terre pour vendre des produits de la région. Quant à sa femme, elle faisait le tour du village, pour voir si quelqu'un n'avait pas un petit problème, pour l'aider. Elle reviendrait pour le déjeuner. Eliott soupira et écarta le papier, avant d'aller dans la salle d'eau, pour se laver rapidement. Il devrait faire deux, trois petites choses pour aider le couple. En sortant de la salle d'eau complétement propre et habillé, il regarda discrétement dans la chambre de la jeune femme. Comme il s'en doutait, elle dormait. Il sourit et referma doucement la porte, redescendant en bas pour commencer le petit déjeuner.

Ayant trouvé le sommeil assez tard, Niiye dormait à poings fermés quand Eliott se leva. Mais, l'ouïe fine et l'habitude de se lever avec le soleil eurent raison du sommeil de la jeune femme. Elle ouvrit doucement les yeux, et se les cacha devant l'intense lumière qui baignait dans la pièce. S'habituant peu à peu à la luminosité, elle rajusta ses vêtements et descendit aider le jeune homme, vu apparemment, ses hôtes étaient absents. Comme prévu, elle le trouva en bas, en train de s'affairer à préparer le petit déjeuner. C'était très serviable de sa part.

"Bonjour ... Vous allez bien ?"

Parlant comme si de rien n'était, Niiye se rappela la faute qu'elle avait commit hier. Alors, elle déclara :

"Je m'excuse de vous avoir espionné ... je m'inquiétais, vous ne sembliez pas allez très bien ..."

Eliott eut un sourire et se retourna vers elle, posant une assiette pleine face à sa table. Elle contenait des oeufs et un peu de lard. Malheureusement, il ne pouvait pas se dérober à la tâche physique qui l'attendait, et il ne savait pas si Niiye aurait à l'aider. Il ne le souhaitait pas, mais s'il n'avait pas le choix... Il secoua la tête et s'installa face à elle. Il l'observa longuement. Il avait vraiment beaucoup de mal avec le vouvoiement. Un mauvais souvenir qu'il rapportait de Rubis. Là bas, les seuls personnes à le vouvoyer étaient des servants, qui réagissaient au quart de tour lorsqu'il les appelait. Et il n'aimait pas ça... Il ne voulait pas considérer la jeune femme comme tel, et souhaitait être d'égal à égal avec qui que ce soit... Il la regarda et finit par répondre, en se forçant à afficher un sourire.

"Je vais bien oui, ne vous en faites pas. Je n'ai pas eu froid, grâce à la cheminée. Et vous ? J'espère que le chat ne vous as pas ennuyé..."

Il avait commencé à manger, en petite quantité certe, mais néammoins assez pour prendre des forces. Lorsqu'il entendit ses excuses, il releva la tête et eut un sourire sincère.

"Ce n'est pas la peine de vous excuser plus longtemps, je sais que vous êtes sincère. Alors mangez. Je ne vous en veux pas, au cas ou ça vous inquiètes. Vous ne pensiez pas à mal, je ne peux vous en vouloir... Par contre... Je n'auai d'autres choix que de tenir un peu la maison... J'espère pouvoir faire au mieux pour vous aider, si vous souhaitez toujours apprendre en ma compagnie..."

Niiye se servit une petite ration d'œufs et de lard, et commença à manger en compagnie d'Eliott. Elle était contente qu'il ne lui en veuille pas. C'était une grande chance, et la jeune femme s'ordonna de ne plus jamais recommencer ce genre de bêtises.

"Bien sur que je le souhaite encore, c'est une grande chance que vous m'offrez. Et vous savez, je serai ravie de pouvoir vous aider à tenir la maison si vous voulez bien. Ce sera pour moi une certaine manière de remercier nos hôtes."

Une fois qu'ils eurent finis de manger, Niiye aida le jeune homme à débarrasser la table, puis reposa sa question.

"Vous êtes d'accord ?"

Le jeune homme soupira et se passa une main dans les cheveux. Honnêtement, il ne savait pas. Il acceptait volontiers l'aide de la jeune femme, mais ça dépendait des travaux... Il regarda fixement dehors. Finalement, il se décida. La saison était prospice pour labourer les champs et pour semer. Il se retourna vers Niiye et hocha la tête.

"Je vais, si cela ne vous dérange pas, vous demander de faire la vaisselle. En attendant, j'irai labourer les champs voisins, enfin, la partie encore fertile. Vous pourrez après m'aider à semer et à remettre la terre en place. Si jamais je n'ai pas fini de labourer d'ici là... Je crois que les bêtes ont faim... Vous pourrez toujours aller les nourrir."

Il eut un petit sourire. Oui, la jeune femme lui serait d'une grande aide. Il quitta la maison, en laissant la porte grande ouverte pour aérer. Puis, il partit dans l'écurie et prit Valaraukar avec lui. Il l'emmena jusqu'au champs fertile et l'harnacha. Puis, il l'attacha à la charrue, avant de saisir les poignets fermement. Il avait retroussé ses manches et, sous un ordre, le Frison commença à tirer, le jeune homme poussant la charrue, qui commença à avancer lentement.

"Je m'y mets tout de suite !"

Après avoir chaleureusement accepté d'aider Eliott, Niiye se mit tout de suite au travail. Et du travail, elle en avait. Une grosse pile de vaisselle l'attendait, puis une douzaine de bêtes affamées, et enfin plusieurs champs à semer.

*Allez, courage !*

La jeune femme attrapa une assiette avec précaution et commença à la laver, tout en repensant à ce qu'Eliott avait dit hier. Il ne pouvait plus retourner à Rubis ... pourquoi ? Il en avait peut-être de mauvais souvenirs ... où alors on ne l'autorisait plus à y entrer. Qu'avait-il fait pour cela ? Niiye se promit de lui demander quand elle le connaitrait bien mieux.

En une heure, Eliott avait tout juste finit de labourer la terre. Et encore, c'est parce que le champs était petit. Il laissa sa monture se reposer un peu, alors qui partait prendre les graines, pour semer. Il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas faire tout les champs aujourd'hui. A l'heure du déjeuner, il arrêterait de travailler et ferait une pause. Ensuite, si les bêtes n'avaient pas été nourries, il irait les nourrir, avant de commencer à faire étudier Niiye. Cette simple pensée le fit sourire, alors qu'il continuait de semer les graines. Oui, il ferait ça. Il continua de parcourir la terre remuée. Lorsqu'il eut enfin fini, ce qui lui prit une bonne demie-heure, il retourna atteler Valaraukar et recommença le même travail sur le champs d'à côté. Il remit toutes ses forces à la tâche mais s'épuisait de plus en plus. Ce n'était pas un travail des plus simples...

*J'espère qu'elle s'en sort de son côté... Je lui ai quand même donné beaucoup de travail...*