Un petit mois [neutre, privé Aryas]

Cela faisait maintenant un mois que Daniel avait vu le jour. Les relations entre Osana et Aryas s'étaient concidérablement dégradées, et la jeune femme ne supportait plus du tout cette ambiance, c'était mauvais pour Daniel aussi. Maintenant, elle était presque sure d'elle, elle allait partir avec son fils et un peu d'argent.

Depuis que son fils était né, Aryas voyait à nouveau de plus en plus ses maîtresses. Il évitait le bébé autant que possible, et ne l'avait même jamais pris dans ses bras. Pour lui, c'était une sorte de nouvel animal domestique dont sa compagne avait la charge. Et qui, accessoirement, lui prenait les nerfs à pleurer pour un oui ou pour un non. Daniel était un bébé un peu malade, il avait quelques problèmes de digestion, et il rendait facilement sa tétée s'il était perturbé. De fait, il avait souvent des maux d'estomac qui le faisaient pleurer, ce qui le fatiguait autant que cela fatiguait ses parents.

Osana était désormais sûre d'elle. Elle devait partir. Pour le bien être de son fils, et du sien. Il avait besoin de calme, et non de cette tension et cette indifférence. Aryas était chez une de ses maitresses, Osana le savait. Elle en profita pour faire sa valise avec les affaires du petit, les siennes et pour prendre un peu d'argent à Aryas. Elle sortit finalement de la maison où Silf l'acceuillit heureux.
"Toi, tu vas rester là avec ta petite famille. Tu vas me manquer."
Elle posa un baiser sur la truffe de l'animal et parti. Il ne semblait pas comprendre, mais retourna batifoler avec Jadis. Osana prit le chemin du village, son fils noué contre la poitrine avec une écharpe et sa valise au bout d'un bras. Elle était triste de partir mais le devait.

Aryas avait passé du bon temps non pas avec une, mais avec deux de ses maîtresses. Il trouvait Osana ennuyeuse et agaçante depuis que leur fils était venu au monde, aussi s'arrangeait-il pour être peu à la maison. Quand il revint chez lui, il ne trouva personne. La jeune femme et le bébé avaient disparu. De même que toutes leurs affaires. Il haussa les sourcils. Elle n'était quand même pas partie? Il décida d'aller faire un tour à cheval du côté de son village d'origine pour en avoir le coeur net.

Osana avait eut le temps d'aller jusqu'au village. Elle avait ouvert tout les volets de sa maison et la vitrine de sa boutique où quelques chapeaux tronnaient encore. Elle prit le temps de ranger ses affaires et celle du bébé. La maison sentait un peu le renferméé, aussi, elle dut ouvrir les fenêtres et tenir le bébé bien au chaud. Elle n'avait pas de berceau pour lui ici. Elle recompta l'argent qu'elle avait pris, et décida que si Aryas ne venait pas rapidement, elle irait acheter un couffin pour que le bébé ne soit pas dans son lit, au risque de tomber.

En arrivant, Aryas constata que la maison d'Osana était à nouveau occupée. Selon toute logique, elle était donc là. Il flatta l'encolure de son cheval, et lui fit faire demi tour sans même s'approcher.
"Bon, elle le prend comme ça, hein mon beau? Grand bien lui fasse, pas besoin d'elle pour vivre."
Il pressa les flancs de sa monture et lui fit prendre le chemin du retour.
"Je vais en profiter pour me faire un peu plaisir et profiter de ma liberté. Et le mieux de tout, c'est que je n'aurais plus les pleurs du marmot dans les oreilles."

Plusieurs jours passèrent où Osana espérait malgré tout voir revenir Aryas. Cependant, rien, ni personne. La premiere semaine fut très dure pour elle. Finalement, elle alla acheter le couffin comme elle l'avait dit. Une fois cette premiere semaine passée, Osana se disait qu'Aryas ne l'aimait en fait définitivement pas et qu'il avait simplement eut pitier d'elle. Au bout de deux semaines, elle avait commençait à aller mieux, et Daniel aussi. Il n'avait plus trop de problème pour digerer et il passait son temps coller dans les bras de sa mère qui avait reprit la confection de chapeaux. Il fallait bien faire rentrer de l'argent.

De son côté, Aryas s'était fait plaisir. Chaque soir, il avait une à deux nouvelles femmes dans son lit, et il rattrapait le temps perdu à faire stupidement la cour à une femme aussi fade qu'Osana. Seul Silf déprimait un peu, mais quand le jeune homme s'occupait bien de lui, il semblait revivre. Le soldat ne pensait plus trop à la jeune femme ni à son fils, qu'il avait fini par considérer définitivement comme un poids, le confortant dans son opinion qu'il était stupide d'avoir des enfants.

Après trois semaines loin d'Aryas, par curiosité, Osana décida d'aller près de sa propriété. Elle avait un Daniel qui avait déjà bien grandit des les bras, endormit. Une fois assez proche, mais hors de vue, elle aperçu la silhouette d'Aryas par la fenetre de sa chambre. C'était l'heure de la sieste pour lui, et il devait allé se coucher. Cependant, une seconde silhouette, cette fois féminine apparut. S'en fut trop pour la jeune femme qui quitta les lieux. Une fois chez elle, l'idée avait fait son chemin. Aryas n'était plus rien pour elle. Il ne l'aimait pas, jouait avec les autres femmes, dénigrait son propre fils comme un moins que rien. Osana allongea son fils dans le couffin et alla s'allonger pour dormir un peu. Elle se sentait las. Puis lorsqu'elle se reveilla, elle avait l'impression de pouvoir gravir des montagnes, comme libéré d'une attache douloureuse en plein coeur. Aryas avait comme disparut de son coeur. Elle souffrirait moins loin de lui et de ses attributs vagabonds.

Aryas passa deux mois à profiter de la vie comme il l'entendait. Mais peu à peu, un certain manque vint se faire ressentir. Une sorte de vide douloureux, qu'il avait du mal à identifier. Il finit malgré tout par comprendre. Osana lui manquait. Pourtant, il avait profité de sa liberté, comme il aimait. Ce fut peut-être à ce moment là qu'il comprit ce qu'était vraiment l'amour, et à quel point il tenait à elle. Malgré lui, il se décida à tenter de recoller les morceaux.

Malgré l'argent qui venait maintenant à manquer un peu, Osana se sentait bien. Elle était heureuse avec son petit garçon qui avait grandit et prit un peu de cheveux. Lui aussi semblait bien. Il avait pris bien plus de poids et était potelé à souhait. Même si les affaires avaient un peu de mal à repartir, la jeune femme y mettait tout son coeur. A vrai dire, elle ne pensait même plus à Aryas qui devait être heureux, avec ses multiples conquètes et sa liberté retrouvée.

Aryas n'était pas trop sûr de son coup quand il vint toquer à la porte d'Osana, un gros bouquet de fleurs des champs fraîchement cueillies à la main.
*Elle va m'en vouloir, je le sens... Mais elle n'a pas tort.*
Quand elle vint ouvrir, il lui fit un petit sourire.
"Bonjour Osana."

Osana ouvrit donc la porte, un grand sourire heureux aux lèvres comme souvent depuis plus d'un mois. Cependant, en voyant Aryas derrière la porte, elle la referma aussitot avant d'y poser son dos.
*Qu'est ce qu'il fiche ici...*
"Qu'est ce que tu veux ?"

"Simplement te parler."
Aryas attendit. Quand elle ouvrit la porte, il lui offrit son bouquet.
"Tiens, c'est pour toi."
Il laissa planer un silence.
"Comment vas-tu?"

"Très bien."
Osana hésita un moment, puis finalement, elle le laissa rentrer.
"Tu peux t'asseoir là."
Elle désigna un petit divan du doigt et le quitta pour tout de même allait mettre le bouquet dans un vase. Elle resta un moment dans sa cuisine à se demander pourquoi il était revenu. Finalement, elle rapporta une caraffe d'eau où flottait deux rondelles de citron. Elle le servit et se servit ensuite. Elle prit place dans le fauteui mais ne pipa mot.

"Pourquoi es-tu partie?"
Aryas leva les yeux vers elle. Sans le dire, il cherchait son fils des yeux, mais aussi des oreilles, au cas où il se mettrait à pleurer. Non pas qu'il ait spécialement envie de le voir. Le bébé l'angoissait plus que jamais, mais ne l'indifférait plus. Il était juste curieux de voir à quoi il ressemblait à présent. Il se contenta d'attendre poliment et patiemment la réponse d'Osana.

"Tu n'as pas eut le temps de trouver la réponse en deux mois ?"
Osana allait ajouter quelque chose quand les petits geignements de Daniel se firent entendre. Il n'aimait pas être seul, mais dormait, Osana l'avait mis au calme dans sa chambre. Elle se leva.
"Excuse moi."
Elle quitta la pièce et monta rapidement les escalier pour chercher son fils. Elle vérifia, et il était propre. Elle le prit dans ses bras mais emmena le couffin avec elle pour pouvoir l'allonger. Elle reprit place dans le fauteuil, Daniel dans les bras. Le petit regarda instantanement son père. Il devait l'avoir entendu parler du premier.

"Disons que c'était un peu brutal."
Aryas jeta un petit regard à son fils. Il avait grandi, c'était un beau bébé relativement en forme. Il lui ressemblait pas mal, avec ses petits cheveux blonds. Il avait en revanche hérité des yeux de sa mère.
"Je pensais que c'était provisoire."

"Non, ça ne l'était pas."
Elle caressa doucement les cheveux de son fils.
"Je n'en pouvais plus de vivre avec toi."
Osana redressa son regard vers lui.
"Lui et moi on vit vraiment heureux depuis que tu n'es plus dans notre vie."

Aryas encaissa le coup sans broncher. Elle n'avait pas tort.
"Tu as quelqu'un dans ta vie?"
Il continuait à la regarder, calmement. Il voulait la récupérer, oui. Mais ce n'était pas encore le moment de lui faire sa cour. Bientôt, il le ferait. Mais pour l'heure, elle devait cracher son venin, afin d'être réceptive.

"Non et je ne veux personne. Tu m'as dégouté de la vie en couple."
Osana n'haussait pas la voix. Elle était claire avec elle même, et elle ne voulait pas que Daniel se sente mal à nouveau. Elle eut un petit rire ironique.
"Tu m'excuseras de ne pas te retourner la question. Mais je sais déjà ce qu'il en est..."

"Dégoûtée... à ce point?"
Aryas la regarda, une lueur de tristesse authentique au fond des yeux.
"J'ai donc été un si mauvais compagnon?"
Daniel poussa une petite exclamation en gigotant un peu dans les bras de sa mère.

Osana plongea son regard dans le sien.
"Tu m'as fait énormement de mal, Aryas. J'ai beaucoup pris sur moi pour accepter que tu voies des maitresses, que tu couches avec elle. Ca ne me faisait pas plaisir, loin de là, mais j'ai pris sur moi, en sachant que tu en avais besoin pour être... heureux."
Elle posa un baiser sur le front de Daniel pour qu'il se calme. Il ne cessait pas d'observer son père.
"Depuis qu'il est là, je ne t'ai presque pas vu. Tu nous as fuit. Tu avais commencé à faire des efforts, mais ils ont completement disparus. Je me suis occupée de Daniel toute seule, tu ne l'as même pas touché depuis qu'il a vu le jour, et tu ne m'as même plus approché."
Elle soupira légérement.
"J'étais triste de partir. Je pensais que peut être nous allions te manquer, mais j'ai eut tord. J'ai fini par faire une croix sur toi. Je suis heureuse maintenant que tu n'es plus dans ma vie. Je n'ai plus peur de te voir rentrer pour l'insulter ou le traiter comme une chaussette sale. Il n'a plus aucun problème pour manger. Tu es la cause de tous nos soucis."
Elle avait laché cette derniere phrase dans un soupir. Il ne pouvait pas voir tout les efforts qu'elle avait fait et à quel point il avait été égoiste.

"Je vois..."
Aryas médita un moment ses paroles, puis il prit une inspiration.
"Tu es heureuse comme ça? Vraiment?"
Il tripotait nerveusement le bas de sa chemise.

Cette simple question sema un peu le doute chez la jeune femme, mais elle ne laissa rien paraitre.
"Je veux que mon bébé vive bien et qu'il ne soit pas malade parce que je suis tout le temps enervée..."
Elle regarda son fils avec un extrème douceur.
"Je me sens bien maintenant. Ce n'était plus le cas avec toi."