Pas sans égratignures... [Soutenu, seul]

Araïn avait passé plusieurs heures dans le noir à démêler les pistes. Quand il retrouva enfin le ravisseur de son fils, il était fou de joie. Prudent, il entrava rapidement son cheval et le laissa à distance, en progressant parmi les arbres. La monture de son ennemi était elle aussi entravée, et il dormait en pleine forêt, avec le selle en guise d'oreiller. Silencieux malgré le tapis de feuilles, le jeune homme s'approcha. Il repéra un tas sombre et informe près d'un autre arbre. Son rythme cardiaque s'accéléra.
*Néo?*
C'était lui. Son père s'approcha furtivement. Le petit dormait d'un sommeil agité. Il était légèrement fiévreux au premier abord, mais rien de grave. En revanche, son bras droit formait un angle inquiétant. Araïn n'eut pas besoin de l'examiner pour savoir qu'il était cassé. Le petit garçon devait souffrir. De plus, il était attaché par une corde au tronc de l'arbre. Corde qui lui liait également les mains ensemble. Il dormait à même le sol, avec une simple couverture fine jetée sur les épaules. Mais pas de précipitation. D'abord, tuer l'autre.
Le jeune homme alla très près de son ennemi, poignard à la main. Il eut pour lui l'effet de surprise, mais l'autre avait des réflexes. Il se releva vivement, armé lui aussi.
"Ordure, tu vas regretter de t'en être pris à ma famille."
"Je ne sais pas comment tu m'as trouvé... Mais peu importe. Je te fais souffrir comme tu m'as fait souffrir."
"Tu agis lâchement en t'en prenant aux faibles. C'est avec moi seul que tu as à t'expliquer. Que me reproches-tu?"
Néo s'était réveillé à ces éclats de voix. Il se redressa un peu, mais ne pipa mot.
"Tu as tué mon père. Il est juste que je te fasse payer."
"Tu as des réflexes d'assassin... Tu dois donc être du clan qui décimait des familles innocentes pour leur voler leurs biens."
"Tu es bien placé pour dire ça."
"Assez!"
Araïn bondit sur son ennemi. La rage et la soif de vengeance semblaient décupler ses forces. L'autre résista relativement bien, mais il y eut un échange de coups puissants. Tandis qu'Araïn ouvrait la gorge de son ennemi, l'autre lui enfonçait son arme entre les côtes. Un sourire malsain apparut sur les lèvres du mourant.
"Tu m'as eu... Mais tu vas crever aussi."
Il expira et s'écroula. Le jeune homme plaqua sa main sur son côté. Il saignait abondamment. Il prit un morceau de tissu pour arrêter l'hémorragie, puis il alla libérer son fils. Il récupéra une ou deux affaire comme il pouvait, puis il prit la monture de son ennemi, un étalon plutôt placide, et il emmena Néo jusqu'à Phantom. Il se hissa en selle avec peine, mais seul le soulagement d'avoir retrouvé le petit garçon en vie comptait actuellement.