Inquiétude et explications [Soutenu, seule]

Eireen se faisait du souci. Les deux semaines annoncées par Kadaj pour son absence étaient déjà passées depuis quelques jours, et il avait promis de faire vite. Pourtant, il n'était toujours pas là.
La jeune femme avait un peu de mal à gérer la cité toute seule. Pourtant, elle le devait, en l'absence de son époux, puisque son titre l'exigeait. A cela s'ajoutaient encore ses devoirs de mère. Les jumeaux étaient un sujet d'attention constante. Ils avaient la fâcheuse tendance à prendre leurs tétées en même temps, et à se mettre à pleurer quand l'autre commençait. C'était fatiguant, et elle était surtout rongée par l'inquiétude.
Elle ne remarquait que de loin l'attitude de d'Alaïn vis à vis d'elle. Mais depuis le départ du prince, il semblait se rapprocher d'elle. Aussi, elle ne fut pas surprise quand il vint toquer à la porte des appartements royaux. Elle venait juste d'endormir les deux bébés.
"Alaïn..."
Elle eut un petit soupir.
"Ne fais pas trop de bruit, ils viennent de s'endormir."
"Naturellement."
Il vint s'asseoir face à elle, l'air un peu nerveux.
"Qu'est-ce qui t'amène?"
"Je viens te proposer mon aide, pour gérer la cité. Tu as l'air débordée et fatiguée."
"En effet..."
Pourquoi si tard? Il aurait pu lui proposer tout de suite... Il plongea son regard dans le sien, et lui prit la main.
"Eireen..."
L'intéressée sursauta, et elle tendit son empathie. Au moment où elle parvenait à démêler les sentiments du jeune homme, il la déboussola.
"Pardonne-moi..."
Quand elle comprit ce qu'il éprouvait pour elle, il colla ses lèvres aux siennes dans un langoureux baiser qui ne dura que quelques secondes, et auquel elle ne répondit pas vraiment. Puis, elle le repoussa.
"Tu es fou?!"
"Fou d'amour pour toi..."
"Alaïn... Je suis touchée mais... C'est Kadaj que j'aime, et c'est aussi mon époux et le père de mes enfants. Tu es un très bon ami, mais rien d'autre."
Il détourna la tête, déçu et contrarié.
"Je ne sais pas si Kadaj va revenir."
Elle crut que son coeur allait cesser de battre.
"Qu'est-ce que tu veux dire?"
Il leva les yeux sur elle.
"Il paraît qu'il a disparu."
Elle prit le temps d'intégrer le sens de ses paroles, puis se leva d'un bond.
"Surveille les petits. Au pire, appelle une servante."
"Qu'est-ce que tu vas faire?"
"La seule chose qu'il y a à faire."
Elle descendit et fit appeler un messager. Elle lui donna pour consignes d'aller jusqu'en Fal demander au Roi si Kadaj y était encore. Si ce n'était pas le cas, il devait pousser sa course jusqu'en Emeraude pour quérir des Chevaliers, et les conjurer de retrouver le prince. Après quoi, il devait revenir sans tarder à la cité, pour l'informer de ce qu'il en était.
*Tiens bon Kadaj. Où que tu sois, on te retrouvera.*